« Ça explose »
…à Strasbourg, les services de pédopsychiatrie arrivent à saturation

Dans le service de pédopsychiatrie des hôpitaux universitaires de Strasbourg, les soignants sont en première ligne face à ce qu’on appelle ici « la troisième vague psychique » du covid-19. Les appels sont nombreux et le téléphone sonne régulièrement. « On peut en avoir dix d’affilée, et plus urgents les uns que les autres », explique Catherine à l’accueil. Les jeunes sont particulièrement concernés.
« Effet cocotte-minute »
Le confinement, le couvre-feu, les cours en distanciel, l’absence de sorties, l’isolement, la solitude en sont les causes principales. « Pendant des mois, ils ont pris sur eux et c’est maintenant que ça explose », dit la pédopsychiatre Julie Rolling qui parle d’une « effet cocotte-minute ». Elle explique que certains types de tentatives de suicide comme la pendaison, particulièrement grave, ont augmenté significativement : « Habituellement, on en a quelques-unes chaque année et là on est déjà à quatre tentatives de suicide de ce type depuis le début de l’année. »
Le manque de places à l’hôpital est aussi une source d’inquiétude pour les professionnels de santé. Julie Rolling évoque le cas d’une adolescente ayant effectué une quatrième tentative de suicide et qui a été ballotée entre différents services, tous complets, avant de trouver une place dans un lit de chirurgie en pédiatrie. « C’était la solution la moins catastrophique », juge-t-elle. La pédopsychiatrie est saturée, comme l’étaient les services de réanimation au printemps dernier. Les équipes réclament désormais des moyens et du personnel.
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