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Des enseignants s’interdisent d’aborder en classe la religion ou des sujets susceptibles de créer polémique.
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Enseignement moral et civique dans une classe de 4e du collège Jean-Philippe-Rameau à Paris après les attentats du 13 novembre 2015. Bruno AMSELLEM/ Bruno AMSELLEM / DIVERGENCE |
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Julia est professeur des écoles à Montpellier. Dans son établissement, des parents se sentent investis d’une mission: supprimer la lecture des Trois Petits Cochons en classe, choqués par ce livre «indigne». L’enseignante n’est pas surprise, elle a vu depuis deux ou trois ans la liste des revendications religieuses s’allonger comme lors de ce récent conseil d’école où le débat a porté sur le sapin de Noël exposé à l’entrée que d’aucuns ont jugé «trop chrétien». Et son cas est loin d’être isolé, quatre professeurs sur cinq disent avoir un jour été confrontés à des «contestations» au motif de la religion, en cours de sport ou au moment d’aborder le conflit israélo-palestinien dans un cours, notamment. Rien d’étonnant quand on sait qu’un jeune sur cinq dit ne pas se sentir Charlie…
Face à ce constat, des enseignants s’interdisent d’aborder en classe la religion ou n’importe quel sujet susceptible de créer polémique par peur du conflit, comme ce fut le cas en cette rentrée de janvier à Lyon où un parent a pris à partie un enseignant accusé, à tort, d’avoir associé terrorisme et islam en classe. D’autres refusent de défendre le modèle républicain en classe par conviction, un «noyau de gauchistes», comme les appelle Fatiha Boudjahlat, pas toujours très cultivés. «L’ignorance, le déficit de formation des professeurs sont inquiétants. Ils sont devenus très légers sur les questions idéologiques, ont sombré dans une forme de relativisme culturel», complète Bruno Modica, qui enseigne l’histoire-géo au lycée Henri-IV (celui de Béziers).
L’assassinat de Samuel Paty a fait prendre conscience à l’Éducation nationale qu’il serait judicieux d’accélérer sur la formation des professeurs, afin qu’ils sachent comment réagir lorsque des élèves refusent de visiter une cathédrale au motif qu’ils ne sont pas catholiques, ou bien quand des parents exigent une dispense de cours d’éducation sexuelle à leur progéniture. En Alsace, où les problèmes sont sensiblement les mêmes qu’ailleurs, on a aussi opté depuis plusieurs années pour le dialogue interreligieux à travers tout un tas d’initiatives. L’occasion pour les écoliers d’apprendre les points communs entre les monothéismes.
Laïcité: «Trois mois après l’assassinat de Samuel Paty, rien n’a changé»
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Laurence de Charette. Le Figaro |
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Quelle forme d’amnésie frappe l’école? Samuel Paty n’était-il pas devenu, selon les mots d’Emmanuel Macron, «le visage de la République» ? Celle-ci n’avait-elle pas solennellement juré, par la voix du président, devant la tombe d’un homme «tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner», de ne plus jamais rien céder? Ne reprenions-nous pas en chœur ce joli «Nous continuerons, professeur»?
Las! Ni l’indignation ni les serments n’ont eu raison de cette «dynamique de l’abominable» dénoncée par Jacques Julliard. Trois mois à peine après l’assassinat de Samuel Paty, l’Éducation nationale reste, comme «avant» – avant ce crime si barbare qu’il devait marquer un irréversible tournant – hantée ou plutôt habitée par les démons qui depuis si longtemps sapent ses fondements.
Les travaux de la Fondation Jean-Jaurès établissent ce que tous, en réalité, savent sans l’avouer: du menu des cantines au contenu des enseignements, en passant par le calendrier et l’organisation des cours, la régression de la condition féminine… la pression de l’islamisme radical est omniprésente ; elle a aujourd’hui pénétré et trop souvent asservi l’école dans tous les domaines, elle s’est infiltrée par tous ses pores.
Il y a vingt ans déjà, professeurs et inspecteurs dénonçaient dans le vide le déferlement de l’obscurantisme, de l’antisémitisme, du relativisme, de la violence dans les classes. Face à la pression des parents, au rejet de la nation, à l’héroïsation des djihadistes, les enseignants cherchent encore sur qui s’appuyer. Leurs témoignages en disent long sur la lâcheté de l’institution, qui, quand elle ne détourne pas le regard devant leurs difficultés, se demande qui, du professeur ou du promoteur de la charia, elle va bien désavouer… Quant aux syndicats, les derniers démêlés de Fatiha Boudjahlat, enseignante toulousaine priée par SUD-éducation de se taire après avoir dénoncé le non-respect de la minute de silence en hommage à Samuel Paty, trahissent leur trop fréquente allégeance à l’islamo-gauchisme…
Pour que l’école reste un lieu du savoir et non de soumission, une étape d’émancipation et de croissance, qu’elle continue de «faire des républicains», il faut en finir avec le déni et l’évitement.