Vues:
306
La menace que représente cet islam politique est protéiforme et multifactorielle
L’islam fondamentaliste atteint en France un seuil critique d’influence qui fait désormais peser un véritable danger sur la vie démocratique de la nation.
Les réseaux islamistes ont investi un ensemble de champs et d’institutions leur permettant de fabriquer des individus dont la vision du monde est étrangère au lègue de l’héritage politico-culturel français.
La menace que représente cet islam politique est protéiforme et multifactorielle :
prolifération terroriste, rupture du contrat social français, rejet profond des valeurs républicaines, aggravation des tensions intercommunautaires, confessionnalisation de la citoyenneté, repli communautaire…
Le risque ultime que font peser les quatre mouvements islamistes les plus actifs – Frères Musulmans, salafistes, tabligh, turcs – est l’avènement d’une contre-société sur le territoire national.
Ce risque se matérialise et s’intensifie alors que près de 53% de français de confession musulmane pratiquent un islam “conservateur” voire “autoritaire” qui confine à une forme de sécessionnisme politique et social pour 28% d’entre eux. Le “marché du croire” devient un oligopole partagé entre les factions islamistes dont l’influence est la plus néfaste, et ce marché se développe selon les codes du monde libéral contemporain, qu’il entend cependant contester.
La puissance des réseaux islamistes et leur prolifération sont la résultante d’une incapacité chronique à analyser leurs stratégies et leurs moyens d’action de manière globale dans des champs aussi névralgiques que l’éducation, le monde de l’entreprise, le contrôle des lieux de culte, internet et les réseaux sociaux, les œuvres caritatives.
Ceux-ci ne doivent pas être interprétés comme des actions contingentes mais prises dans la cohérence des stratégies de chaque réseau, qui répondent à des fondements idéologiques et théologiques bien souvent oblitérés.
Les mouvances islamistes en France
Les Frères musulmans représentent le mouvement le plus structuré et le plus influent sur le territoire national. La Confrérie dispose d’une assise importante en raison du nombre de lieux de culte qu’elle contrôle par le biais des Musulmans de France, de son quasi-monopole sur la formation des imams, de sa visibilité médiatique et des procédés sophistiqués de guerre de l’information qu’elle met en œuvre pour attaquer ses ennemis idéologiques.
Le mouvement salafiste, s’il ne dispose pas de structure organisationnelle à l’échelle nationale et qu’il est hétérogène, connaît une croissance exponentielle en France. En effet, sa capacité à utiliser les nouvelles technologies et à se rendre attractif auprès d’une jeunesse musulmane dépourvue de repères collectifs et identitaires fait de lui l’offre religieuse la plus dynamique sur le territoire national. La majorité du mouvement salafiste est quiétiste et prône un retrait social et politique.
Le mouvement Tabligh, acteur majeur de la réislamisation des banlieues dans les années 1970, s’appuie sur une prédication et un prosélytisme de terrain auprès de populations très fragilisées sur le plan socio-économique et culturel. Le cœur de cible du mouvement tabligh repose sur les classes musulmanes populaires rurales ou péri urbaines. Ce mouvement est entièrement apolitique mais constitue un réservoir d’individus en rupture totale avec la société.
Le mouvement turc est la quatrième communauté étrangère sur le territoire national. Il est particulièrement influent dans la montée en puissance de l’islamisme en France. Très structuré, entre deux grands courants, le DITIB et le Millîs Görüs, l’Islam turc est réparti sur l’ensemble du territoire, dont une forte concentration dans l’est, ainsi que dans toute l’Europe, lui permettant de bénéficier d’un vaste réseau de financement. Ce mouvement est également largement poussé par le gouvernement du président Erdogan.
Si les projets des quatre mouvances islamistes ne se rejoignent pas, un pacte tacite de non-agression entre les mouvements semble être de rigueur. Dans des dynamiques différentes, ces mouvements ont pour dénominateur commun la volonté d’opérer un changement profond dans les rapports des français de confession musulmane à la citoyenneté, à la démocratie et au vivre-ensemble.
Les vecteurs d’influence utilisés par les réseaux islamistes évoluent sensiblement. Certains, comme le contrôle des lieux de culte et les organisations représentatives, déclinent sans être négligeables. D’autres vecteurs, comme la guerre informationnelle, médiatique et l’Internet, deviennent absolument primordiaux.
La nécessité d’une prise de conscience collective
Ce constat nous a amenés à réaliser une étude de chacun des grands mouvements islamistes actifs à l’intérieur de notre territoire, en mettant en avant ses caractéristiques principales.
La méthode de travail choisie repose sur les éléments suivants :
- Ressources humaines
- Histoire de l’implantation en France
- Organisation
- Doctrine
- Economie
- Stratégie
- Influence et communication
- Evolution
Notre travail porte sur les dérives et les liens avec les mouvements islamistes dans le monde du travail, du sport, des lieux de sociabilité (cafés) et de l’éducation ; de même qu’une analyse des ONG affiliées aux différents courants. Il intègre également toute une série d’infographies et de cartographies mettant notamment en avant l’implantation géographique des salles de prières, des mosquées associées aux courants, ainsi que les lieux de propagande et les lieux d’éducation.
Enfin, ce travail couvre aussi le champ de la guerre d’influence des mouvements en s’intéressant au langage, saisissant le double-discours des mouvements islamistes en mettant également en avant les nouvelles méthodes offensives de ces réseaux dans les champs judiciaires, numériques et médiatiques. Il a aussi été question de mettre en exergue le rôle clé joué par les médias intra-communautaires et les relais extra communautaires de ces différentes mouvances.
L’analyse ci-après s’abstiendra d’entrer dans un débat théologique relatif à l’essence de l’Islam et privilégiera une analyse des rapports de force sur le territoire national, mettant aux prises les différents courants islamistes et l’Etat français.
- Une guerre des représentations
D’une guérilla rhétorique à une manipulation d’ampleur de l’opinion qui fragilise la République
Une guérilla rhétorique
L’un des points centraux de la pénétration des Frères Musulmans dans la communauté musulmane mais aussi dans la société française en général est centré sur une tactique redoutable de guerre terminologique. En effet, les Frères Musulmans emploient de manière coordonnée, grâce à de nombreux relais, et sur le long terme, une stratégie particulièrement efficace de communication.
L’objectif final recherché est double : premièrement, une stratégie de victimisation systématique de la communauté musulmane fondamentaliste, et, deuxièmement, un positionnement de défenseur de ladite discrimination. L’utilisation du retournement rhétorique des thématiques républicaines et l’appropriation des thématiques antiracistes est caractéristique.
Ainsi, au-delà de la communauté ciblée, marché adressable des Frères Musulmans, l’ensemble de la population se trouve potentiellement influençable par leur idéologie. Les relais sont multiples : organisations musulmanes françaises et étrangères, liées ou non à l’organisation, associations gravitant autour de leur sphère, associations de type « idiots utiles », médias, réseaux sociaux et dialogue interpersonnel. Souvent même, certaines personnalités et sensibilités politiques.
La première réussite de cette guérilla informationnelle et idéologique est de parvenir à confondre dans l’opinion cible et l’opinion générale les discriminations antimusulmans (rejet massif et haineux de l’islam en tant que religion, sanctionné par les lois de la République), et le rejet du fondamentalisme musulman (lui légitime, puisque contraire aux valeurs de la République, notamment en matière de laïcité et de droits humains).
Le terme « islamophobie » est un élément phare de cette stratégie. Création des cercles de “frères” en France, son succès repose sur plusieurs éléments. Lexicalement, il renvoie à une peur haineuse de l’islam dans son ensemble, renvoyant aux termes « xénophobie » ou encore « homophobie ». Il relève ainsi de l’imposture intellectuelle, dans la mesure où ce que ce terme définit réellement est un rejet légitime d’une certaine forme de l’islam, radical et en inadéquation avec le système politique, social et sociétal français. Toute forme de critique et de débat sur les formes et pratiques les plus fondamentalistes de l’islam, telles que prônées par les Frères Musulmans, se voit dès lors étiquetée « islamophobe ».
La neutralité sur le champ des courants de l’islam (dans la mesure où toute remise en question et manœuvre défensive de la République face au fondamentalisme religieux est traduite comme un racisme antimusulman) rend ce terme aisément diffusable dans l’ensemble de la société et bloque la légitimité d’une réflexion voire d’une action régulatrice. On parvient par l’emploi massif et habilement relayé du terme « islamophobie » à décrédibiliser et rendre intolérable toute critique ou remise en question de l’islam.
Les premiers relais sont les associations liées aux réseaux des Frères Musulmans. En premier lieu desquelles on trouvait le Comité Contre l’Islamophobie en France– CCIF -, ou encore le Parti des Indigènes de la République. Notons d’ailleurs que le travail onomastique pour définir l’appellation de ces associations est particulièrement fin, le premier renvoyant aux noms de véritables structures de lutte contre le racisme ou les discriminations, le second y ajoutant la légitimité de la lutte anticolonialiste. Derrière le dessein annoncé, somme toute légitime, de lutter contre le racisme antimusulman, se cache en toile de fond le corpus idéologique fondamentaliste des frères musulmans.
Ces organisations sont le point de départ du relais de l’idéologie des Frères Musulmans par d’autres structures de moins en moins liées : milieux d’extrême gauche ou militantisme associatif, puis de gauche, puis l’ensemble de la société par compassion ou culpabilisation par rapport à une victimisation supposée. L’amalgame se fait dès lors dans l’opinion publique entre critique du fondamentalisme et racisme antimusulman. Cela passe naturellement par le terme d’islamophobie, mais également par un système rhétorique particulièrement efficace qui joue sur la victimisation et l’appel à la bonne conscience.
L’on joue ici sur les valeurs républicaines de tolérance et de non-discrimination, perçues comme un cadre de pensée légitimement inviolable par la majeure partie de la population. Cela fonctionne de manière efficace, malgré le fait que la pensée fondamentaliste s’inscrive aux antipodes des valeurs qu’elle utilise pour prospérer.
Au sein de la communauté musulmane, généralement moins bien intégrées sur le plan social, économique et culturel que le reste de la population française, ce discours est particulièrement efficace. Elle demeure sujette à un véritable racisme antimusulman, par une frange de la population rejetant l’ensemble du corpus religieux islamique et proférant un discours haineux. Mais cela ne correspond en rien à ce à quoi renvoie le terme d’ «islamophobie».
La porosité du terme et l’habileté du système rhétorique des Frères Musulmans tendent toutefois à rendre la manipulation efficace : toute critique contre l’islam fondamentaliste est confondue avec ce qui relève d’un véritable racisme et qui est sanctionné par les lois républicaines.
Le résultat d’une perception exagérée d’une attaque organisée, dont l’Etat serait complice car acteur du débat sur l’islam fondamentaliste, est le repli communautaire, pour pallier la perte de confiance dans le système global (perçu comme hostile). Les structures des Frères Musulmans (mosquées acquises, associations notamment étudiantes, protopartis politiques, médias, réseaux sociaux) prennent alors le relais et emploient le repli fondamentaliste comme moyen de reconstruire les repères sociaux et sociétaux de la communauté. Cette stratégie, rappelons-le, est parfaitement analogue aux systèmes sectaires, et appliquée ici à un ensemble d’une ampleur inégalée en France.
Dès lors, l’Etat et les valeurs républicaines se voient perdants de cette guerre de conquête par les mots. Entre une communauté musulmane happée au nom de la défense contre l’ « islamophobie » et une part substantielle de la population faisant l’amalgame entre racisme et lutte contre le fondamentalisme, il se trouve dans une posture délicate.
Le point le plus insidieux de cette stratégie s’avère être la réappropriation et le retournement des valeurs républicaines et des luttes pour les droits humains au service de la défense du fondamentalisme.
En premier lieu, la laïcité est au cœur de cette instrumentalisation. La laïcité, valeur fondamentale de la République et de la société française, entend protéger les convictions religieuses individuelles en n’en reconnaissant aucune. Dès lors, la sphère religieuse est vouée à rester dans le domaine privé, et ne doit pas interférer dans la sphère publique. Le principe de laïcité est majoritairement admis par la population et constitue la pierre angulaire de l’éducation civique transmise aux enfants français.
Ce principe toutefois, apparaît comme antinomique avec le projet politico-religieux de la confrérie de diffusion du fondamentalisme musulman. La question des signes religieux ostentatoires est au cœur de la problématique, et notamment le port du voile. Tenue caractéristique d’un islam conservateur voire fondamentaliste, le port du voile intégral est interdit en France, au motif légitime de la laïcité. Il s’agit en effet de ne pas imposer dans l’espace public un étendard de l’islam fondamentaliste.
La rhétorique des Frères Musulmans passe ici par une réappropriation et un retournement du principe de laïcité. Arguant du fait que la laïcité est avant tout l’égalité entre les religions, ils considèrent que le voile est un élément religieux aussi acceptable que le port d’une kippa, l’habit d’un moine bouddhiste ou encore le port d’une croix en collier. L’on oublie alors que le port de ces signes religieux est soumis à la condition de la discrétion, ce qui ne peut véritablement décrire le port d’une burqa. Ils défendent dès lors une laïcité sélective, instrumentalisée, afin de lui faire perdre sa légitimité en tant que valeur fédératrice et du vivre-ensemble.
Ensuite, l’on observe une manipulation inquiétante des termes employées par les organisations de la société civile classiques. Les organisations directement ou indirectement liées aux Frères Musulmans ont tendance à se définir comme des organisations apolitiques et non-confessionnelles, financées par don, à la manière des associations de type Loi 1901. La réalité est toute autre, dans la mesure où l’objectif des Frères Musulmans est éminemment politique et religieux, ayant un objectif coordonné de conquête des communautés musulmanes, et plus largement de la République (que cela soit une conquête directe, ou une action destinée à ostraciser et de prise de contrôle des populations musulmanes françaises).
Enfin, on observe un retournement des rhétoriques et des modes d’influence des mouvements pour les droits. La lutte antiraciste et anti-laïcisme n’est pas la seule réappropriée et manipulée par les réseaux des Frères Musulmans. Il s’agit également désormais de luttes aussi inattendues que le féminisme. Il est évident que l’essence féministe est en tout point antinomique avec le fondamentalisme musulman prôné et diffusé par les Frères Musulmans. Celui-ci défend une idéologie d’infériorité et d’ “objetisation” de la femme, non seulement contraire avec l’égalité femme-homme inscrite dans le droit français, mais également totalement antinomique avec le mouvement féministe actuel.
Partisans de droits civiques inférieurs pour la femme par rapport à l’homme, les Frères Musulmans sont aux antipodes du féminisme. Toutefois, malgré leur illégitimité, ils s’octroient par une manœuvre particulièrement efficace d’imposture rhétorique et intellectuelle, un vernis féministe. Le cas du voile intégral est révélateur.
Son port est ici justifié comme étant une forme de féminisme musulman. Ils manipulent l’aura féministe en l’insérant dans un prétendu paradigme ethnico-culturel, qui tendrait à démontrer que les restrictions vestimentaires imposées aux femmes relèvent de leur propre choix personnel. Elles contribueraient à leur épanouissement personnel et à leur affirmation en tant que personne. La République et l’Etat qui la défend seraient ici aveuglés par un paroxysme ethnico-centré, imprégné par une certaine conception de l’émancipation de la femme, et exerceraient leur oppression sur la femme musulmane en lui retirant son droit à se couvrir.
Ainsi, ce positionnement bénéficie de deux avantages :
- au niveau communautaire, la femme peut s’avérer sensible à ce message, masqué derrière un simulacre de féminisme, et penser que son épanouissement passe par l’acceptation de l’oppression masculine et la dissimulation de son corps présenté comme outil de tentation
- au niveau extra communautaire, l’imprégnation de l’idée d’un féminisme communautaire légitime, et le développement de l’idée selon laquelle le voile doit être admis dans l’espace public non pas comme un objet religieux fondamentaliste mais comme un droit de la femme musulmane
On observe ici encore la manipulation des valeurs de la République et des mouvements émancipateurs, fussent-ils antiracistes ou féministes. Cette guerre des mots et des rhétoriques est d’autant plus efficace qu’elle est aisément relayée et que sa contestation se heurte à un problème de légitimité (comment se définir comme opposé au féminisme en France en 2018 ?).
Cette rhétorique est redoutable, et présente la masse comme oppressive. Elle menace de s’inscrire durablement dans les esprits au sein de la communauté musulmane mais aussi au sein de la population dans son ensemble. A terme, d’autres messages, correspondants à des corpus idéologiques plus “sensibles” des Frères Musulmans, et teintés d’antisémitisme, d’antidémocratisme ou encore d’homophobie, pourraient bénéficier de cette brèche ouverte.
Le combat idéologique passe en grande partie par cette guerre des mots. Et, avant tout, il s’agit de comprendre que la République se situe dans un cadre de guérilla rhétorique. Face à cette asymétrie du combat, une riposte directe apparaît comme peu recommandable tant elle pourrait être retournée pour décrédibiliser davantage l’État. Il s’agit en revanche de déconstruire et démonter chirurgicalement le discours proféré par les cercles des Frères Musulmans, afin de briser la chaîne de diffusion.
En s’attaquant à la base et aux fondements de la crédibilité de leur message, les acteurs arrêteront de relayer de l’idéologie à commencer par les acteurs les plus éloignés de la confrérie. Par un effet de dé-contagion, on parvient à long terme à minimiser l’impact extra voire intracommunautaire et contenir la guerre rhétorique menée par les Frères Musulmans en France, mais aussi dans l’ensemble des pays du monde.
“Islamophobie”, un terme fédérateur pour les Frères Musulmans. Comment un raccourci de langage permet de rallier des ONG dans le giron de l’islam fondamentaliste
Comme indiqué précédemment, il faut souligner la perfidie que représente l’emploi du terme “islamophobie”. En effet, il confond dans les esprits les actes et propos relevant du racisme antimusulman, et qui doivent être et sont condamnés, et les propos relevant de la critique de l’islam fondamentaliste. Dans une société laïque et érigeant la liberté d’expression comme l’une des valeurs les plus fondamentales, cette dernière est normale, et doit être encouragée.
Dès lors, les forces politiques et associatives qui s’inscrivent dans la lutte contre le racisme antimusulman se trouvent prises au piège lexical tendu par les Frères Musulmans. Ayant une méconnaissance, particulièrement dans les milieux d’extrême gauche voire de gauche, des divers acteurs et courants de l’islam en France, le mot “islamophobie” est abondamment relayé. Or, ce terme, rappelons le, n’est en rien accusateur envers un racisme antimusulman, mais se trouve être un mot employé à l’origine par les milieux iraniens fondamentalistes post-Révolution pour désigner tout propos ou comportement contraire aux principes religieux de l’islam rigoriste.
Il s’agit bien là du cœur du problème: un mot condamnant une transgression à une interprétation fondamentaliste de la loi spirituelle se voit employé par des associations luttant contre une transgression à la loi séculaire de protection des minorités. Le concept d’ ”islamophobie” comme étendard de la lutte antiraciste n’est pas une transgression à la frontière de la laïcité, mais en fait une suppression de l’idée même de cette frontière.
Cela s’avère d’autant plus efficace que la confrérie, par le biais de l’ex-UOIF, et de l’ensemble de sa sphère, diffuse massivement ce terme, et communique si efficacement qu’elle tend à se poser comme un acteur légitime et central de la lutte antiraciste. Epousant une rhétorique victimaire, reprenant la vindicte et endossant le combat des associations classiques de lutte pour l’égalité des droits humains, elle devient une référence et une source relayé par des associations et des ONG. Et, c’est en cela que naît un danger majeur: le véritable racisme est désormais confondu avec tout acte remettant en cause l’interprétation rigoriste et fondamentaliste des Frères Musulmans.
Par cet habile stratagème de positionnement sur un créneau assurant une quasi inviolabilité -si ce n’est en démontant chirurgicalement le stratagème, notamment en s’assurant le soutien de structures véritablement positionnées sur la lutte que la confrérie usurpe-, les Frères Musulmans, à l’idéologie sexiste, antisémite, homophobe et contraire aux libertés fondamentales de l’individu, deviennent un pilier de la lutte antiraciste.
Ce paradoxe ne rebute pas les relais hors de la sphère de la confrérie, qui ne font pas le travail de due diligence suffisant pour vérifier l’origine du terme et des sources. Car, en effet, le CCIF se présentait comme un observatoire des actes raciste, et comme une source statistique. Arguant la non-véracité des statistiques étatiques des actes islamophobes, il présente en effet des chiffres “alternatifs” présentés comme indépendant, s’arrogeant une légitimité informationnelle que l’on retrouve chez les acteurs classiques de la lutte pour les droits. L’Etat français est alors présenté comme un oppresseur minimisant les violences et actes commis à l’encontre de la communauté musulmane.
L’ONG Human Rights Watch, ayant une aura mondiale et faisant office de référence informationnelle, statistique et de plaidoyer sur les thématiques de droits de l’Homme, avait notamment repris le CCIF à plusieurs reprises incluant l’article de 2016 condamnant les abus observés dans le cadre de l’état d’urgence.
« Dans un contexte d’islamophobie croissante, le gouvernement français devrait de toute urgence tendre la main aux musulmans et leur assurer qu’ils ne font pas l’objet de soupçons en raison de leur religion ou de leur appartenance ethnique», a conclu Izza Leghtas.
« La liberté, l’égalité et la fraternité ont été gravement détériorées dans les semaines qui ont suivi les attentats de novembre. La France devrait être guidée par cette devise et en restaurer le sens. »
Il faut dès lors s’inquiéter qu’une organisation telle que HRW bénéficie d’une aura et d’un statut de référence sur les questions de droits de l’Homme. Il s’agit de la porte d’entrée pour la communauté musulmane, effectivement sujette à des actes de discrimination, pour se référer au cadre idéologique et politique fourni par la confrérie. Il s’agit aussi d’une voie pour pénétrer le reste de la population et attester la légitimité du combat contre l’ “islamophobie”.
Certains considèrent le refus de service public consécutif au refus de se présenter visage découvert dans un bâtiment administratif, prévu par la loi française comme garantie de laïcité du service public, comme un acte “islamophobe” au même motif qu’un acte raciste ou haineux légitimement puni par l’Etat de droit. L’un relève de la lutte de l’Etat contre le fondamentalisme, et la préservation des libertés individuelles et du vivre ensemble, l’autre est la lutte de l’Etat pour l’égalité des droits.
On contribue ainsi, si aucune mesure n’est prise, à la confusion naissante entre lutte contre le fondamentalisme et racisme. On observe d’ailleurs une croissance des actes “islamophobes” tandis que les actes racistes recensés par les statistiques officielles montrent une forte et continue tendance à la baisse. Naturellement, l’ “islamophobie” englobant les sanctions contre un fondamentalisme en forte croissance du fait de l’emprise des Frères Musulmans sur la communauté musulmane, il est logique que ce chiffre usurpé ne puisse que croître.
Cette lutte doit intervenir au plus vite, avant que le respect de la loi française et du principe fondamental de laïcité devienne si confondu avec le racisme qu’il devienne illégitime.
Plusieurs éléments apparaissent après études des textes et du vocabulaire employé :
- Refus systématique de qualifier l’identité et la confession de l’assassin lorsqu’il s’agit d’un attentat commis par une personne se rapportant à l’Islam, alors que lorsqu’il s’agit d’un acte commis par une personne de confession juive, le communiqué indique ouvertement qu’il s’agit d’un juif.
- Utilisation d’un vocabulaire volontairement « classique » et neutre pour qualifier un
- attentat : « tuerie », « affaire », « acte de violence », « meurtre », « drame ».
- Alors que dans le cas d’un acte « islamophobe », le vocabulaire est plus fort : «agressé», « expression de haine », « l’heure est grave », « nous avons atteint un point de non-retour».
- Utilisation de l’écriture inclusive, alors que les leaders d’opinion musulmans sont rarement enclin à parler de l’égalité homme-femme.