La France est engagée au Sahel et au Levant contre les groupes liés à al-Qaida et à Daech. «L’enjeu est d’entretenir et de densifier ce combat contre le terrorisme sans négliger ce qui se dévoile déjà» , a-t-elle déclaré en citant la compétition entre puissances qui laisse planer le risque d’affrontements majeurs. Alors que la France se prépare à «ajuster» son dispositif au Sahel , Florence Parly a décrit l’émergence d’un «djihadisme 3.0» : clandestin, sans territoire, imprévisible.«Depuis plus d’un an, nous observons une forme de mue du terrorisme. Acculé, l’ennemi se transforme, change ses méthodes, ses moyens d’action et les lieux où il agit: le terrain mais aussi les champs de bataille immatériels» , a-t-elle noté. «Dans le domaine du cyber et de la manipulation de l’information, les groupes terroristes montent en gamme et s’adaptent» , a-t-elle poursuivi en insistant sur la nécessité, sur le territoire national, «de se protéger des guerres d’influence et de désinformation auprès des populations» . En France, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) est chef de file dans la lutte contre le terrorisme.
Des opérations ciblées
Sans mâcher ses mots contre les tenants d’une idéologie «de mort» qui pratiquent des massacres, des amputations ou des décapitations, le directeur général de la sécurité extérieure, Bernard Émié, a décrit l’action de son service: la collecte de renseignement ou l’identification des cibles. «Daech est particulièrement actif dans la zone des Trois Frontières. C’est un espace grand comme un quart de la France et nous cherchons quelques centaines d’individus très mobiles» , a-t-il indiqué.
Le GVIM, la filiale d’al-Qaida au Sahel, «tente d’apparaître plus présentable en se dissimulant dans la population tout en enrôlant des jeunes désœuvrés» , a-t-il noté. Mais «ces individus sont des assassins. Depuis le Mali, ils ont travaillé à des attaques contre nous et contre nos partenaires. Ils réfléchissent à des attaques dans la région ou en Europe» , a-t-il insisté. Bernard Émié a insisté sur la volonté d’al-Qaida d’étendre son influence vers le golfe de Guinée en «disséminant» des hommes en Côte d’Ivoire ou au Bénin. Le directeur de la DGSE a défendu les opérations ciblées qui ont permis d’éliminer certains leaders. Ces actions «visent à favoriser ce processus» de paix au Sahel, a-t-il estimé. «Au Levant, Daech continue d’exister sous forme insurrectionnelle» , a-t-il prévenu. «La menace reste à un niveau très élevé» , a-t-il dit.
Enfin, le général Lecointre a présenté l’action concrète des armées, et notamment des forces spéciales, pour neutraliser ou idéalement appréhender les terroristes. «La volonté de capturer les chefs (djihadistes) conduit à exposer nos soldats» , a-t-il souligné. Comme ses pairs, il a insisté sur la dimension cyber et informationnelle de la lutte antiterroriste. Le Comcyber (le commandement cyber) «conçoit et monte des opérations contre les organisations terroristes» , a-t-il expliqué, pour réduire ou neutraliser leurs capacités, ou encore modifier leurs perceptions. Le général Lecointre n’en a pas dit davantage. La nouvelle guerre contre le terrorisme doit être discrète pour être efficace.
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