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Les clandestins radicalisés…

Publié le 5 février 2021
Vues: 408

…ont-ils bien été expulsés?

Gérald Darmanin assure que les 231 étrangers en situation irrégulière fichés pour radicalisation qu’il avait ciblés en octobre sont tous «hors d’état de nuire». Mais le stock se renouvelle…

Par Jean-Marc Leclerc
«Elles sont toutes hors d’état de nuire, soit expulsées, soit en prison ou en centre de rétention», a déclaré Gérald Darmanin à propos des 231 personnes fichées pour radicalisation en situation irrégulière sur le sol national. GONZALO FUENTES / REUTERS
LA QUESTION. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, l’affirmait ce 3 février sur CNEWS: «Quand je suis arrivé au ministère de l’Intérieur, il y avait 231 personnes fichées pour radicalisation en situation irrégulière sur le sol national. Au moment où je vous parle, elles sont toutes hors d’état de nuire, soit expulsées, soit en prison ou en centre de rétention». Ce dossier, il le suit jour après jour et pourrait citer de mémoire bien des noms de cette longue liste d’islamistes à chasser du territoire de la République.

Depuis 2018, 2260 islamistes sont sortis de prison !

Mais que recouvre précisément le terme «hors d’état de nuire», dans son esprit? Au reste, comment évolue ce vivier, sachant que de nouveaux cas sont signalés chaque semaine par les services antiterroristes?

VÉRIFIONS. Dès le 31 août, l’hôte de Beauvau avait pris soin de désigner l’ennemi: «Le risque terroriste d’origine sunnite demeure la principale menace à laquelle est confronté notre pays», lâchait-il, dans son discours au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). C’était à la veille du procès des attentats de janvier 2015. Il dénombrait alors 8132 individus inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).

Il poursuivait: «À ce jour, 505 détenus terroristes islamistes en lien avec la mouvance islamiste» sont recensés, auxquels s’ajoutaient, selon lui, «702 détenus de droit commun susceptibles de radicalisation». Les 231 radicalisés cités sur CNEWS ce mercredi correspondent aux individus qui, dans l’ensemble des profils ainsi répertoriés, ont été identifiés en octobre dernier comme étant de nationalité étrangère, en situation irrégulière et suivis pour radicalisation. Des étrangers «qu’il nous faut expulser», disait le ministre. Parmi eux, figuraient 180 détenus incarcérés.

De nouveaux noms sur la liste

À ce jour, à la date précise du 26 janvier 2021, parmi ces 231 indésirables, selon Beauvau, «113 ont quitté le territoire national ; 83 d’entre eux sont placés en assignation à résidence (AAR) ou centre de rétention administrative (CRA) ; 35 ont été incarcérés.» Le compte est bon sur un plan purement arithmétique: 231 individus ont bien été traités par le ministère de l’Intérieur. Mais avec les limites que l’État de droit impose: certains expulsés peuvent revenir, puisque les frontières nationales ne sont pas totalement hermétiques ; l’assignation à résidence n’est pas aussi sûre qu’une incarcération et le placement en rétention ne peut excéder 90 jours pour un profil de droit commun ou 210 jours en cas d’activité terroriste.

En outre, la liste de ces individus dangereux n’est pas figée. Depuis l’identification des 231 profils à risques du mois d’octobre, 146 nouveaux étrangers radicalisés en situation irrégulière ont été inscrits au FSPRT. Parmi eux, 115 représentent de nouveaux «objectifs» intégrés au fichier antiterroriste, au fil des affaires et des signalements, ou ont été détectés après un nouveau «criblage» effectué par l’Unité de coordination et de lutte antiterroriste (UCLAT) sur des profils qui avaient été, en quelque sorte sous-estimés. Il faut y ajouter 31 cas d’islamistes radicalisés dont le titre de séjour a été abrogé, retiré ou non renouvelé. Ce qui fait bien 146 au total.

L’entourage du ministre le dit, sans l’ombre d’une hésitation: «Ce que nous avons fait avec les 231, nous allons le faire avec les 146.» Avec évidemment les mêmes limites que celles rencontrées pour la première liste établie en octobre. L’hôte de Beauvau le reconnaît lui-même: en pleine crise du coronavirus, raccompagner des clandestins dans leur pays d’origine n’est pas simple. «On est dans une crise pandémique, et les couloirs aériens sont fermés, donc il n’est pas si facile de le faire», a-t-il ainsi concédé.

En résumé, Gérald Darmanin a bien fait expulser la majorité des islamistes radicaux étrangers en situation illégale que ses services ont pu identifier. Il a, par ailleurs, empêché la remise en liberté de ceux qui ne pouvaient être éloignés pour le moment, en raison du contexte sanitaire ou du manque de coopération de certains pays d’origine. Au total, environ 500 étrangers en situation irrégulière et fichés pour terrorisme ont déjà été expulsés de France depuis le début du quinquennat Macron. Les mettre «hors d’état de nuire» est bien une priorité gouvernementale.

Pourquoi la France n’arrive pas à expulser les étrangers radicalisés?

 

 

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Par principe, laïques

Publié le 5 février 2021
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Les principes républicains peinent à susciter l’adhésion de tous.

L’éditorial d’Aymeric Christensen, directeur de la rédaction.
Par Aymeric Christensen
 
 
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Place de la Republique, à Paris, lors de l’hommage au professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste, rassemblant des milliers de personnes le 18 octobre 2020. • SIMON LAMBERT/HAYTHAM-REA

Exit le séparatisme islamiste ? Pour son examen à l’Assemblée, le projet de loi vise désormais à « confort (er) le respect des principes de la République ». L’intitulé, qui se veut positif, ne trompe pourtant pas sur le caractère offensif et la logique essentiellement restrictive du texte. Pas plus qu’il ne masque cet aveu d’échec : si nous en sommes à les conforter, c’est bien que les principes républicains peinent à susciter l’adhésion de tous.

N’évitons donc pas le sujet : depuis des années, l’islam radical menace notre sécurité et la cohésion du corps social. Extrémistes et terroristes cherchent à provoquer des réactions de haine, espérant ainsi enrôler même les musulmans modérés dans leur guerre. En jouant avec nos vies, avec nos nerfs, ils nous mettent au défi de nos propres valeurs.

Or, l’État est dans son rôle quand il veut garantir la sécurité et le respect de la dignité de toutes et de tous, quitte pour cela à passer, quand il le faut, par un arsenal répressif. Ainsi, lorsqu’il s’agit de prendre des mesures contre les mariages forcés, la polygamie ou les certificats de virginité, de lutter contre discriminations et intimidations ou pour la transparence financière des associations, nous ne pouvons que soutenir le législateur.

Une épiphanie laïque

Mais le texte devient nettement plus discutable quand il en profite pour rogner les libertés d’enseignement et d’association ou placer les cultes sous tutelle en revenant sur l’équilibre de 1905… D’autant qu’une telle loi fourre-tout (forte de ses 51 articles) ne peut que se laisser dépasser par les esprits enflammés de députés et de réseaux, dont certains se prennent à rêver d’une épiphanie laïque. Et ressortent de leurs greniers toutes sortes d’amendements tenant d’une vision si restrictive de la laïcité qu’elle finit presque par se confondre avec l’athéisme.

On en revient alors à l’éternelle question : la laïcité est-elle un moyen ou un but en soi ? Car absolutiser un moyen – celui d’un cadre permettant à chacun le libre exercice de sa foi et le respect des convictions de tous – relève d’une forme d’idolâtrie. Si l’État doit être neutre, les citoyens ne pourront jamais l’être.

Un terrible déficit d’horizon spirituel

Non contents d’avoir quasi imposé l’idée que toute expression de foi doit être reléguée dans la « sphère privée », certains s’emploient à caricaturer les religions comme ennemies de la République, alors qu’elles en sont des composantes essentielles. Au risque d’assécher un peu plus une société qui souffre déjà d’un terrible déficit d’horizon spirituel.

Parce que nous croyons aux vertus de la laïcité républicaine et que, chrétiens, nous sommes nous aussi, par principe, laïques, ajoutons que la façon qu’a encore eue le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de hiérarchiser, lundi sur France Inter, la « loi de la République », « supérieure à la loi de Dieu », est préoccupante. Ignore-t-il vraiment que le respect nécessaire des lois civiles n’empêche pas un primat absolu de la conscience, justement parce que ni les régimes politiques, ni les gouvernements successifs, ni les lois ne sont infaillibles ? Oublie-t-il que la laïcité, précisément, ne soumet pas mais sépare ?

Et à quoi bon, au fond, conforter un « principe » républicain, si c’est au détriment des autres ? La laïcité vaut-elle plus que la liberté de conscience ? Que l’égalité dans l’expression de ses convictions ? Que la fraternité, en généralisant une forme de soupçon du croyant, notamment quand il est musulman ? Empêcher que certains se coupent du corps social est une préoccupation urgente, et s’y atteler demande un réel courage.

Mais la réponse doit aussi être un projet positif : à quoi adhérons-nous vraiment ? Laissons-nous à chacun pleinement sa place dans cette société, dans un souci de justice ? La loi est d’autant mieux respectée qu’elle est accueillie, reconnue, et pas seulement imposée. C’est aussi comme cela que l’on construit un socle commun.

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Terrorisme

Publié le 5 février 2021
Vues: 408

 L’armée mobilisée contre le djihad 3.0

La ministre Florence Parly et le directeur de la DGSE, Bernard Émié, ont présenté l’état de la menace terroriste.

Par Nicolas Barotte
Florence Parly, lundi, à la base aérienne 123 d’Orléans, qui abrite les forces du CPA30, l’une des unités commando de l’armée de l’air. Pascal Proust/PHOTOPQR/REPUBLIQUE DU CENTRE/MAXPPP
La lutte contre le terrorisme demeure la principale préoccupation des armées françaises. La ministre des Armées, Florence Parly, l’a rappelé lundi à l’issue d’un «Comex», un comité exécutif, qui s’est tenu sur la base aérienne 123 d’Orléans, où elle a inauguré le nouveau bâtiment abritant les forces du CPA30, l’une des unités commando de l’armée de l’air. «Cet ennemi est là pour durer, il se pense lui-même dans la durée», a-t-elle souligné, entourée du chef d’état-major des armées, le général Lecointre, et du directeur de la DGSE, Bernard Émié. «Le terrorisme est la menace la plus meurtrière à laquelle nous faisons face», a-t-elle insisté en rappelant les 265 victimes du terrorisme en France depuis 2015.

La France est engagée au Sahel et au Levant contre les groupes liés à al-Qaida et à Daech. «L’enjeu est d’entretenir et de densifier ce combat contre le terrorisme sans négliger ce qui se dévoile déjà», a-t-elle déclaré en citant la compétition entre puissances qui laisse planer le risque d’affrontements majeurs. Alors que la France se prépare à «ajuster» son dispositif au Sahel, Florence Parly a décrit l’émergence d’un «djihadisme 3.0»: clandestin, sans territoire, imprévisible.«Depuis plus d’un an, nous observons une forme de mue du terrorisme. Acculé, l’ennemi se transforme, change ses méthodes, ses moyens d’action et les lieux où il agit: le terrain mais aussi les champs de bataille immatériels», a-t-elle noté. «Dans le domaine du cyber et de la manipulation de l’information, les groupes terroristes montent en gamme et s’adaptent», a-t-elle poursuivi en insistant sur la nécessité, sur le territoire national, «de se protéger des guerres d’influence et de désinformation auprès des populations». En France, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) est chef de file dans la lutte contre le terrorisme.

Des opérations ciblées

Sans mâcher ses mots contre les tenants d’une idéologie «de mort» qui pratiquent des massacres, des amputations ou des décapitations, le directeur général de la sécurité extérieure, Bernard Émié, a décrit l’action de son service: la collecte de renseignement ou l’identification des cibles. «Daech est particulièrement actif dans la zone des Trois Frontières. C’est un espace grand comme un quart de la France et nous cherchons quelques centaines d’individus très mobiles», a-t-il indiqué.

Le GVIM, la filiale d’al-Qaida au Sahel, «tente d’apparaître plus présentable en se dissimulant dans la population tout en enrôlant des jeunes désœuvrés», a-t-il noté. Mais «ces individus sont des assassins. Depuis le Mali, ils ont travaillé à des attaques contre nous et contre nos partenaires. Ils réfléchissent à des attaques dans la région ou en Europe», a-t-il insisté. Bernard Émié a insisté sur la volonté d’al-Qaida d’étendre son influence vers le golfe de Guinée en «disséminant» des hommes en Côte d’Ivoire ou au Bénin. Le directeur de la DGSE a défendu les opérations ciblées qui ont permis d’éliminer certains leaders. Ces actions «visent à favoriser ce processus» de paix au Sahel, a-t-il estimé. «Au Levant, Daech continue d’exister sous forme insurrectionnelle», a-t-il prévenu. «La menace reste à un niveau très élevé», a-t-il dit.

Enfin, le général Lecointre a présenté l’action concrète des armées, et notamment des forces spéciales, pour neutraliser ou idéalement appréhender les terroristes. «La volonté de capturer les chefs (djihadistes) conduit à exposer nos soldats», a-t-il souligné. Comme ses pairs, il a insisté sur la dimension cyber et informationnelle de la lutte antiterroriste. Le Comcyber (le commandement cyber) «conçoit et monte des opérations contre les organisations terroristes», a-t-il expliqué, pour réduire ou neutraliser leurs capacités, ou encore modifier leurs perceptions. Le général Lecointre n’en a pas dit davantage. La nouvelle guerre contre le terrorisme doit être discrète pour être efficace.

» À voir aussi – Menace terroriste: sommes-nous assez protégés?
 
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Déradicalisation des terroristes

Publié le 5 février 2021
Vues: 373

 «Le constat est rassurant, mais il ne faut pas crier victoire trop vite»

Dans une étude, le chercheur à l’Ifri Marc Hecker souligne que sur les 64 personnes condamnées pour des faits de terrorisme suivies par le programme de déradicalisation depuis 2018, aucune n’a récidivé.

Par Stanislas Poyet
 
Marc Hecker, directeur de la recherche de l'Institut français des relations internationales (Ifri)
Marc Hecker, directeur de la recherche de l’Institut français des relations internationales (Ifri) IFRI
«Djihadistes un jour, djihadistes toujours !» C’est par cet adage détourné, qu’il a emprunté à un policier de l’antiterrorisme, que le chercheur Marc Hecker a intitulé son étude sur les programmes français de déradicalisation parue le 1er février. Depuis leur lancement en 2016 à la suite des attentats de l’année précédente, ces programmes ont été largement décriés, jugés bien souvent naïfs et inopérants face au fanatisme et à l’endoctrinement des adeptes du djihadisme. «Djihadistes un jour, djihadistes toujours !», donc.

 

Dans son étude – Djihadistes un jour, Djihadistes toujours ? Un programme de déradicalisation vu de l’intérieur – Marc Hecker, directeur de la recherche de l’Institut français des relations internationales (Ifri), cherche à «ouvrir la boîte noire des programmes de désengagement». Il porte en fait un regard moins dramatique sur l’efficacité des «Programmes d’accompagnement individualisé et de réaffiliation sociale» (PAIRS) qui ont pris la suite en 2018 des dispositifs «Recherche et intervention sur les violences extrémistes» (RIVE).

LE FIGARO – Au terme de votre étude, le constat semble plutôt rassurant…

Mark HECKER – Effectivement, l’impression générale qui se dégage de mon étude est plutôt rassurante. Un chiffre est notamment mis en avant : sur les 64 personnes condamnées pour des faits de terrorisme suivies par le programme PAIRS depuis sa création en 2018, il n’y a eu aucun cas de récidive. Un ancien détenu terroriste est certes retourné en prison, mais pour des actes de délinquance. Le programme précédent, RIVE, qui a pris en charge 22 individus de 2016 à 2018, n’avait pas non plus connu de cas de récidive terroriste.

Je reste néanmoins prudent : il n’y a pas de recette miracle pour déradicaliser des individus et un taux de récidive – fort heureusement faible – est sans doute inéluctable. Deux bémols à ce constat plutôt rassurant : d’une part, j’identifie des fragilités auxquelles il conviendra de remédier ; d’autre part, une autre catégorie d’anciens détenus – les «droit commun suspectés de radicalisation» (DCSR) tend à faire preuve d’une grande instabilité.

Lorsqu’une attaque est perpétrée par un récidiviste passé par un programme de déradicalisation, une partie des observateurs crie à la naïveté. Mais en se focalisant sur les échecs, on oublie les réussites qui sont pourtant bien plus nombreuses.

Marc Hecker, directeur de la recherche de l’Institut français des relations internationales (Ifri)

Comment expliquez-vous le discours habituel sur les impasses de la déradicalisation ?

Il faut d’abord évoquer une raison générale, qui n’est pas spécifique à la France : chaque échec, en matière de déradicalisation ou de désengagement peut avoir des conséquences tragiques. Le terrorisme est un sujet particulièrement sensible et quand un attentat se produit, il est normal de s’interroger sur d’éventuelles failles de sécurité. Lorsqu’une attaque est perpétrée par un récidiviste passé par un programme de déradicalisation – comme c’est arrivé en 2019 à Londres ou en 2020 à Vienne –, une partie des observateurs crie à la naïveté. Mais en se focalisant sur les échecs, on oublie les réussites qui sont pourtant bien plus nombreuses.

Il y a ensuite une raison spécifiquement française : notre pays a commencé à s’intéresser tardivement à la contre-radicalisation et les premières expériences, à partir de 2014, ont été peu concluantes, parfois émaillées de dérives. La déradicalisation y est ainsi associée à des pratiques douteuses.

Trois ans après le lancement de PAIRS, cinq ans après celui de RIVE, est-ce assez long pour tirer des enseignements ?

Il faut bien sûr être prudent et se garder de tirer des conclusions prématurées. Cela étant, un recul de plusieurs années n’est pas négligeable. D’autant que certaines études ont montré que plus le temps passe, plus le risque de passage à l’acte baisse. Je pense en particulier à une publication américaine portant sur les «revenants» de zones tenues par les djihadistes. Il peut cependant arriver qu’une durée importante s’écoule entre une première infraction terroriste et la récidive. L’exemple le plus connu en France est celui de Chérif Kouachi, arrêté en 2005 alors qu’il s’apprêtait à partir en Irak. Dix ans plus tard, il a perpétré la tuerie de Charlie Hebdo, avec son frère Saïd.

Encore une fois : les résultats de mon étude sont encourageants, mais ils ne doivent pas inciter à crier victoire trop vite. Ils permettent simplement de penser qu’on ne fait pas fausse route. Il s’agit de continuer à travailler, prudemment et modestement, en observant aussi la manière dont la mouvance djihadiste pourrait évoluer et s’adapter.

L’auteur des attentats de Vienne en 2020 avait réussi à tromper les programmes de déradicalisation. Comment s’assurer qu’un repenti ne pratique pas la taqîya , la dissimulation?

Les professionnels qui travaillent dans les programmes de désengagement ne sont généralement pas naïfs et se posent bien sûr cette question. Pour tenter de détecter la taqîya [concept notamment utilisé chez les penseurs de l’islamisme, qui prône une dissimulation stratégique de la foi dans un contexte de conquête, ndlr] , ils misent sur la pluridisciplinarité des évaluations et sur l’intensité de la prise en charge. Concrètement, cela signifie que les individus qui suivent le programme PAIRS sont accompagnés par une équipe intégrant des professionnels de différentes disciplines (éducateurs, psychologues, islamologues, etc.) et que la prise en charge peut aller jusqu’à 20 heures par semaine pendant plusieurs mois. Par ailleurs, en parallèle du programme, les services de renseignement continuent à exercer leur surveillance.

Comment fonctionne la déradicalisation en France ? Quelles évolutions depuis 2016 ont permis ces résultats encourageants ?

Pour faire simple, la prise en charge repose sur trois piliers. Le premier est l’accompagnement social. Il s’agit d’aider les personnes à reprendre une vie aussi normale que possible, notamment en matière de logement et d’emploi. Le deuxième pilier est psychologique : une proportion conséquente d’individus souffre de troubles psychologiques et quelques-uns ont même des maladies psychiatriques. Le troisième pilier est idéologique. Des médiateurs du fait culturel et religieux – qui sont soit des aumôniers, soit des islamologues –, ont été recrutés pour déconstruire les discours radicaux et orienter vers une pratique apaisée de la religion.

Au terme de votre étude, quel jugement portez-vous sur le système français par rapport à ceux d’autres pays occidentaux?

La France s’est intéressée tardivement à la contre-radicalisation. Si l’on se limite à l’Europe, plusieurs autres pays ont commencé bien avant. On peut par exemple citer le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore les pays scandinaves. Certaines expérimentations passées, comme le centre de déradicalisation de Pontourny, ont suscité des critiques à l’étranger. Il me semble que les programmes RIVE et PAIRS répondent aux standards internationaux et mériteraient d’être davantage connus à l’étranger. Le partage de retours d’expérience entre différents pays ne peut être que positif. C’est dans cette logique que mon étude a fait l’objet d’une traduction en anglais.

 
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Boualem Sansal

Publié le 5 février 2021
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 «La pandémie est une opportunité rare pour l’islamisme et le calife Erdogan»

L’écrivain algérien revient sur une année marquée par la pandémie, mais aussi, en France, par une nouvelle vague d’attentats islamistes. 

Par Alexandre Devecchio

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Notre pays en 2020 lui fait penser à l’Algérie des années 80, juste avant la décennie noire des années 90.
En France, l’année 2020 a été marquée par la pandémie de Covid-19 mais également par une nouvelle vague d’attentats. Comment analysez-vous cette année 2020 si particulière?

Quatre choses m’ont frappé:

1- L’incroyable hystérie qui s’est emparée de la France face à la pandémie, qui a littéralement tournée à l’émeute civile, pour ne pas dire guerre civile, à propos de tout: l’hydroxychloroquine, le trio Raoult-Péronne-Toussaint, le confinement versus les libertés, les conséquences économiques, les inconvénients probables et les avantages supposés de la vaccination. Le moins qu’on puisse dire est que sur toutes ces questions le gouvernement a été en-dessous de tout. De quelle maladie souffre-t-il, le sait-on?

2- Le comportement des médias m’a choqué et inquiété. Il m’a rappelé l’Algérie des années 70-80, son parti unique, ses commissaires politiques, ses procès nocturnes, ses autodafés, ses journalistes qui exigent la mort des traitres.

3- L’attitude de la population. Prise en étau entre l’autorité politique et l’autorité médicale et leurs injonctions contradictoires, elle s’est ou cabrée ou soumise, dans les deux cas sans vraiment chercher à comprendre. C’est inquiétant comme les contradictions de l’autorité peuvent diviser la société. Les uns sont allés vers les ‘rebelles’, tels les professeurs Raoult, Péronne et Toussaint, les autres se sont fait les agents de l’autorité et ont pris à partie les ‘rebelles’, les ont dénoncés, parfois molestés. Avant de parler, les autorités devraient tourner sept fois la langue dans leur bouche. En se mettant au service des uns ou des autres, la presse y a ajouté un touche stalinienne.

4- L’attitude des islamistes qui ont profité de l’état de faiblesse et de division du pays pour tenter de l’achever, ce qu’ils ont toujours fait ailleurs, quand la bête est blessée, c’est la curée, ils accourent de partout. L’explication est qu’ils ont été fortement touchés par la pandémie dans leurs quartiers ou qu’ils ont choisi d’attendre que le fruit pourrisse et tombe tout seul, dans leur esprit la pandémie est une punition d’Allah, elle travaille donc pour eux. Patience, folie et machiavélisme sont les trois composantes de leur nature. Quoiqu’il en soit l’Europe et la France sont affaiblies pour longtemps. L’islamisme a de beaux jours devant lui.

Les attentats contre les juifs vont connaître une recrudescence, il faut s’en inquiéter.

En France mais aussi ailleurs dans le monde, notamment en Algérie, quelle lecture les islamistes font-ils de la pandémie? Y-voient-il une opportunité de faire avancer leur cause?

Pour les islamistes tout est opportunité pour avancer dans leur plan mais ils savent aussi attendre, reculer pour mieux sauter, faire silence pour installer le suspens puis surprendre et terroriser, ils savent aussi perdre et changer de stratégie au pied levé. Tout l’art de la guerre est là. La pandémie les arrange, elle tue, elle mine la société et le gouvernement. Mais au-delà, je crois que les islamistes se trouvent aujourd’hui dans une situation inédite qui les oblige à repenser leur plan. Il y a en premier le processus de normalisation des pays arabes avec Israël. Il les déroute, iIs ne savent trop s’il est pour eux une nakba ou une formidable opportunité. Ils savent qu’ils seront durement réprimés dans les pays arabes qui pactisent avec Israël et que celui-ci va s’empresser de leur fournir la technologie pour les combattre, mais c’est aussi une formidable opportunité car l’islamisme radical va exploser dans ces pays. Au Maroc, les manifestations contre la nakba ont commencé, elles vont s’amplifier et se répandre dans le monde arabe et se connecter sur de nouvelles bases aux banlieues françaises. Les attentats contre les juifs vont connaître une recrudescence, il faut s’en inquiéter. La France laïque, amie d’Israël et du Maroc sera spécialement ciblée. L’autre phénomène qui les fait réfléchir est la nouvelle démarche de la Turquie qui passe de l’islam politique à l’islam militaire tous azimuts, en Arménie, en Libye, en Syrie, en Méditerranée. C’est le rêve des islamistes purs et durs, sortir du prêchi-prêcha clandestin et du terrorisme artisanal, pour mobiliser la oumma et passer au djihad sous la bannière d’un grand calife. Sans la oumma et un calife pour la conduire dans le djihad, l’islam est orphelin, il ne peut pas vaincre, c’es un credo de base. L’état de fragilité dans lequel se trouvent le monde arabe, l’Europe, l’Amérique et l’Iran chiite est une opportunité rare, l’islamisme et le calife Erdogan ne peuvent pas ne pas en profiter.

En Algérie, la pandémie a-t-elle mis fin aux espoirs du Printemps algérien en 2019 ou la transformation politique peut-elle encore se poursuivre? Qui sont les grands vainqueurs de la pandémie: l’armée, les islamistes, le mouvement révolutionnaire?

Les Algériens veulent envers et contre tout continuer à croire au Hirak. Ils se sont trop investis dans cette démarche pleine d’espoir pour l’abandonner. Ils attendant avec impatience la fin de la pandémie pour reprendre leurs marches. Ils n’ont pas d’autres choix, c’est ça ou plier devant l’appareil répressif colossal que le Système a mis en place, mobilisant l’administration, l’armée, les forces de l’ordre, la justice, les médias, les milices ou s’en remettre aux islamistes qui ont profité du Hirak pour se mobiliser, s’organiser et se connecter aux organisations islamistes à l’étranger, dont plusieurs ont été créés par d’anciens dirigeants du FIS, tel le parti Rachad, dirigé par le physicien atomiste Mourad Dhina et l’ex-diplomate Larbi Zitout, tous deux installés en Suisse, très liés à l’AKP et au Qatar, aux Frères musulmans, et d’autres organisations plus confidentielles. Dhina est également fondateur et président de l’ONG Alkaram (Dignité)

Nous voyons déjà le retour des pénuries, de l’inflation et des émeutes des années 80 qui avaient permis la coagulation de divers courants islamistes, l’émergence du FIS…

A mon avis, le Hirak qui n’a rien obtenu en 12 mois de marches massives, sinon le plaisir d’avoir beaucoup nargué le pouvoir et une grande sympathie internationale, n’en obtiendra pas davantage maintenant que l’armée, un moment déstabilisée par la guerre des clans autour de la succession de Boutefika, s’est reprise, a fait le ménage dans ses rangs et se trouve aujourd’hui au mieux de sa forme, d’autant que le président-désigné Tebboune, durement frappé par la Covid-19 semble ne plus être en mesure de gouverner et de s’imposer. Je pense que c’est la crise économique dramatique dans laquelle le pays s’enfonce qui va décider de la suite des évènements. Nous voyons déjà le retour des pénuries, de l’inflation et des émeutes des années 80 qui avaient permis la coagulation de divers courants islamistes, l’émergence du FIS et la spirale infernale des attentats et de la répression, avec cette différence que l’appareil de répression s’est considérablement développé ces vingt dernières années.

Pour revenir à la France, notre situation vous rappelle-t-elle celle de l’Algérie dans les années 90 où le contexte est-il trop différent?

Elle me rappelle plutôt l’Algérie des années 80. Dans les années 90 la guerre civile battait son plein avec des massacres au quotidien, doublée d’une crise économique extrême qui a amené le gouvernement à faire appel au FMI et à appliquer une thérapie qui n’a eu pour tout effet que de préparer le terrain au système de corruption que Bouteflika à partir de 2000 allait pousser à des niveaux jamais vus. Les années 80 ont été marquées d’un côté par un déclin économique rapide, dû à la chute brutale du prix du baril, et de l’autre par la montée de l’islam politique et l’apparition des premiers attentats islamistes. La France est dans une situation similaire, elle connaît un déclin industriel grave, une montée de la pauvreté et du chômage, une dette publique qui l’écrase, une angoisse existentielle qui paralyse la société, des attentats islamistes sporadiques, le tout aggravé, comme en Algérie, par un pouvoir arrogant, autiste, en rupture avec le peuple, clairement incapable de sortir le pays de la zone des tempêtes et redonner à la France foi en elle.

Personne, même au plus haut niveau de l’Etat, ne bouge sans avoir à ses côtés un musulman de service, un imam, un islamologue, un associatif islamiste, pour lui souffler les questions et les réponses.

Boualem Sansal

Cinq ans après les attentats de 2015, que révèlent la décapitation de Samuel Paty, mais aussi celles de Notre-Dame de Nice? Avons-nous vraiment progressé dans le combat contre l’islamisme?

La France a progressé dans la lutte contre le terrorisme. Les services de sécurité ont acquis de l’expérience et tissé des liens de coopération avec les services de sécurité européens et maghrébins. Sur le reste la France n’a pas avancé d’un iota ou a même régressé. L’islam politique se porte très bien, il se fait même arrogant, il a réussi à s’imposer en interlocuteur incontournable de l’Etat sur toutes les questions liées à l’islam, aux banlieues, à l’économie islamique, à l’émigration, à l’intégration. Son influence confine dans certains domaines à la cogestion. Personne, même au plus haut niveau de l’Etat, ne bouge sans avoir à ses côtés un musulman de service, un imam, un islamologue, un associatif islamiste, pour lui souffler les questions et les réponses. Avec ses innombrables associations et la pression épuisante qu’elles exercent sur la société, l’islamisme met peu à peu la France à l’heure islamique. La question de l’islam quant à elle n’est abordée que sous l’angle de l’utopie. Quand on voit l’état dans lequel l’islam se trouve dans les pays musulmans, quand on voit l’indigence des travaux de ses «savants», jusque dans la vénérable université d’al Azhar, quand on voit ce que l’islamisme produit de régression dans les banlieues françaises, et à quoi la culture islamique se réduit et qu’on prend la mesure des blocages psychologiques qu’elle installe chez les fidèles, on se demande où la France va-t-elle trouver cet islam des lumières qui a disparu du monde musulman lui-même depuis le 12e siècle. L’islam de/en France est ce qu’il est dans les pays musulmans, ni plus ni moins. Ceux qui parlent d’islam des Lumières qui reviendrait enchanter le monde n’ont en vérité qu’un but, se mettre eux-mêmes en lumière et prendre leur part de l’affaire. L’islam, comme toutes les religions et toutes les idéologies, ne peut s’épanouir dans la lumière que dans une société qui elle-même progresse dans la lumière. Ceux qu’on voit tourner autour de la question de l’islam de/en France sont des fonctionnaires, des chargés de mission, des apparatchiks.

En France, certains observateurs continuent de pointer comme responsable notre modèle républicain et laïque. Qu’en pensez-vous?

Je dis qu’ils se trompent. L’islam ne vient pas dans un pays pour souffrir de ses codes et se soumettre, il vient pour prêcher et convertir, avec la volonté affichée d’un faire un pays musulman, telle est sa nature et c’est la nature de toute religion, toute idéologie. Il prend de ce pays ce qui lui convient, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, etc, s’accommode de ce qui lui déplait ou le rejette et cherche par tous les moyens de le modifier à son avantage. S’il n’y parvient pas, il s’en va ou il crée autour de lui une communauté islamique fermée au monde.

Ce sont les islamistes qui dénoncent la république et la laïcité, pas les musulmans. Nous n’avons pas à faire droit à leurs exigences, nous avons à les convertir à la république, à la laïcité, au respect de la loi nationale, et à les combattre en cas de refus d’obtempérer.

La meilleure façon d’encourager l’islamisme c’est de lui céder.

Boualem Sansal

Si nous renoncions aux caricature aurions-nous une chance, si non de faire reculer l’islamisme violent, au moins de faciliter l’intégration des musulmans?

Comme on ne peut pas demander à un Corse de vivre comme un Alsacien, un catholique de vivre comme un protestant ou un juif, on ne peut pas demander à un musulman de vivre comme un athée ou un chrétien. Ce qu’on peut demander à tous et le rappeler en cas d’oubli c’est de se conformer au modèle national défini par la loi. Voilà la voie pour l’intégration des musulmans, ce que beaucoup d’entre eux acceptent volontiers, et qui a ses adeptes jusque dans les pays musulmans, y compris les plus orthodoxes. La Liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de critiquer, de blasphémer font partie du modèle français, que partagent de très nombreux pays dans le monde. Mais la meilleure intégration est celle que le musulman réalise de lui-même, volontairement ; l’intégration imposée le pousse dans la taqiya et la taqiya le pousse vers le communautarisme, l’islamisme et le séparatisme. Le modèle national n’est pas un prêt-à-porter, il est l’âme profonde du pays, son ADN, le fil d’argent qui lie ses habitants par-delà les différences. Gare aux apprentis sorciers qui voudraient y toucher.

La meilleure façon d’encourager l’islamisme c’est de lui céder. L’islamiste est un vrai macho, il respecte le courageux et méprise le lâche qui le supplie et lui lèche les babouches.

L’homme n’est pas fait pour les religions.

Dans votre dernier roman, Abraham revient sur terre pour fonder une nouvelle alliance… D’une certaine manière, le prophète, n’est-ce pas vous?

Si par malheur Dieu me parle un jour, je ne le dirais à personne, j’aurais trop peur de me retrouver à la tête d’une nouvelle religion, qui naturellement produira ses illuminés et ses guerres. Si Moïse, Jésus et Mahomet revenaient sur terre, je crois qu’ils regretteraient de nous avoir éclairés. L’homme n’est pas fait pour les religions. Il a besoin d’apprendre à se parler lui-même, à se grandir par son énergie propre, par là il pourrait un jour rencontrer Dieu, s’il existe réellement.

Que prophétisez-vous pour 2021? Et si vous deviez faire un vœu?

Inutile de prophétiser, nous savons déjà de quoi sera fait 2021, de confinements, de faillites en cascade, d’administrations débordées, de gouvernements plus inconséquents que jamais, de peuples en colère. Ma boule de cristal me dit que 2022 sera intéressante à vivre, les peuples voudront sortir du cauchemar 2020-2021. Mon vœu et mon conseil est qu’ils cessent de se laisser mener par le bout du nez et apprennent à réagir au début des crises et pas attendre qu’elles soient consommées pour venir se lamenter et chercher des coupables.

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Zineb El Rhazoui

Publié le 5 février 2021
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 « Je ressens le besoin impérieux de déposer les armes »

ENTRETIEN 

Zineb El Rhazoui figure sur la liste des personnalités sélectionnées pour le prix Nobel de la paix 2021. Toujours militante, elle entend changer de méthode.

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Propos recueillis par Clément Pétreault

L’ancienne journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui figure sur la liste des personnalités sélectionnées pour le prix Nobel de la paix 2021. L’occasion pour cette Franco-Marocaine formée à la Sorbonne de rappeler son engagement historique en faveur des droits humains. Épuisée par des années de combat politique, elle affirme que la virulence des débats dans lesquels elle s’est souvent engagée n’a jamais fait disparaître son humanité, au contraire.

Le Point : Comment vous êtes-vous retrouvée sur la liste du prix Nobel de la paix 2021 ?

Zineb El Rhazoui : La Norvège, où siège le Centre Nobel de la paix, est un pays où mes engagements sont connus depuis des années. Ce royaume scandinave est aussi celui des droits humains. Ce n’est pas un hasard si le comité olympique norvégien a lancé le mouvement de boycott de l’Afrique du Sud pour dénoncer le régime d’apartheid, car la Norvège est le pays qui dépense le plus par habitant pour soutenir la paix, la liberté et l’égalité hommes-femmes à travers le monde. Dès 2011, lorsque mon engagement en faveur du Printemps arabe au Maroc m’a valu des ennuis, la société civile norvégienne a été à mes côtés. La fondation Icorn (International Cities of Refuge Network), qui siège a Stavanger et apporte son soutien aux écrivains et journalistes persécutés à travers le monde, m’a tendu la main pour que je puisse reprendre sereinement mon travail de plume. L’étape d’après, c’était Charlie Hebdo. En 2015, lorsque la France a été frappée par le terrorisme islamiste, la Norvège, qui avait elle-même été ensanglantée par le terrorisme suprémaciste blanc en 2011, n’a pas manqué de témoigner sa solidarité et son amitié. Le réseau “Oslo Freedom Forum” a été l’un des premiers à m’apporter son appui afin de dénoncer le calvaire de ceux qui, comme moi, défendent la liberté d’expression, notamment lorsqu’elle vexe cette frange ultraradicale et violente de la société que sont les islamistes. Aujourd’hui, je suis membre de l’organisation non gouvernementale norvégienne LIM (Égalité, Intégration, Diversité), qui a été créée en 2011 par des laïques musulmans dans le but de défendre les valeurs libérales et séculières et contrecarrer toute ségrégation sociale sur une base ethnique ou religieuse. Tous ces liens se sont traduits au fil des années par de multiples voyages en Norvège, où j’ai pu accorder de nombreuses interviews à la presse écrite ou audiovisuelle. D’ailleurs, mon dernier livre a été traduit en norvégien et publié en fin d’année sous le titre Je suis Charlie. C’est ainsi que j’ai appris ma nomination pour le prix Nobel de la paix 2021, il y a une dizaine de jours, par un homme politique norvégien, Jan Bohler. J’en suis encore bouleversée.

En quoi estimez-vous œuvrer pour la paix ?

À l’origine de mon engagement, il y a le refus. Celui de céder ma liberté, de participer à un système socioculturel qui m’apparaissait fondamentalement inique, notamment envers les femmes. Mon engagement public est à l’image du combat personnel que j’ai mené pour transcender les déterminismes idéologiques qui m’ont été inculqués par mon éducation. Cela n’a pas été de tout repos, mais cela valait le coup. Aujourd’hui, je reconnais que, là où les femmes souffrent, les hommes qui endossent bien volontiers la fonction de bourreau souffrent aussi, même sans le savoir. Le monde musulman dont je suis issue n’est pas une verrue sur la face de l’humanité comme le dépeignent les extrémistes, il est l’humanité dans toute la relativité de sa condition. J’ai la conviction que les affres qui secouent les sociétés musulmanes sont d’abord le symptôme d’une immense souffrance, et mon message n’est rien d’autre qu’une invitation à sortir de ce cycle infernal.

La paix commence lorsqu’on réalise que ce que l’on veut pour l’autre, c’est ce que l’on veut pour soi. J’ai toujours espéré que mon parcours soit pour les jeunes issus de la culture musulmane l’incarnation d’un autre possible, et qu’il leur inspire leur propre quête de libération. En France, je n’ai cessé d’appeler à prendre au sérieux la violence de l’idéologie islamiste, tout en témoignant – à travers ma propre histoire – que cette violence n’est ni un atavisme ethnique, ni une fatalité culturelle, et qu’il fallait donc y faire face avec l’outil le plus précieux que nous possédons : l’universalisme républicain.

Les droits de l’homme sont aujourd’hui tiraillés entre deux camps, ceux qui croient en des droits universels et ceux qui veulent intégrer une composante culturelle – et notamment religieuse – à ces droits. Quelle est votre vision des choses ?

Je vois là un non-sens. L’universel, c’est ce qui est bon pour tout le monde. D’ailleurs, les droits humains traitent bien mieux les religions et les différences culturelles que les religions et les cultures ne le font elles-mêmes entre elles, car la liberté de conscience et de culte ainsi que les spécificités culturelles font partie intégrante des droits humains universels. Ce que d’aucuns appellent la « composante culturelle ou religieuse » des droits humains n’est bien souvent qu’une tentative d’obtenir une dérogation aux droits universels pour imposer certaines violations aux droits humains défendues par certaines religions ou traditions culturelles. Peut-on par exemple tolérer l’immolation des femmes sur le bûcher de leurs époux comme cela se pratiquait en Inde au nom du respect de la liberté de culte ou de la spécificité culturelle ? Aucune inégalité hommes-femmes, aucune privation de liberté individuelle ou répression de la liberté d’expression ne doit être tolérée au prétexte de croyances collectives.

Mais les religieux que vous ciblez régulièrement expliquent, eux aussi, qu’ils œuvrent pour la paix…

Amen ! Qu’ils la fassent donc, sans attendre ! Qu’ils nous montrent l’exemple en étant capables de cette reddition sans conditions à la paix. Faire la paix, ce n’est pas seulement la clamer, c’est d’abord la faire avec soi-même. Faire la paix, ce n’est pas dire : « Je suis en paix, sauf si l’on me provoque en dessinant mon prophète. » Non. Faire la paix, c’est d’abord s’interroger sur soi, sur son incapacité à puiser en soi la paix véritable et les ressorts du pardon, justement lorsque l’autre dessine mon prophète. Les religieux qui se présentent comme les dépositaires du message divin devront reconnaître que, si message il y a, c’est un message qui s’adresse à tous. Libre donc à chacun d’y répondre de la façon qui lui convient, fût-ce par le refus, le rejet ou l’ironie. L’écueil majeur auquel se heurtent ces religieux qui prétendent faire régner la paix par la coercition, c’est qu’ils ont oublié que la spiritualité est universelle, bien que la religion qu’ils représentent puisse en être une voie. La spiritualité comme la paix ont toujours été des valeurs laïques.

On assiste à un phénomène étrange dans les pays dit occidentaux : alors que les inégalités de droit n’ont jamais été aussi réduites – sans avoir disparu, loin de là –, les discours militants n’ont jamais été aussi véhéments. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne prends pas ce phénomène très au sérieux. Après tout, les démocraties occidentales ne le seraient plus si elles ne permettaient pas la liberté d’expression, de protestation et de manifestation. Libre donc à chacun de défendre sa chapelle s’il le souhaite. Toutefois, il conviendrait de regarder au-delà de ce qui apparaît comme une surenchère victimaire jamais comblée. Ce que je trouve inquiétant, c’est cette recherche effrénée de division, d’étiquetage et de fabrication de nouveaux « moi » collectifs, car, fondamentalement, l’espèce humaine est solidaire face aux défis qui se présentent à elle : vivre en paix dans une planète viable. Il n’y a que cela qui devrait nous préoccuper, quelles que soient les formes que prend notre engagement.

À quoi ressemblerait un monde dans lequel vos combats politiques l’auraient emporté ?

J’aime ces questions utopiques, car elles sont toujours une occasion de rappeler que l’utopie est un rêve possible. Dans un monde où mon combat l’aurait emporté, il n’y aurait plus de combat. Sans attendre ce jour, je suis arrivée à un moment de mon parcours où je ressens moi-même le besoin impérieux de sortir du combat, de déposer les armes et de me placer sur le terrain de la non-violence. Cela fait quelques mois que je me suis mise en retrait pour observer avec plus de distance le chemin parcouru jusqu’ici. En regardant à l’intérieur de moi, j’ai compris que la violence dans laquelle je vivais n’a jamais tué en moi le besoin d’aimer, même mes adversaires. J’ai réalisé que mon besoin de positivité signifiait qu’il fallait que je sois d’abord capable de l’insuffler aux autres. Et c’est au cours de ce cheminement spirituel que la nouvelle de ma nomination pour le prix Nobel de la paix est tombée, comme un signe qu’il fallait dorénavant continuer la lutte autrement : avec paix et amour.

 

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