Un char israélien, le 16 mai 2021. — JACK GUEZ / AFP
L’escalade continue. L’armée israélienne a bombardé ce dimanche la maison du chef du Hamas pour la bande de Gaza , franchissant un nouveau palier dans ses attaques contre le mouvement islamiste palestinien, quelques heures avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.
On ignore dans l’immédiat le sort de ce haut dirigeant – Yahya Sinouar – du mouvement contrôlant l’enclave palestinienne, un territoire pauvre de deux millions d’habitants sous blocus israélien depuis plus de dix ans. La frappe est intervenue au lendemain de bombardements à Gaza ayant fauché la vie d’enfants et pulvérisé les locaux de médias internationaux , et de tirs de salves de roquettes vers Israël.
Plus de 170 personnes tuées depuis lundi
Depuis le début lundi de ce nouveau conflit entre l’Etat hébreu et les groupes palestiniens armés de Gaza, 174 personnes, en grande majorité des Palestiniens, ont été tuées. Les forces israéliennes ont « attaqué le domicile de Yahya Sinouar et de son frère, un militant terroriste », a écrit l’armée sur Twitter, en publiant une vidéo montrant une maison pulvérisée dans un nuage de poussière. Des sources de sécurité palestiniennes ont confirmé une frappe sur le domicile de Yahya Sinouar, réélu en mars à la tête du bureau politique du Hamas à Gaza.
Samedi, dix Palestiniens, parmi lesquels huit enfants d’une même famille, ont péri dans une frappe israélienne sur un camp de réfugiés dans l’enclave palestinienne. Un Israélien de 50 ans, au volant de sa voiture, a ensuite été tué dans la banlieue de Tel-Aviv dans l’explosion de roquettes tirées par le Hamas pour « venger », selon ce mouvement, la frappe « contre des femmes et des enfants » dans le territoire. Dimanche, dix-sept Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, a rapporté le ministère local de la Santé. D’après ce dernier bilan, 47 enfants figurent parmi les morts. De même source, 1.200 Palestiniens ont été blessés depuis le déclenchement de ce nouveau cycle de violences.
Alors que les protagonistes sont restés sourds jusque-là aux appels internationaux à la cessation des hostilités, les tractations diplomatiques s’intensifient avec une réunion virtuelle du Conseil de sécurité prévue à 14 heures GMT. Le patron de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « consterné » par le « nombre croissant de victimes civiles » et « profondément perturbé » par l’attaque israélienne contre le bâtiment abritant des médias. De son côté, un émissaire américain, Hady Amr, doit rencontrer dans la journée des dirigeants israéliens à Jérusalem et des responsables palestiniens en Cisjordanie occupée.
Joe Biden soutient le droit d’Israël « à se défendre »
Plus tard, un immeuble de 13 étages qui abritait notamment les équipes de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et l’agence de presse américaine Associated Press (AP) a été pulvérisé par des frappes de l’armée israélienne qui avait demandé préalablement l’évacuation du bâtiment. Selon l’armée, l’immeuble abritait « des entités appartenant au renseignement militaire » du Hamas accusé de se servir de civils comme « boucliers humains ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou , qui s’est entretenu avec le président américain après ces frappes, a affirmé avoir le soutien « sans équivoque » de Joe Biden. Joe Biden , qui a également parlé au téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas, a dit soutenir le droit d’Israël « à se défendre » tout en faisant part de sa préoccupation au sujet de « la sécurité des journalistes ».
Tard en soirée samedi, un autre immeuble d’une dizaine d’étages, la tour al-Andalous, a été gravement endommagé par des frappes. Et le Hamas a ensuite lancé un nouveau barrage de roquettes vers des villes israéliennes, dont Tel-Aviv.
Une réunion d’urgence de l’UE
Face à l’escalade des combats, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne tiendront mardi une visioconférence d’urgence, a annoncé dimanche le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. “Compte tenu de l’escalade en cours entre Israël et la Palestine et du nombre inacceptable de victimes civiles, je convoque une visioconférence extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE mardi”, écrit Josep Borrell sur Twitter.
“Nous coordonnerons et discuterons de la manière dont l’UE peut contribuer au mieux à mettre fin à la violence actuelle”, ajoute-t-il. L’Union européenne indique que Josep Borrell a mené des efforts diplomatiques “intenses” pour tenter de contribuer à la désescalade de la violence – en s’entretenant avec les dirigeants israéliens et palestiniens, ainsi qu’avec les principaux diplomates des pays voisins.
MONDE
Tensions à Jérusalem : « Toute la question est de savoir si nous sommes à la veille de la troisième intifada »
POLITIQUE
Conflit israélo-palestinien : La classe politique divisée sur l’interdiction de la manifestation pro-palestinienne