C’était immanquable. Auditionné lundi par la commission des lois de l’Assemblée nationale qui prépare la loi «sur le respect des principes de la République» et auparavant dénommée «sur le séparatisme musulman», Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, a été questionné sur le statut de la critique dans l’islam. «L’islam accepte volontiers que des critiques lui soient portées, a-t-il répondu, y compris dans ses fondements, ses croyances, son credo. Cela n’est pas incompatible avec la liberté d’expression. Elle est fondamentale, elle est un outil et une valeur importante pour les musulmans également.»
Le responsable musulman a alors précisé: «Je pense que nos concitoyens qui veulent critiquer notre religion, ses fondements, ou qui veulent s’étonner sur certaines pratiques ont le droit de le faire en toute liberté. Et les musulmans ne doivent pas s’offusquer de cela. Ils doivent par contre répondre avec dignité, dans un débat intellectuel contradictoire, ils doivent répondre sereinement.»
Il a également insisté sur le fait que «tous les enfants de la République bénéficient d’une éducation et d’une scolarisation auxquelles ils ont droit» car il faut «lutter contre des formes d’endoctrinement dont sont victimes des enfants de la République».
Ce professeur de mathématiques à l’université a d’ailleurs salué au passage l’action du «personnel de l’Éducation nationale» pour «préserver nos enfants contre la propagande des prêcheurs de la haine».
Le combat contre l’extrémisme se réclamant de l’islam est aussi notre combat
Mohammed Moussaoui
Celui qui a dit représenter «un million de musulmans qui vont à la mosquée chaque vendredi» a globalement considéré que le projet de loi était «utile et nécessaire», même si l’un de ses axes majeurs – transformer les associations loi 1901, actuel support administratif de la plupart des mosquées, en association loi 1905, cultuel – ne lui paraissait pas «réalisable».
Il ne faudrait pas non plus que cette nouvelle action législative donne «l’occasion à certains d’entretenir la confusion et l’amalgame entre islam et extrémisme». Sur ce point il n’est «pas judicieux» pour lui de «désigner l’idéologie» qui conduit aux excès dans l’islam par le mot «islamisme». Il faudrait plutôt employer «les adjectifs “radical” ou “extrémiste”». Car, a-t-il assuré, «le combat contre l’extrémisme se réclamant de l’islam est aussi notre combat. Nous sommes résolument déterminés à le mener avec toutes nos forces. Nos cadres religieux, notamment les imams et les aumôniers, sont en première ligne depuis bien longtemps. De nombreux jeunes ont pu être sauvés des griffes de cet extrémisme grâce aux efforts des imams de France».
Outre sa critique majeure de la transformation des associations loi 1901 en associations loi 1905, Mohammed Moussaoui a aussi demandé quelques «ajustements». Précisant par exemple que «les mariages forcés, l’excision, les certificats de virginité, pratiques prétendument musulmanes et qui portent atteinte à la dignité de la femme, sont prohibées par l’islam car en totale contradiction avec ses principes et ses valeurs».