Début 2020, sur Instagram, Mila avait riposté rageusement à un homme qui l’insultait «au nom d’Allah»: «l’islam, c’est de la merde (…) Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir». Depuis, elle est menacée de mort, cyberharcelée, déscolarisée et vit sous protection policière.
Mercredi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné onze de ses cyberharceleurs à quatre à six mois de prison avec sursis, au terme d’un procès très médiatique. «Allez viens, Mila»: pendant deux heures, M. Hafiz l’a conduite dans cette visite privée et sous haute sécurité du minaret, de la mosquée et de ses jardins. Interrogée sur son opinion de l’islam depuis ses propos polémiques, Mila hésite. «Je serais mitigée sur la question. Ça dépend. Entre les choses qui sont mal interprétées, entre ce qui est vraiment ma pensée…»
«Une marque de paix»
Chems-Eddine Hafiz souligne, lui, que l’«islam est une religion que, bien évidemment, il y a lieu de respecter». Mais pour lui, Mila, qu’il a tutoyée et envers laquelle il a multiplié égards et gestes d’affection, «a eu des mots durs dans un contexte particulier», celui d’un harcèlement en ligne. «Je ne crois pas que ce qu’elle a dit… peut-être que ça a trahi sa vraie pensée, mais moi je suis persuadé qu’il faut sortir des clichés». Pour lui, «il y a eu à un moment un incident malheureux mais le fait qu’elle vienne ici est source d’espoir». «La mosquée de Paris est un lieu ouvert à tout le monde. On veut lui montrer réellement ce qu’est l’islam», souligne le recteur.
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Mila a insisté sur son «plaisir» pendant cette «visite amicale» sous les auspices du recteur, vieil ami et confrère de barreau de son avocat, Me Richard Malka. C’est une «marque de paix très importante pour moi», a-t-elle souligné, en recevant du recteur un Coran à la couverture rose. Dans des tweets, la maire de Paris Anne Hidalgo, la présidente déléguée de LREM Aurore Bergé et la Licra ont dit «merci» jeudi soir à Mila et Chems-Eddine Hafiz. «Un magnifique dialogue», a estimé la première. «Voilà ce qu’est notre pays», selon la seconde. «Le pari de l’intelligence, de la rencontre, du dialogue et de la liberté», a jugé l’association.