Invité lundi d’Europe 1, Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, est revenu sur la formation des enseignants à la laïcité à l’école, alors qu’il est chargé d’une mission sur la question. “On part de très bas”, estime-t-il, jugeant nécessaire “un effort de longue durée”.
Quelques mois après l’assassinat de Samuel Paty, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer a confié à l’ex-inspecteur général de l’Education nationale Jean-Pierre Obin une mission destinée à harmoniser et améliorer la formation à la laïcité des enseignants et chefs d’établissements. Invité lundi d’Europe 1, ce dernier regrette le manque de mesures prises lors de ces dix dernières années, et estime qu'”on part de très bas”.
Sait-on combien de professeurs ont déjà pu bénéficier d’une telle formation ? Selon une enquête de l’IFOP d’il y a deux ans, “6% des enseignants répondaient positivement”, explique Jean-Pierre Obin, tandis que concernant la formation initiale, parmi les étudiants des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation, “25% disaient avoir déjà suivi une formation, et parmi ces 25%, 50% disaient qu’elle était de mauvaise ou de très mauvaise qualité”.
Renforcer la mixité sociale dans les établissements
Aujourd’hui, “les chiffres dont je dispose montrent qu’il y a 1 à 2 enseignants qui suivent un stage dans le primaire sur cette question, et 3 à 4 dans le secondaire. Mais le volume de formation est proche dans le secondaire de 1% du volume de formation continue”, regrette Jean-Pierre Obin.
Pour l’invité d’Europe 1, la formation “n’est qu’un élément parmi d’autres” pour lutter contre les atteintes à la laïcité. Et de citer notamment l’effort nécessaire “autour de la mixité sociale des établissements”. Et de conclure, appelant à un effort de “longue durée” : “Je doute que la formation a elle seule puisse inverser une tendance assez lourde de méconnaissance et de malentendu sur la laïcité”.
“La poussière a été mise sous le tapis”
Pour l’ex-inspecteur général, qui avait réalisé un rapport en 2004 relatant des phénomènes d’atteinte à la laïcité, “c’est 10 ans de perdu” depuis que son rapport a été exhumé par Manuel Valls. Et pendant ces années, là, “rien n’a été fait. La poussière a été mise sous le tapis”, estime-t-il.
Aujourd’hui, Jean-Pierre Obin juge le gouvernement plus engagé sur cette question de la formation. “On a un ministre, Jean-Michel Blanquer, qui pris bien conscience de la gravité du problème des atteintes à la laïcité et à pris des mesures qui permettent de mobiliser des personnels dans les académies : les référents laïcité, les équipes de formateurs, un système de signalement des atteintes”.