Comment qualifier une année qui a débuté avec d’importants mouvements sociaux contre la réforme des retraites et qui s’achève avec des rassemblements pour le rétablissement de la célébration publique des messes dans les églises ? Ce qui est certain, c’est que nous ne sommes pas près d’oublier cette année tellement elle aura perturbé notre quotidien, qu’il soit professionnel, familial, de loisir, culturel ou associatif.
Depuis 10 mois, la pandémie de Covid-19 rythme nos vies et éprouve nos sociétés. Le nombre de morts qu’elle a causé en France, rapporté à la population, est désormais supérieur à celui de la grippe dite de Hong-Kong de l’hiver 1969-1970 et plus de trois fois supérieur à celui de la canicule de 2003. Nous savons que 2021 verra éclater les conséquences sanitaires, sociales et psychiques, probablement désastreuses, de cette crise sanitaire qui a révélé les forces et les faiblesses de notre protection sociale. Les dégâts socio-économiques seront bien pires qu’en 2008 et l’augmentation de la pauvreté est déjà une réalité palpable.
Et pour couronner le tout, depuis septembre, le terrorisme islamiste est revenu sur le devant de la scène avec son cortège d’atrocités, et en révélant la continuité qu’il pouvait y avoir entre islamistes militants et terrorisme islamiste.
C’est dans les situations de crise que l’on mesure le mieux la force d’une démocratie et sa capacité à faire face aux épreuves sans renoncer à ses principes.
« La tension qui s’exerce sur le système sanitaire, révélée à l’occasion de l’épidémie de Covid-19, traduit l’insuffisance des moyens au regard des besoins de santé » écrit le Comité consultatif national d’éthique le 16 novembre 2020, on ne saurait dire mieux en moins de mots. Et pourtant, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale en cours d’examen au Parlement ne tire aucune leçon de cette insuffisance de moyens et perpétue des logiques austéritaires mortifères.
Entre le terrorisme et la crise sanitaire, la France passé depuis novembre 2015 plus de la moitié de ces cinq années sous un état d’urgence, c’est-à-dire un régime qui autorise le gouvernement et les préfets à suspendre certaines libertés publiques et individuelles ou à les restreindre dans des proportions exorbitantes par rapport au droit commun. Après deux années d’état d’urgence liées au terrorisme islamiste, nous aurons passé six mois de l’année 2020 sous état d’urgence sanitaire et vu des élections municipales boudées par près de 60 % des électeurs.
2021, année de la reconquête républicaine
Malgré un fonctionnement dégradé, l’Ufal a continué ses activités tout au long de l’année et a pu tenir son Assemblée générale ordinaire nationale fin septembre. Nous avons su adapter nos pratiques, car la soif militante ne s’est pas éteinte. Le meilleur témoin du dynamisme persistant de notre mouvement est la création de plusieurs nouvelles Ufal locales.
Après cette année méphitique, nous savons désormais que l’année prochaine sera une année pendant laquelle la pertinence de la liaison du combat laïque et du combat social n’aura jamais été aussi évidente.
Notre Conseil d’administration vient de lancer plusieurs grands chantiers pour être l’avant-garde de la nécessaire reconquête républicaine. La mobilisation de toutes et tous sera bienvenue pour réussir et je suis convaincu que chacune et chacun d’entre nous saura trouver dans le bilan de 2020 la motivation de s’engager pleinement en 2021.
« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons », a dit Victor Hugo.