De l’empire romain à nos jours, la communauté juive a apporté beaucoup à la France avec la diffusion de la littérature rabbinique, de la médecine et de la philosophie. Une communauté prospère, érudite, pacifique qui a marqué notre Histoire. Histoire des juifs de France (1/2)
Sarah Brunel, retrace, dans cette première partie, l’Histoire de la communauté juive française de l’Antiquité jusqu’au début du XIXème siècle, avec Michael Barer,entrepreneur et consultant, fondateur de Comprendre le judaïsme et membre fondateur de l’association Les racines de demain et Ruth Ouazana, présidente de l’amitié judéo-chrétienne de Lyon, formatrice en management interculturel, secrétaire générale du forum internationale des scouts juifs.
UNE COMMUNAUTÉ MINORITAIRE MILLÉNAIRE
Les juifs sont présents très tôt sur le territoire, dés l’Empire romain. C’est la minorité la plus ancienne identifiée sur le sol français. Aprés la destruction du deuxième temple de Jérusalem en l’an 70, de nombreux juifs doivent s’exiler et partent notamment “tout autour de la méditérranée dans ce qu’on appelle la diaspora. Et la Judée à l’époque était déjà une province romaine […] et Hérode Antipas va exiler plusieurs juifs à Lugdunum […] et on va retrouver également des traces archéologiques qui sont trouvées non loin de Cavaillon” raconte Ruth Ouazana.
Différentes raisons permettent de penser que les nombreux objets retrouvés, comme des lampes à huile, une ménora ou encore une bague, sont d’origine juive car “on retrouve à chaque fois le chandelier à sept branches, qui est le symbole du chandelier qui éclairé le grand temple de Jérusalem et qui est le symbole des juifs” ajoute-t-elle.
Les juifs sont particulièrement présents dans le sud de la Gaulle à l’époque romaine, puis au Moyen-Âge en Provence et dans le Languedoc, jusqu’au XIIIème siècle “entre Bézier, Montpellier et Carcassonne […] où il y avait de grandes Yeshivotes, de grandes écoles talmudiques de l’époque” explique la présidente de l’amitié judéo-chrétienne à Lyon.
LES ROIS CAPÉTIENS : UNE PÉRIODE SOMBRE POUR LA COMMUNAUTÉ JUIVE
Avec un développement de la communauté et un rayonnement des savoirs importants jusqu’au Moyen-âge, le XIIIème siècle va être plus difficile à vivre pour les juifs de France avec l’arrivée des rois capétiens et de leurs politiques anti-juifs. À travers l’Europe “des expulsions vont se faire au fur et à mesure des royaumes, notamment à partir des croisades, et qui vont amener la population juive d’Europe à être en perpétuel mouvement, en perpétuel lien avec tous les royaumes, avec les communautés juives qui s’essaiment un petit peu dans toute l’Europe, ce qu’on appellera les ashkénazes” explique Michael Barer.
Des légendes urbaines vont naître et accuser la communauté juive de tous les maux. Certaines persécutions vont, par exemple, être liées à des maladies “qui vont être attribuées à une population juive, par exemple la peste noire au quatorzième siècle et les juifs sont massacrés en masse parce qu’ils sont mis comme responsables face à ces choses-là” observe Michael Barer.
L’ÈRE MODERNE : LE TEMPS DE L’ÉMANCIPATION
À la fin du XVIIème, l’Europe est en mouvement et les choses avancent pour la communauté juive. Le temps de l’émancipation est arrivé. À cette époque, le philosophe Moïse Mandelssohn du mouvement des Lumières, va être moteur dans la sédentarisation de la communauté juive et son intégration dans la société.
La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen est un premier pas “qui permettait d’avoir une première égalité pour les communautés juives qui étaient minoritaires à l’époque” explique Ruth Ouazana. En 1791, 40 000 juifs par un acte de la constitution deviennent citoyens. Par le suite, le Concordat en 1802 confirmera la liberté des cultes protestants et juifs en France.