Certains jeunes français, d’origine maghrébine, en situation d’échec scolaire et social, manifestent leur refus d’être considérés comme français. L’influence des imams auto proclamés et clandestins est croissante. Ils donnent leur bénédiction à la violence avec l’argumentaire : « Vous êtes dans un pays qui ne respecte pas la charia et l’islam. » De tels discours, légitiment les exactions de toutes sortes et donnent une espèce de justification théologique à la violence. Conscients de faire face à l’émergence d’un « nouveau totalitarisme, nous pointons du doigt ce péril. Nous accusons l’Arabie Saoudite de financer ces mouvements de régression et d’imposer, à leur propre peuple, un islam moyenâgeux avec les normes les plus féroces de la planète. Une partie de la communauté d’origine maghrébine de notre pays s’est laissée séduire par des sirènes islamistes venues du Proche Orient arabe et du Pakistan.
Comment mettre en perspective l’intolérance et l’insensibilité absolues des djihadistes ? Dans l’esprit de l’E.I., le « califat » s’est imposé à tous les sunnites lors de la proclamation à Mossoul en juin 2014. Y prêter allégeance et se conformer à la loi islamique (charia) ne représentent pas un choix mais une obligation religieuse. La neutralité n’est pas reconnue et l’E.I. promet de tout faire pour rendre la vie infernale à ceux qui ont refusé de se soumettre. Prédicateurs, savants musulmans, imams, aumôniers sont régulièrement pris à partie et sont menacés. Le musulman lambda, considérant l’institutionnalisation du soupçon porté sur lui et l’ensemble de ses compatriotes, se trouve ainsi obligé de faire face à un choix dramatique : s’apostasier, abandonner sa religion et être traité de manière suspicieuse, méfiante et hostile en Occident ou bien rejoindre l’E.I. pour se réaliser pleinement dans son engagement. Le musulman, ici, est supposé être dans la duplicité car il est courtisé, d’abord, à partir des lieux de culte. Le programme de l’E.I. est destiné à le séduire et à lui proposer une utopie révolutionnaire.
Exposé à cette idée, il pourrait, dans une imposture, adopter un comportement jésuite, très différent selon ses interlocuteurs. Il se sent obligé de choisir un camp. Voici pourquoi, par exemple, tant de jeunes occidentaux ont rejoint les rangs du groupe terroriste pour une renaissance personnelle, à travers le djihad, haut en spectacles immondes, inhumains, méprisables, qu’il ne pouvait pas acquérir dans la froideur de son quotidien.
Aux autres musulmans, qui ont souhaité rester dans la zone de la dépossession et du compromis, l’E.I. annonce l’enfer. Nous avons en mémoire les scènes d’égorgement de « renégats » insoumis. Force est de reconnaître que les djihadistes ont tenu leur funeste engagement, au-delà de l’Irak et de la Syrie, les attentats et assassinats se sont multipliés partout dans le monde. L’état islamique s’est imposé dans l’imaginaire collectif comme le principal ennemi en France et en Occident.
En dépit d’une profusion impressionnante de commentaires, d’analyses et d’études, peu de travaux universitaires efficaces ont abordé la problématique du discours de l’organisation djihadiste, de la radicalisation violente et de la déradicalisation.
Dans la formation souhaitée, celle envisagée, celle-ci doit acquérir une place importante dans le débat stratégique actuel, et faire émerger un vrai contre discours. Car, c’est en effet, par son prêche que l’E.I. a marqué les cœurs et l’esprit de nos jeunes, sermons nécessairement relayés dans nos quartiers et nos cités. C’est par ses déclamations et ses retransmetteurs, ceux des lieux de culte, aujourd’hui fermés par la justice française, la centaine de milliers de fichiers ‘S’ que l’E.I. a recruté auprès d’un public, notamment plusieurs centaines de jeunes français. Par ses relais, l’E.I. conserve une immense capacité d’attraction et de conviction susceptible de justifier les pires abominations, horreurs et atrocités. Ses discours ont fait leur chemin même parmi leurs adversaires déclarés, dont certains devenus auxiliaires, même inconscients de la volonté de nuire. Nous observons, malheureusement, que les attaques islamophobes en France et en Europe renforcent les discours djihadistes.
A la prise en compte de la situation actuelle, l’espérance d’une mondialisation heureuse n’est plus crédible. Dans de nombreux pays, l’influence du religieux, sur les programmes scolaires augmentent, réduisant la place de la raison et de la science. Le régime démocratique n’est pas majoritaire dans le monde. On assiste à la recrudescence des crispations identitaires, véhiculées par des mouvements nationalistes.
Un rapport de la MEVILUDES, en 2013, faisait état d’une progression de l’enrôlement sectaire due à l’immixtion de plus en plus sensible des sectes dans le monde de l’entreprise. Selon ce même rapport, les personnes vulnérables seraient nombreuses victimes de l’enrôlement sectaire. Le rattachement à des instances fondamentalistes est, aussi, en plein développement. On arrive à bien cultiver la haine dans la société. Les comportements se déclinent ainsi : « Puisque je suis déçu de la société,… le hasard c’est de croiser les personnes qui vont vous aider. Pour exister, être apprécié, on s’affranchit dans une escalade de violence, on se déconnecte de la sensibilité. On n’a pas le droit d’avoir peur. On perd les émotions dans les actes, il n’y a pas de règles. Il faut détruire le plus possible. Je suis en danger si je suis faible. On ne fait pas les choses à moitié ».
Regroupement des hôpitaux en Savoie
La détermination des objectifs du GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) a permis un regroupement des hôpitaux : Le nouvel établissement de Chambéry, le Centre Hospitalier Métropole Savoie (CHMS) qui avait déjà fusionné avec Aix-les-Bains, devient l’établissement pivot de huit hôpitaux publics au sein du Groupement SAVOIE-BELLEY.
Composé de huit établissements, le GHT Métropole Savoie souhaite mieux coordonner l’ensemble des activités des établissements et également disposer d’une assistance visant à accompagner la réflexion sur le projet de structuration de la fonction achat à l’échelle territoriale et aussi d’attirer du personnel, notamment du personnel médical. Le GHT pilotera l’offre de soins pour une population de 470 000 habitants. La question de la formation des aumôniers musulmans qui se posait dans trois établissements (CHMS Chambéry et Aix les Bains et CHS Bassens), du fait de ce nouveau regroupement de huit établissements, modifie le projet. Il s’agit de la formation de l’ensemble des aumôniers et imams des établissements de soins de la Savoie. Seront inclus les aumôniers et imams des lieux de cultes du département de la Savoie.
Afin de contrecarrer l’extrémisme religieux, comment améliorer la formation des imams et obtenir une reconnaissance d’intérêt général ? Voici bientôt 20 ans que la formation des imams de France intéresse la République. « L’État se devait de bien former les aumôniers qu’il rémunère », raconte Didier LESCHI, ancien chef du Bureau central des cultes au Ministère de l’Intérieur de 2004 à 2008. C’est pour eux que la formation a d’abord été pensée, puis pour tous les imams et les aumôniers. « Certes ils guident la prière, mais ils sont aussi des conseillers dans la vie sociale. Comme les ministres des autres cultes, on leur demande d’être rassurants, de pouvoir parler à leurs fidèles et à l’ensemble de la société. »
Comme les autres cultes, chrétiens et juifs, et sur le principe de l’égalité, le culte musulman est doté d’aumôneries formées, dans la région parisienne, la région Rhône-Alpes, etc. Elles permettent, à des français de confession musulmane, de vivre dignement leur religion et d’acquérir des compétences administratives, psychologiques et théologiques, s’inscrivant dans une réflexion interreligieuse.
La mise en place de cette formation répond à des besoins et doit s’étendre aux hôpitaux savoyards. Nous ferons profiter de cette formation à tous les lieux de culte de la région savoyarde. L’expérience vécue, nous intime d’encourager fortement une formation pluridisciplinaire. La laïcité devient là un organe de gestion du rapport à l’autre avec le concept évident à la base : la démocratie, l’égalité des rapports entre toutes les religions.
Les aumôniers doivent donc être formés à la confrontation dans le respect des différences. Ils doivent pouvoir travailler en collaboration avec les équipes pédagogiques non musulmanes et l’ensemble du personnel des établissements. Cette thématique constituera l’essentiel du contenu que l’aumônier musulman doit connaître. Il s’agit du rapport avec la législation française et les règles de la foi musulmane, qui s’adaptent nécessairement aux besoins des hôpitaux. Cette formation devient indispensable, quand souvent des responsables curieusement autoproclamés, ne sont pas tous au fait des diverses jurisprudences islamiques, notamment sur les prélèvements et les dons d’organes.
La Mission d’Information du Sénat, publiée le 06.07.2016, s’interroge sur la place des imams étrangers dans un islam de France qui manque de moyens matériels. Par ailleurs, elles ne s’adressent pas uniquement aux imams, mais aux ministres des cultes de toutes les religions, ainsi qu’aux cadres associatifs.
Aujourd’hui, rappelle la mission d’information du Sénat, 301 imams sur les 2500 lieux de culte sont financés par des États étrangers en vertu de conventions signées par trois pays : l’Algérie, le Maroc et la Turquie. « Nous avons des imams turcs – que le gouvernement turc appelle des “travailleurs sociaux” (sic) – qui n’ont jamais rencontré un arménien et qui sont donc peu sensibilisés au génocide arménien tout comme des imams marocains ou algériens, qui n’ont jamais entendu parler de la Shoah. Sans compter l’ignorance de nos lois anti discrimination ou encore de notre système pénal qui prohibe la peine de mort », insiste Nathalie Goulet, avocate, sénateur de l’Orne (Normandie).
En Afrique du Nord, les imams sont désignés par les ministères des Affaires religieuses. Lorsqu’ils arrivent en France, ils ont du mal à accepter qu’ils ne prêchent pas dans un pays à majorité musulmane, ajoute-il. Alors que les jeunes Français sont nombreux à fréquenter les mosquées, les imams doivent avoir cette double formation, théologique et civique. Mais beaucoup ne connaissent pas l’existence de ces diplômes.
Conclusion : La priorité, c’est la formation des imams, des aumôniers !
Comment des jeunes, nés en France, se sont-ils transformés en kamikazes ? Cela doit nous interroger. Peut-être qu’ils ne trouvent pas suffisamment, dans les lieux de culte, des imams parlant français, leur rappelant l’histoire exceptionnelle de cette France laïque, qui protège le libre culte de sa religion, une France bien placée dans l’échiquier mondial qui fait vivre sa famille et éduque ses enfants, une France qu’il faut aimer puisque qu’elle a été choisie, puisque personne n’a obligé ce musulman lambda à vivre chez elle. Nous manquons d’imams formés pour expliquer cela. Beaucoup de mosquées ne trouvent pas d’imams qui parlent arabe et français . Nous prenons acte d’une petite formation des imams en France qu’il faudrait étendre en Savoie. La formation laïque des imams et aumôniers, doit se dévoiler et faire son chemin en France d’une façon visible, pour inciter l’ensemble des régions françaises à poursuivre la formation. En mars 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo, Manuel Valls appelait à Strasbourg, en terre concordataire, à un développement des diplômes universitaires (DU) civils et civiques. L’ambition affichée par le premier ministre était de lutter contre l’islam radical . L’enseignement doit se faire en droit, laïcité, histoire religieuse, philosophie, sociologie . Ces formations proposées dans les universités doivent obéir à une charte commune, être validées par le bureau des cultes. Grâce à la formation, nous aurons la tâche de réanimer et promouvoir la critique humaniste. La formation des cadres religieux, des imams, des aumôniers, voilà le défi. L’importance d’une formation théologique et civique est colossale, extrême, considérable. Elle est, par expérience, magique en milieu carcéral.
Qu’attendons-nous de ce diplôme ? « L’imamat en France est marqué par la dichotomie entre les imams consulaires et les imams locaux. Enfin, une vision claire de la laïcité et de ses principes ». Et sur ce point, on mesure le fossé qui sépare de ceux venus du Maghreb. L’un d’eux a demandé s’il était possible de faire sa prière dans les couloirs de l’université.
À l’Institut catholique de Paris, la formation mêle musulmans, orthodoxes russes, catholiques, ainsi qu’un pasteur venu de Polynésie. Elle se félicite d’essaimer. « Ces DU touchent des convaincus », résume Bernard Godard, qui, au bureau des cultes de 2002 à 2014, est à l’origine de ces diplômes. Il évoque un casse-tête vieux de « quinze ans, voire trente ans ». « Laïcité oblige, on ne peut, en France, dispenser à l’université une formation théologique des imams. D’où l’idée de ces diplômes autour de la laïcité. Mais il faut aller à la pêche », ajoute-t-il, très convaincu . Le Centre de Formation en Travail Social (IFTS), d’Echirolles, nous soumet un programme pour la formation que nous recherchons. Les religions monothéistes, juives et chrétiennes, en Savoie, s’engagent et demandent à y participer. Un décret prévoit pour les aumôniers une rémunération par l’Etat, cela est une avancée . Pour contrecarrer les discours extrémistes, il faut développer l’histoire de l’anthropologie de l’islam, dans la formation.
Dénoncer les dérives anti françaises et anti républicaines d’une partie de la communauté maghrébine, ce n’est pas la stigmatiser mais défendre, au contraire, la démocratie et le droit à l’intégration en France. Se taire contribue à condamner tous les autres qui font des efforts. Le refus de parler clair n’aide pas ceux qui souhaitent se démarquer d’actes qu’ils réprouvent. La démission d’une partie des responsables de notre société est patente. Le silence mine aussi l’intégration réussie, elle lui porte ombrage en lui facilitant l’amalgame sur nos Français de culture musulmane. Médecins, avocats, chefs d’entreprise, travailleurs sociaux.
D’une certaine façon, l’on peut dire que les autorités civiles et autres vivent dans une certaine ignorance de ce que nous pensons, dès lors que nous sommes contraints de ne susciter, avec eux, aucun débat sur « les sujets qui fâchent » et ce, afin de maintenir la paix civile. Or cette paix civile est profondément artificielle et notre rôle d’éducateur est mis à mal.
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