On ne les cherche pas au bon endroit
Spontanément, les scientifiques ont d’abord orienté leurs recherches vers des planètes situées autour d’étoiles semblables à notre Soleil. Or ces dernières ne représentent que 10 % des 200 000 millions d’étoiles de notre galaxie… Les chercheurs se tournent désormais vers une autre catégorie d’étoiles : les naines rouges, des astres de masse plus faible et moins chaudes que le Soleil. Non seulement ces dernières représentent 70 % des étoiles de l’Univers, mais elles posséderaient pour la plupart une ou deux planètes en zone habitable – c’est-à-dire à une distance compatible avec la présence d’eau liquide. Voilà pourquoi le Seti a lancé en mars 2016 un ambitieux programme qui vise à observer pendant deux ans 20 000 naines rouges, dans l’espoir d’y détecter des signaux d’origine extraterrestre.
Ils sont trop différents de nous
Si nous nous fions à ce que nous savons sur la Terre, l’émergence de la vie nécessite deux ingrédients : de l’eau et de la matière organique (des molécules contenant du carbone). L’eau est un milieu dans lequel les molécules se dissolvent facilement et où elles peuvent entrer en contact, ce qui favorise les réactions chimiques. Le carbone, lui, est capable de se lier à plusieurs autres atomes comme l’hydrogène, l’azote ou l’oxygène, permettant la fabrication de molécules aux structures variées – comme des sucres ou des acides aminés, briques élémentaires de la vie. « La plupart des molécules identifiées dans l’espace interstellaire sont organiques », observe le biochimiste Robert Pascal de l’Institut des biomolécules Max Mousseron. « Néanmoins, d’autres chimies du vivant pourraient exister », estime Dirk Schulze-Makuch, astrobiologiste à l’Université technique de Berlin.
Sur Titan, une lune de Saturne abritant des océans de méthane, le silicium pourrait par exemple jouer le rôle du carbone. Mais si d’autres chimies du vivant existaient, comment les détecter alors que l’on ne connaît pas leur fonctionnement biologique ? Pour contourner l’obstacle, une équipe de recherche suisse a mis au point un système capable de détecter le mouvement de micro-organismes à l’échelle du milliardième de mètre. « Le mouvement est une signature universelle de la vie », avancent les scientifiques Un tel détecteur pourrait à terme être embarqué à bord d’une mission spatiale.
On ne les a pas reconnus
Et si nous avions déjà sous les yeux des preuves d’une vie extraterrestre ? En 1996, des chercheurs de la Nasa annonçaient la découverte de bactéries fossiles dans une météorite provenant de Mars. Depuis, d’autres équipes ont annoncé des découvertes similaires. Mais ces résultats sont controversés au sein de la communauté scientifique. « Une fois fossilisées, les bactéries ressemblent à de simples bulles dans la roche », souligne Didier Néraudeau, chercheur en géosciences à l’université de Rennes. Pour s’avoir s’il s’agit bien de micro-organismes, il faudrait retrouver dans ces structures des résidus organiques de la bactérie elle-même. Or, si l’on y parvenait, il faudrait encore démontrer que l’origine du micro-organisme est bien martienne. Des indices prouvant l’existence d’une vie extraterrestre pourraient aussi se cacher dans les données recueillies par les télescopes qui enregistrent la lumière issue d’étoiles lointaines. Les programmes informatiques conçus pour étudier ces données pourraient passer à côté de signaux envoyés à travers l’espace par des êtres intelligents. « Si l’on trouve des méthodes plus efficaces pour traiter les données, il pourra être intéressant de revenir sur les observations passées », souligne Laurent Jorda, astronome au Laboratoire d’astrophysique de Marseille. Peut-être s’y cache-t -il un message venu d’une autre planète.
Ils sont trop loin
Si nous sommes désormais capables d’envoyer des engins spatiaux à travers le Système solaire, nous sommes encore loin de pouvoir rejoindre l’étoile la plus proche – Alpha du Centaure, à 4 années-lumière de la Terre – et encore moins les 3 600 exoplanètes découvertes à ce jour. Pour les étudier à distance, les astronomes utilisent la méthode du transit : « Lorsqu’une planète passe entre nous et son étoile, la lumière de celle-ci traverse l’atmosphère planétaire », explique l’astrophysicienne Isabelle Boisse du Laboratoire d’astrophysique de Marseille.
« Les molécules atmosphériques absorbent chacune des longueurs d’onde bien spécifiques. Si bien que l’analyse de la lumière qui nous parvient permet de déduire la composition de cette atmosphère. Pour détecter la présence de vie extraterrestre, les scientifiques espèrent découvrir de l’oxygène, du méthane – un gaz notamment issu de sources biologiques – ou même des molécules résultant d’une éventuelle pollution produite par les aliens, comme le Fréon, utilisé dans les aérosols ! Mais les télescopes ne peuvent voir que jusqu’à une distance de quelques centaines d’années-lumière. Une portée qui ne permet pas encore de jeter un œil sur l’ensemble de notre galaxie qui s’étend, elle, sur au moins 100 000 années-lumière.
Ils ne sont pas encore nés
Avec 14 milliards d’années au compteur, l’Univers est encore jeune. Les astrophysiciens estiment que des étoiles pourraient encore s’y former pendant 100 000 milliards d’années. Et à l’avenir, il pourrait apparaître encore 10 fois plus de planètes dans l’Univers qu’il n’en existe aujourd’hui. Au total, 92 % des planètes semblables à la Terre – des mondes rocheux de taille similaire et sur lesquels pourrait exister l’eau liquide – n’auraient pas encore vu le jour. Autant de possibilités pour l’émergence d’une future vie extraterrestre.
Ils sont déjà morts
Si la vie a un jour existé ailleurs dans l’Univers, elle n’a peut-être pas survécu longtemps. Car les conditions nécessaires à son émergence peuvent très bien apparaître puis disparaître. Prenons l’exemple de Mars. « Au départ, la planète rouge devait ressembler à la nôtre : on trouve les mêmes types de minéraux à sa surface, elle a également connu une période de volcanisme et a donc pu avoir, comme la Terre, une atmosphère de gaz carbonique suffisamment dense pour que le climat soit favorable à la présence d’eau liquide », explique Michel Cabane du Laboratoire atmosphères, milieux, observations spatiales à Paris. On y observe d’ailleurs des méandres creusés par l’écoulement d’eau, ce que confirment les minéraux hydratés découverts sur place par le robot Curiosity. Mars a donc été un milieu favorable à la vie.
Mais cela n’a pas duré : en se refroidissant, le noyau de la planète s’est figé il y a 3,5 milliards d’années. Or les mouvements de ce noyau métallique étaient à l’origine d’un puissant champ magnétique, véritable bouclier protégeant la planète du vent solaire. En l’absence de ce champ de protection, les particules solaires ont cessé d’être déviées et ont chassé les molécules de l’atmosphère martienne en les percutant. La pression atmosphérique a diminué, provoquant l’évaporation de l’eau liquide. « Les lacs et rivières ont disparu de Mars il y a au moins 2 milliards d’années », raconte Michel Cabane. Aujourd’hui, la pression atmosphérique y est plus de 150 fois moins importante que sur la Terre et, faute d’effet de serre, la température est en permanence en dessous de 0 °C. S’il y a eu un jour de la vie sur Mars, elle a probablement disparu aujourd’hui.
Par Antoine Cappeller