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Éléments d’éthique soignante
Les différentes éthiques —La question de la distance
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » Albert Camus.
Le soin une activité morale ?
Jürgen Habermas caractérise la morale « comme une intuition qui nous informe sur la question de savoir comment nous devons nous comporter au mieux afin de contrecarrer l’extrême vulnérabilitédes personnes, en la protégeant et en l’épargnant. »
C’est au moment du “je ne sais pas quelle est la bonne règle” que la question éthique se pose. (…) Ce moment où je ne sais pas quoi faire, où je n’ai pas de normes disponibles, où je ne dois pas avoir de normes disponibles, mais où il faut agir, assumer mes responsabilités, prendre parti
Jacques Derrida. Ethique = Morale
« Comme elle touche aux mœurs (mores) que l’on nomme en grecéthos, nous appelons habituel- lement cette partie de la philosophie “des mœurs ” (éthikè), mais il convient d’accroître notre langue en la nommant “morale” (moralem). »
Ethos qui commence par epsilon=
Habitude, coutume (de la cité) —– Ethos qui commence par éta = « séjour », « lieu habituel », vertu
Aristote (384- 322 av. J.-C)
• L’éthique est la science du bonheur
• C’est l’art des possibles, un art basé sur l’expérience de la vie et l’habitude de la réflexion morale (contrairement à la philosophie platonicienne des Idées)
• Il défend une morale par provision et nous invite à changer nos désirs plutôt que l’ordre du monde et « de rester dans ses actions une fois celles-ci décidées
• «Pour les mœurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu’on sait être fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables.»
• Selon lui, seule l’éthique comme sagesse, est à prendre en compte puisque la morale qui oppose le bien au mal reste le lot des ignorants.
• Je ne désire pas une chose parce qu’elle bonne, elle est bonne parce que je la désire
• Comme il existe une science fondamentale (mathématique) et une science appliquée (techno-science), il existe deux formes de approches.
– La morale basée sur des impératifs catégoriques
– L’éthique appliquée basée sur des impératifs hypothétiques
La Moralität la morale de l’intention qui n’agit pas (la morale des belles âmesselon lui)
La Sttlichkeit la morale qui représente l’éthique aristotélicienne de l’action, de la responsabilité politique et du monde réel (la seule authentique pour Hegel)
« C’est par convention que je réserverai le terme d’éthique pour la visée d’une vie accomplie et celui de morale pour l’articulation de cette visée dans des normes. »
Distinction Morale / Ethique selon
Distinction Morale / Ethique selon
en position « pré » morale
en position ; « post» morale
Double fonction de la morale:
Quatre approches éthiques possibles
• Déontologique • Procédurale • Conséquentialiste • Arétaïque (de la vertu )
Conviction contre responsabilité
Max Weber distingue 2 approches
• l’éthique de CONVICTION
– perspective déontologique proche de la morale de Ricœur d’héritage kantien
• l’éthique de RESPONSABILITE
– une visée téléologique que l’on peut qualifier de conséquentialisme
Deux grandes approches moralesDeux grandes approches morales
« La déontologie est une éthique de la conviction qui accorde une valeur morale aux moyens.
Le conséquentialisme est une éthique de la
responsabilité qui ne s’intéresse qu’aux fins
et n’est pas regardant sur les moyens. » Ruwen Ogien
Il s’agit ici de se poser la question des fins et des moyens
« Les frontières du bien sont incertaines, alors que les commandements fondamentaux sont clairs. » P. Ricœur
• Les éthiques déontologiques peuvent être:
– hétéro-nomiques(lareligion/commandements)
– auto-nomiques (philosophie des lumières / l’universalisme de la raison)
Les éthiques procédurales
• Répondent à la question suivante:
Comment, lorsque les acteurs ne partagent pas totalement la même vision du bien, arriver à pouvoir prendre des décisions moralement justes ?
• la procédure devient par elle-même source de valeurs. (exemple : l’éthique de la discussion)
Approche conséquentialiste
Ethique de la responsabilité
• Pour juger de la qualité d’une action, le critère moral est de nature exclusivement pratique
• il s’agit d’évaluer la somme des plaisirs (des bénéfices) ou des peines (des risques) que cette action provoque.
• On aboutit à une morale de l’efficacité.
Approche conséquentialiste
« le plus grand bonheur pour le plus grand nombre »Jeremy Bentham
L’utilitariste est un calculateur : il détermine sa position morale après avoir évalué des états de choses et choisit le meilleur (exemple en médecine la balance avantages/ risques).
L’éthique n’est plus affaire d’intention mais seulement de résultat.
• La valeur morale n’est liée ni à l’intention, ni au respect de la procédure, ni aux conséquences de l’action
• Elle est conditionnée par la valeur inhérente de l’individu qui agit
• Aristote défini l’homme sage et vertueux celui qui agit avec prudence (phronésis) et au bon moment (lekairos)
• La phronésis correspond non pas à la prudence d’aujourd’hui, laquelle refuse le risque, mais à une forme aboutie d’agirréfléchi
• Aristote considérait la phronésis comme une science de la sagesse pratique se caractérisant par un « summum d’excellence »
Ethique Déontologique
A l’intention de l’individu et/ou aux respects des normes
Au respect des règles de procédures (éthique de la discussion)
Ethique Conséquentialiste
Aux conséquences de l’action (la somme des plaisirs ou des
(utilitarisme) Ethique de la vertu bénéfices)
Un acte est jugé moral par rapport ….
A la valeur inhérente de l’individu qui agit.
Il s’agit de faire preuve de
La question de la « bonne » distance
Le « prendre soin » s’oppose à « êtreLe « prendre soin » s’oppose à « être
La nég-ligence (littéralement: ne pas lier) peut s’exprimer par deux attitudes symétriques :
– l’indifférence – l’indiscrétion.
Bien qu’opposé ces deux attitudes ont néanmoins un point en commun : elles ne reconnaissent pas l’individu.
Le soin : une éthique au cœur de la vie
Le soin concerne « toute pratique tendant à soulager un être vivant de ses besoins matériels ou de ses souffrances vitales, et cela, par égard pour cet être même. »
Worms F., « Les deux conceptions du soin » Esprit,p. 143.
• les Grecs avaient trois mots pour désigner l’amour: eros, philia et agapè
• l’agapè symbolisait le dévouement pour un autrui indéterminé cependant elle restait limitée au citoyen.
• Elle ne pouvait en aucune manière concerner l’esclave et encore moins le barbare
La charité
• Le christianisme va historiquement reprendre à son compte cette notion d’agapè, mais en l’universalisant, il va la transformer profondément
• L’autre, même inconnu, est considéré comme un frère puisque pour les chrétiens tous les hommes sont créatures de Dieu et fait à son image.
• « Tous les corps ensemble, et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité. Cela est d’un ordre infiniment plus élevé. » Pascal
• la Règle d’or de la charité peut s’exprimer ainsi : «Fais à autrui comme tu veux qu’on te fasse »
La sensibilité au cœur de l’expérience éthique
« il est certain que ce sont nos sentiments, et non la raison, qui distinguent le bien et le mal en morale.»
La compassion / la sympathie
La compassion (cum-passio) est l’équivalent latin du grec sympathie (sun-pathos) que l’on peut traduire par : sentir / être affecté / souffrir avec.
« Compatir, c’est souffrir de la souffrance d’autrui, en tant que d’autrui. Dans aucun cas, il n’est question d’une fusion affective ou d’une identification quelconque avec autrui, d’une fusion affective ou d’une identification de ma souffrance avec la sienne »
Limites du sentiment moral
« L’infirmier ou l’infirmière doit dispenser ses soins à toute personne avec la même conscience quels que soient les sentiments qu’il peut éprouver à son égard et quels que soient l’origine de cette personne, son sexe, son âge, son appartenance ou non-appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminée, ses mœurs, sa situation de famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation. »
R. 4312-25 du code de santé publique
Afin d’éviter l’écueil de la sensibilité ou du paternalisme, l’engagement soignant doit être préservé de l’arbitraire des générosités personnelles
La morale du devoir
L’universalité des normes
Puisque les émotions sont par définition instables, seul le devoir donne à nos comportements moraux une assise ferme.
L’idée de moralité ne saurait se fonder sur des sentiments semblables à ceux que nous pouvons éprouver vis à vis d’un sujet particulier.
L’humanité est […] toujours digne de respect, et même lorsque l’homme est un mauvais homme, l’humanité en sa personne demeure digne de ce respect
La morale du devoir
Le mot de respect vient du latinrespectus qui renvoie à l’action de se tourner pour regarder derrière soi.
Le respect est le seul sentiment produit spontanément par la raison.
Le respect / E. KANT
• C’est l’humanité de l’autre (sa dignité) qui éveille ce sentiment de respect
• Le respect n’est donc pas causé par la sensibilité (affects, pulsions), mais est produit par la raison.
• « L’humanité est […] toujours digne de respect, et même lorsque l’homme est un mauvais homme, l’humanité en sa personne demeure
• « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle »
LE RESPECT POUR LA PERSONNE
• « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen »
Limites de la morale du devoir
– une vision étroite de la responsabilité se limitant au simple respect des normes en vigueur
– si tous les hommes sont mes prochains ne sont-ils pas, paradoxalement, tous également lointains
L’éthique soignante en cherchant à exclure toute affectivité ne deviendrait-elle pas simplement procédurale.
Limites de la morale du devoir
Alors qu’on a coutume de rappeler au professionnel qu’ils doivent afficher une distance dite thérapeutique et prétendue féconde, il est bon de célébrer les milles bienfaits de l’affection
Approches
Quelle éthique soignante ?
– Le sentiment moral – s’appuie sur la sensibilité- Le devoir professionnel – s’appuie sur la raison
L’engagement soignant
Une sollicitude agissante
Une obligation vis-à-vis d’autrui
Levinas fonde l’éthique sur la rencontre duvisage d’autrui.
Ce visage est un appel, il m’oblige.
« Le moi a toujours une responsabilité de plus que tous les autres »
La responsabilité pourautrui
La Responsabilité selon Levinas
• « Le “ tu ne tueras point ” est la première parole du visage. Or c’est un ordre. Il y a dans l’apparition du visage un commandement […]. Pourtant, en même temps, le visage d’autrui est dénué ; c’est le pauvre pour lequel je peux tout et à qui je dois tout, et moi […], je suis celui qui se trouve des ressources pour répondre à l’appel. »
• Il existerait une obligation de responsabilité pour autrui
La sollicitude Chez Ricœur.
• « J’approuve que vous existez. […] Je vous approuve non pas dans votre différence, non pas dans votre commune humanité mais dans votre différence et dans votre commune humanité. »
• « Lorsque le respect n’est pas adossé à la sollicitude, il risque de manquer l’altérité des personnes, de ne plus viser l’autre mais le même. »
• « Comment faire percevoir pour celui qui souffre, qu’il est quelqu’un pour celui qui soigne ?»
« Ceux qui se dévouèrent aux formations sanitaires n’eurent pas si grand mérite à le faire, car ils savaient que c’était la seule chose à faire et c’est ne pas s’y décider qui alors eût été incroyable »