Dans un texte notamment adressé au président de la République et au gouvernement, une centaine d’anciens policiers déplorent une perte d’autorité de l’État et appellent à un “sursaut national”.
C’est une nouvelle tribune qui promet de faire beaucoup de bruit. Dans un texte adressé au Président de la République, aux ministres et aux parlementaires, 93 policiers à la retraite appellent les élus à “tout mettre en œuvre pour mettre fin à la situation gravissime que traverse la France en matière de sécurité et de tranquillité publique”. Les signataires estiment notamment que “l’autorité de l’État est battue en brèche par des minorités violentes”, et réclament un “sursaut national”.
La France dans une situation “gravissime” ?
“Nous vous demandons solennellement de tout mettre en œuvre pour mettre fin à la situation gravissime que traverse la France en matière de sécurité et de tranquillité publique. Aujourd’hui l’autorité de l’État est battue en brèche par des minorités violentes”, commence le texte, qui déplore l’inaction des pouvoirs publics face à “l’insécurité et le communautarisme”.
“Sans sécurité, il n’y a point de libertés”, insiste la tribune, qui appelle à un “sursaut national”. “La multiplication des attentats et des agressions violentes dirigées contre nos gardiens de la paix publique démontrent un refus de nos valeurs républicaines, de nos coutumes et de notre modèle de société dans des pans entiers de notre nation. Le meurtre sauvage à Avignon d’un de nos policiers gardiens de la paix en est la tragique illustration”.
Refusant l’hypothèse que “les forces armées remplacent (la police) pour éviter une guerre civile”, les signataires estiment toutefois que “la peur doit changer de camp” et demandent une réponse pénale “adaptée de telle manière que les condamnations soient réellement exécutées à la hauteur des faits commis”.
Plus de 40.000 soutiens
Les signataires, qui ont tous dévoilé leur identité, sont d’anciens commissaires, officiers et gardiens de la paix. Après la mise en ligne de cette tribune assortie d’une pétition qui a déjà récolté plus de 40.000 soutiens à l’heure où nous écrivons ces lignes, le directeur général de la police nationale a répondu à la missive dans un courrier consulté par Europe 1.
Dans ce courrier daté du 12 mai, le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux rappelle aux policiers que leur statut de retraité ne les “exonère pas de l’obligation de réserve qui s’impose à tous dans l’expression publique”.
“Votre initiative fragilise notre institution plus qu’elle ne la renforce”, déplore-t-il. “La police nationale a plus que jamais besoin de confiance en elle, d’unité et de cohésion dans ses rangs, sans esprit partisan”, appelle-t-il plus loin, engageant la responsabilité des signataires : “Il me semble que nos aînés pourraient y contribuer par un discours constructif et fédérateur”.
La mise en ligne de cette pétition intervient dans un contexte tendu : il y a quelques semaines, d’anciens militaires ont également publié plusieurs tribunes dans lesquelles ils mettaient en garde contre “la guerre civile” qui “couve en France”.