Mila : “le moment n’est plus à la sidération mais au ressaisissement”
Dans la même publication, likée par 17 0000 personnes dont l’actrice Rachida Brakni, la chanteuse Julie Zenatti ou le journaliste militant Taha Bouhafs, Lauren Bastide, créatrice du podcast « La Poudre » et ex-porte-parole du collectif « Prenons la Une » qui promeut des femmes journalistes, enfonce le clou : « Et vous, vous la soutenez car vous partagez cette vision. » En clair, soutenir une adolescente insultée, harcelée et menacée de mort pour sa critique d’une religion reviendrait tout simplement à donner dans le racisme.
Selon Lauren Bastide, les défenseurs de Mila « nourrissent une haine paranoïaque et fétide » dirigée contre les musulmans. Rappelons pourtant que les propos tenus par la jeune fille sur l’islam, unereligion « de merde » selon la jeune fille, n’ont rien de racistes. Ils relèvent du blasphème, une critique des religions tout à fait légale en France puisque protégée par la liberté d’expression.
COMBATS SÉLECTIFS
Pour appuyer son propos, Lauren Bastide s’indigne de la couverture médiatique dont bénéficie la jeune fille. Elle égrène une liste de femmes harcelées qu’il vaudrait mieux soutenir : Alice Coffin, élue à la mairie de Paris et militante pour les droits LGBT, Nadia Daam, journaliste victime d’une campagne de harcèlement et de menaces de mort, ou encore Rokhaya Diallo, militante antiraciste régulièrement victime d’insultes sexistes et racistes sur les réseaux sociaux. Lauren Bastide veut donc étriller les indignations sélectives qui déguiseraient le racisme crasse d’une partie de l’opinion publique mais assume, dans le même temps, de sélectionner elle-même ses causes en fonction des communautés qui pourraient s’indigner… Acrobatique.
On peut s’interroger, par ailleurs, sur l’équivalence opérée par Lauren Bastide entre ces personnalités publiques qu’elle cite, adultes et militantes, et une adolescente anonyme encore mineure. Car Mila ne menait, au moment où son harcèlement a commencé, aucun combat politique. Elle s’exprimait à titre privé sur un réseau social. Elle doit aujourd’hui vivre sous protection policière et reçoit encore des menaces de mort.
Mardi, le parquet a requis jusqu’à six mois de prison avec sursis contre douze jeunes jugés à Paris pour avoir participé à ce cyberharcèlement. « Nous sommes en train de poser les règles de l’acceptable et de l’inacceptable » en matière de haine en ligne, avait lancé lundi 21 juin le président du tribunal, Michaël Humbert. Lauren Bastide est, à ce titre, parfaitement claire sur ce qui lui est inacceptable : la critique de l’islam, et tant pis si une adolescente reçoit des centaines de milliers de menaces de mort.