C’est aussi par l’éducation que passe cette réconciliation des mémoires. « De Louise Michel à Jean Jaurès ; d’André Breton à François Mauriac ; d’Edgar Morin à Emilie Busquant, la femme de Messali Hadj ; ou de Pierre Vidal-Naquet à Gisèle Halimi, les noms et les trajectoires de ceux qui ont refusé le système colonial doivent être porté à la connaissance des jeunes générations, pour que l’on sorte des mémoires séparées, communautarisées », lit-on. En ce sens, les pouvoirs publics sont appelés à accorder plus de place à l’histoire de la France en Algérie dans les programmes scolaires et à généraliser cet enseignement à l’ensemble des élèves, y compris dans les lycées professionnels.
Il faudrait « former en grand nombre des professeurs d’histoire, précisément sur l’histoire de la colonisation, et multiplier le nombre de postes d’enseignant à l’université française. Il n’est pas normal qu’une poignée seulement d’universitaires enseignent l’histoire du Maghreb contemporain, alors qu’une grande partie des enfants de l’immigration, sont originaires, précisément, du Maghreb. En attendant un récit commun, franco-algérien, acceptable par tous ».
La réédition et la traduction d’ouvrages font aussi partie de ce travail de réhabilitation mémorielle qui devrait être mené afin d’encourager la circulation des connaissances. L’historien se déclare favorable à la création d’une collection franco-algérienne dans une grande maison d’édition et à la publication d’un « Guide des disparus » de la guerre d’Algérie, disparus algériens et européens car « sortir de l’effacement, de la disparition permet de s’approcher de la réalité, de la réconciliation possible ».