Pendant l’Antiquité, le rituel le plus important en Gaule est la cueillette du guisuivie d’un sacrifice de taureau, d’un banquet et de festivités. Pas un Gauloisdigne de ce nom ne raterait celles du solstice d’hiver (le 21 ou 22 décembre selon les années) ! Selon Pline l’Ancien (Ier siècle), un druide escalade un chêne rouvre, coupe le gui avec une serpe d’or et le dépose sur une casaque blanche. « Ils l’appellent dans leur langue “celui qui guérit tout” », précise-t-il.
Pourquoi le gui suscite-t-il autant de vénération ?
Parce que restant toujours vert, même l’hiver, il constitue un symbole d’immortalité ! Le christianisme a depuis remplacé le druidisme. Mais la plante fait toujours partie des festivités puisqu’on s’embrasse sous un rameau de gui accroché dans la maison pour Noël et la Saint-Sylvestre. Au gui l’an neuf !
Le Gui est traditionnellement associé au houx pour célébrer les fêtes de fin d’année en Europe du Nord (y compris en France). La coutume veut que l’on s’embrasse, à minuit précisément, sous une branche de gui et de choisir une baie, symbole de prospérité et de longue vie. Pour respecter à la lettre la tradition, il faut accrocher la gerbe de gui au plafond, ou au-dessus de la porte d’entrée. Dès le Moyen Âge, l’usage voulait que l’on s’offre du gui en prononçant ce souhait : « Au gui l’an neuf ». Les anglophones appellent le gui de façon imagée « kissing ball », que l’on peut traduire par « boule à baisers ».
Les livres d’histoire des écoliers du début du XXème siècle mettaient en scène nos pittoresques ancêtres gaulois, dont les chefs spirituels, sympathiques vieillards à barbe blanche appelés druides, occupaient la majeure partie de leur temps à grimper (!) à la cime des chênes, arbres sacrés, pour y faucher le gui à la serpe.
” La grande fête gauloise du Gui avait lieu chaque année au 6ème jour de la lune qui succède au solstice d’hiver, c’est à dire à une date tournant autour de noël ou de notre 1er janvier. Un moment pas du tout choisi au hasard : c’est l’époque la plus noire et la plus inquiétante de l’année ; les jours ne semblent jamais cesser de raccourcir, les nuits sont de plus en plus interminables et angoissantes ; le soleil, chaque jour un peu plus froid, grimpe de moins en moins haut dans le ciel. Et si cela devait continuer ? Si le printemps n’allait jamais revenir ? Dans des cas pareils, et pour se remonter le moral, il faut aller voir pousser le gui. En voilà un qui arrive bien à rester en pleine forme, lui, sur un chêne apparemment sec et mort ! […] Pour les gaulois, de même que le Chêne était la plante du soleil, le gui était l’arbuste de la lune […] une planète avec laquelle notre héros présente d’ailleurs plus d’une ressemblance troublante : c’est le seul végétal parfaitement rond, comme un astre. Il pousse en plein ciel parmi les branches et ne pose jamais pied à terre. Et puis les baies de Gui, les seules baies blanches de nos contrées, n’ont-elles pas l’aspect de petites lunes en modèles réduits ? Que de coïncidences ? “