L’histoire est née au début de l’année avec ce qu’il faut d’indignation et d’émotion pour faire pleurer dans les chaumières. Laye Traoré pouvait compter sur le soutien médiatique des chaisières de la République. Parvenu à l’âge de la majorité, ce jeune clandestin guinéen était sous le coup d’une expulsion du territoire alors qu’il était en apprentissage chez un boulanger du Doubs. Résolu à le garder, son employeur observa une grève de la faim. Le bon samaritain obtint satisfaction et Laye Traoré est ainsi devenu le visage de la galère vécue par les mineurs étrangers échoués sur notre sol. Ce conte de fées n’est pourtant pas le reflet de la réalité, qui est, elle, beaucoup plus violente. Plus proche d’Orange mécanique que d’Oliver Twist. Deux parlementaires viennent d’y consacrer un rapport au contenu inquiétant et nombre d’élus locaux tirent la sonnette d’alarme.
Combien sont-ils, ces mineurs dits «isolés»? Quelque 40 000, leur nombre ayant été multiplié par 40 en dix ans. Beaucoup arrivent d’Afrique subsaharienne, mais les cas les plus problématiques viennent d’Algérie et du Maroc, où des filières mafieuses se sont constituées. Récemment, l’un d’eux, 14 ans, a été appréhendé: il répondait à trente-six identités différentes! La plupart mentent aussi sur leur âge, car ils sont, en fait, majeurs. Difficile néanmoins de le prouver, parce qu’ils refusent de se soumettre à une prise d’empreinte ou à une analyse osseuse.
Des centres d’hébergement existent, financés par les départements, qui sont de plus en plus débordés, mais ils les fuient pour vivre de leurs forfaits. Dans la seule Île-de-France, ils font exploser les statistiques de la délinquance: cambriolages, agressions physiques, vols dans les transports en commun, braquages de pharmacies, trafics de stupéfiants… Les forces de l’ordre les connaissent, mais leur «minorité» les protègent: ils sont inexpulsables.
Combien de temps la France va-t-elle jouer les bonnes mères? Quelques belles âmes pétitionnent à l’envi pour qu’elle soit encore plus accueillante. Ont-elles conscience qu’elles se font ainsi les complices de la criminalité organisée?