Guillaume Denoix de Saint Marc, vous êtes le Directeur général et porte-parole de l’AfVT. Parlez-nous de votre association et de ses missions.
Guillaume Denoix de Saint Marc – L’AfVT a été créée en 2009, alors que l’association SOS Attentats annonce sa dissolution et quelques mois après l’attentat du 22 février 2009 qui vise un groupe d’adolescents français au Caire.
Depuis 2015, l’objectif premier de l’association est l’assistance aux victimes du terrorisme. L’idée est de leur permettre de retrouver une vie après le traumatisme. Il y a un aspect très deshumanisant pour les personnes qui portent un statut victimaire. Notre mission est de les aider à retrouver un statut hors de celui de victime, de retrouver un identité propre, et – finalement – de se remettre en société. C’est un peu comme ré-apprendre à marcher après un accident, cela prend du temps et il faut être bien accompagné.
Nous apportons également aux victimes du terrorisme une assistance dans l’ensemble de leurs démarches juridiques, judiciaires et administratives.
Au-delà de cet objectif de réinsertion dans la vie, l’AfVT propose aussi aux victimes d’attentats de s’engager contre le terrorisme. Nous leur proposons de sortir du statut victimaire en devenant acteur de la lutte.
Concrètement, comment travaillez-vous avec les victimes que vous accompagnez ?
Guillaume Denoix de Saint Marc – Les victimes accompagnées par l’AfVT représentent 200 attentats et, au cours de ces dernières années, l’AfVT s’est constituée partie civile dans 90 dossiers, notamment pour le Procès des attentats de janvier 2015. Nous sommes en contact avec les personnes que vous accompagnons, notamment sur des sujets liés au logement et au retour à l’emploi.
Nous sommes notamment en contact régulier avec les victimes de l’attentat de l’HyperCacher, que nous essayons de soutenir au mieux.
Parallèlement, nous travaillons étroitement avec les pouvoirs publics, le Ministère de l’Education nationale et le Ministère de la Justice en tête de liste.
Par ailleurs, nous proposons également des interventions dans le milieu carcéral, à destination de détenus radicalisés. La plupart de ces détenus reviennent de Syrie et purgent des peines plutôt courtes. La confrontation avec nous, victimes, est extrêmement riche.
Depuis deux ans, le 11 mars est devenu la Journée nationale pour les Victimes du Terrorisme. Que représente t-elle ?
Guillaume Denoix de Saint Marc – Symboliquement, c’est très important. Cette Journée permet d’abord la tenue d’un événement national pour toutes les victimes du terrorisme. Depuis deux ans, date à laquelle cette Journée est devenue officielle et nationale, nous travaillons avec l’Elysée à sa mise en place et aux événements qui s’y rapportent.
Le 11 mars est également commémoré dans les écoles au travers notamment d’un kit pédagogique. Il contient des témoignages de victimes d’attentats sur leurs histoires et sur la manière dont elles ont réussi à transformer leur statut victimaire.
L’AFVT co-organise aussi la Journée européenne pour les victimes du terrorisme.
Le 15 mars 2012, un terroriste islamiste assassinait Abel Chennouf et Mohamed Legouad, parachutistes au 17e RGP, et blessait grièvement Loic Liber, devenu tétraplégique. Aujourd’hui, nos pensées sont pour eux.
Alors qu’ils retiraient de l’argent à proximité de leur caserne à Montauban, le caporal Abel Chennouf (25 ans), le 1ère classe Mohamed Farah Chamse-Dine Legouad (23 ans) ainsi que le caporal Loïc Liber (28 ans) tous trois militaires au sein du 17ème Régiment de Génie Parachutiste, ont été la cible d’une attaque terroriste islamiste.
Il y a 9 ans, le 15 mars 2012, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, parachutistes au 17e RGP, étaient assassinés, et Loic Liber, était grièvement blessé.
Nous rendons hommage à ces hommes.