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Une charte ne se décrète pas et ne s’impose pas, elle se partage
Rédigé par Conseil des mosquées du Rhône (CMR)
Après l’adoption, par plusieurs fédérations membres du Conseil français du culte musulman (CFCM), de la « charte des principes pour l’islam de France », des voix montent au créneau pour s’opposer à l’initiative, à l’instar du Conseil des mosquées du Rhône (CMR) et du Conseil théologique des imams du Rhône (CTIR) qui déclarent, lundi 25 janvier, ne pas se retrouver dans une charte « établie sans consultation et sans concertation préalable avec la base ».
Nous avons suivi avec un grand intérêt le processus de la mise en place d’un « Conseil national des imams » avec ses frasques et ses rebondissements. Alors que nous attendions « une charte déontologique » ayant pour vocation d’être un guide du comportement individuel de l’imam dans l’exercice de son ministère, le CFCM nous a surpris par une « charte des principes pour l’islam de France » que certaines fédérations se sont empressées de signer à l’Elysée lors d’une rencontre avec le président de la République. Lire aussi ce que proclame la charte des principes du Conseil national des imams (exclusif) 1) Nous regrettons vivement que le CFCM n’ait pas jugé bon de consulter les imams et les responsables des institutions musulmanes de France – malgré de nombreuses sollicitations – avant la ratification de cette charte qui les concernent directement. 2) Les musulmans de France sont des citoyens français. Ils sont tenus de respecter strictement les lois de leur pays et les valeurs de la République. Les imams doivent le rappeler souvent et à chaque fois qu’ils le jugent nécessaire, mais l’inscription de ce point dans la charte ne ferait que créer un climat de suspicion généralisée et de repli sur soi. Les Français de confession musulmane ne comprendraient pas que l’on veuille les distinguer de leurs compatriotes en leur imposant des règles spécifiques. 3) Nous condamnons très vigoureusement l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques, l’ingérence des états étrangers ou la diffusion des discours haineux et nationalistes. Aussi, le CFCM, sous contrôle des chancelleries étrangères, ne peut à la fois être juge et partie dans la même affaire. 4) Nous devons lutter contre les interprétations réductives, les projections machistes et mettre fin à certaines pratiques qui relèvent plus de la tradition que de la religion. Ce comportement anecdotique concerne une minorité de musulmans en France, pourquoi alors le mettre en avant dans une charte destinée à rassembler les imams ? 5) On entend dire ici et là que les non-signataires de cette charte seraient pointés du doigt, voire même associés au radicalisme et exclus du Conseil national des Imams. En somme, ils seraient étiquetés comme de « mauvais citoyens » et considérés comme « mauvais représentants des musulmans ». Nous tenons à rappeler que la loi de séparation des églises et de l’Etat dans ses principes se veut être une loi de liberté, d’égalité et de justice. Instaurée en 1905. Cette loi pose le principe de neutralité de l’état dans ses relations avec les cultes. A aucun moment, elle ne distingue les citoyens français selon leurs croyances. Par ailleurs, nous rappelons que c’est l’immobilisme du CFCM, gangréné par ses conflits internes, notre attachement profond à ce précieux principe de laïcité et notre volonté de servir à la fois notre pays et les musulmans de notre département, qui nous a poussé à créer le CTIR et le CMR. Ces deux instances qui travaillent de concert avec les services de l’Etat et les collectivités locales ont montré largement leur efficacité. Pour toutes ces raisons et d’autres, le CMR et le CTIR ne se retrouvent pas dans cette charte établie sans consultation et sans concertation préalable avec la base, c’est-à-dire avec les imams et les responsables des mosquées. Le CMR et le CTIR restent convaincus que seule une restructuration au niveau départemental pourrait sortir de l’islam de France de ce désordre qui l’anime depuis des décennies. Conseil des imams : pourquoi trois fédérations au CFCM ne signent pas la charte des principes pour l’islam de France