Le programme Pairs (programme d’accueil individualisé et de réaffiliation sociale) a été mis en place en 2018 pour prévenir la récidive de personnes radicalisées. Il consiste en un accompagnement notamment psychologique et social, avec des éducateurs spécialisés, des conseillers d’insertion professionnelle ou encore des psychologues. Il y a également un volet religieux et culturel, assuré par des spécialistes de l’islam. Il existe quatre centres, à Paris, Marseille, Lille et Lyon.
Depuis 2018, 120 personnes ont été suivies dans le cadre de ce programme. Ce sont soit des anciens détenus pour terrorisme, soit des anciens détenus de droit commun, soit des individus en attente de jugement, tous soupçonnés d’être radicalisés. Bilan : sur ces 120 personnes, aucun passage à l’acte terroriste après la prise en charge.
Les deux programmes de suivi des individus radicalisés en France : le dispositif RIVE, jusqu’en septembre 2018 ; et le dispositif PAIRS depuis. (IFRI)
L’Ifri note donc que le bilan est plutôt positif en matière de lutte contre la récidive. Les seuls cas de retour en prison concernent des faits de droit commun. Un seul bénéficiaire a été arrêté pour des menaces d’attentat, mais il n’était à l’époque qu’en période d’évaluation et donc pas encore pris en charge par le programme.
Des résultats “encourageants” mais à relativiser
Mais ce bilan a des limites. D’abord parce qu’il est très difficile d’évaluer la bonne foi d’un individu radicalisé qui dit avoir abandonné ses idées, certains étant experts dans la dissimulation. Ensuite parce qu’il est difficile de tirer des conclusions définitives avec seulement 120 personnes prises en charge. L’autre limite est le profil des personnes ayant bénéficié du programme Pairs. Il ne s’adresse pour l’instant qu’aux cas les moins inquiétants, ceux qui ne sont pas “en haut du spectre”, et donc les moins susceptibles de passer à l’acte.
L’évolution du nombre de personnes radicalisées, ou soupçonnées de radicalisation, entre 2016 et 2021 dans les affaires de justice (IFRI)
Le rapport estime toutefois que ses conclusions sont “encourageantes” et considère qu’il faut “poursuivre l’expérience” en développant notamment le programme Pairs dans des zones où il n’est pas encore déployé.