Abdelmadjid Tebboune a échappé à la prison grâce au général Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, qui en fit d’autorité le président putatif de la République en pensant qu’avec lui il tiendrait plus sûrement l’Algérie. Il décéda quarante-huit heures après la prestation de serment présidentiel par son poulain, dont le fils était en prison depuis plusieurs mois.
Un autre général, chef des services secrets au moment de l’élection présidentielle, avait jeté son dévolu sur un autre candidat qui, quelques heures avant la proclamation des résultats, avait été annoncé comme le gagnant. Quelques semaines plus tard, ce général était condamné pour trahison par la justice militaire et dégradé au rang d’homme de troupe. Quant à son cheval de course, un certain Mihoubi, il a disparu du paysage politique et attend son tour pour comparaître devant la justice pour de présumés faits de corruption.
Voilà ce qu’on peut lire sur la première page de l’histoire de la « nouvelle Algérie ». Jamais dans l’histoire des nations, une telle proximité entre la prison et le sommet de l’Etat n’a été constatée.
Moins d’une année après son intronisation, le Covid-19 frappait Tebboune, le mettant entre les mains de la mort. La médecine allemande réussit à l’en arracher et à le remettre sur pied, mais nul ne pouvait imaginer qu’un impondérable, dû au Covid-19 ou à autre chose, allait le livrer à un sort peut-être pire, celui de la folie, car mieux vaut perdre la liberté et la vie que la faculté de discernement qui prive de leur jouissance.
C’est alors qu’apparurent les premiers symptômes du « delirium tremens » chez Teboune, qui s’est mis à voir dans le « Hirak » une procession populaire mise en branle par Dieu pour le sacrer Aguellid (roi) de la Berbérie, mais qui devait se disperser après les cérémonies pour retourner à sa vocation de masse, taillable et corvéable à merci. Or, à sa stupéfaction, elle ne désempara pas. De « béni », le Hirak qui l’a incidemment porté au pouvoir devint « honni », parce qu’il voulait le lui enlever.
Quand on n’est que simple quidam, devenir fou est un malheur inconsolable. Mais quand on est le chef d’Etat du plus grand pays d’Afrique, le problème prend les proportions d’une menace nationale et d’une source de désordre international. Ce n’est plus le sort d’un homme qui est en jeu, mais celui d’une nation et de son voisinage.
Je passe sur sa déclaration attribuant vaniteusement à l’Algérie la possession du « meilleur système de santé d’Afrique », avant d’aller passer trois mois dans un hôpital allemand, ainsi que sur son estimation à 80% du taux de récession enregistré par les grandes économies du monde, allégations qui ont jeté un doute sur son état de santé mental. Mais lorsque le monde entier l’entendit proférer le 12 juin 2021, jour de la tenue des élections législatives, les propos rapportés plus haut, le doute sur sa cohérence mentale n’était plus permis.
C’est la preuve formelle que l’homme a été ébranlé intellectuellement, qu’il ne sait plus ce qu’il dit, malgré l’aplomb qu’il y met, qu’il a atteint le stade de confusion où la logique est renversée jusqu’à faire prendre la minorité pour la majorité et vice-versa. Il en est à déclarer en public qu’on peut être « élu » sans vote, que le nombre des votants n’a rien à voir avec la « légitimité », ajoutant avec fierté qu’il puise sa certitude d’être sur la bonne voie dans le fait que la majorité du peuple va dans la direction opposée.
Les choses se sont embrouillées dans son esprit, à telle enseigne qu’il ne distingue plus entre les lois de la nature et ses desiderata. Il balaie d’un revers de main l’arithmétique élémentaire, s’emmêle les pinceaux dans les taux, dénie toute utilité aux statistiques, défie le sens commun et piétine la morale politique.
Peut-on sensément parler de « légitimité populaire » quand 30% d’un peuple disent « Oui » à quelque chose et 70% « Non » ? C’est ce dernier taux et non le premier qui confère la légitimité, sinon ce serait le monde à l’envers. Mais Tebboune n’en a cure, ne s’en rend pas compte, d’où l’impression de sincérité qui se dégage de lui au moment où il débite ces paroles incohérentes.
Il a refoulé le souvenir qu’il a été élu par une minorité d’électeurs (4,9 millions sur 24,5), que la Constitution de la « nouvelle Algérie » qu’il a soumise à référendum a été rejetée par les quatre-cinquièmes du corps électoral, que l’instance législative qu’il veut mettre en place, coûte que coûte, n’a recueilli au mieux que 30% des voix inscrites, refusant de voir le verre rempli à 70% de « Non ».
En réalité, il n’y a pas eu 30% de participation à ce scrutin, mais au maximum la moitié comme cela va s’avérer dans les prochains jours.Ce n’est pas le plus important avec Tebboune qui s’en moque, et il ne sert à rien de chercher à pinailler avec lui, d’essayer de lui faire entendre raison, de critiquer ses décisions ou de lui intenter un procès en dictature. Il ne connait plus le sens des mots, il est inaccessible au dialogue, il n’entend que sa voix et plane délicieusement dans l’apesanteur du monde à l’envers. Dit en langage courant, Il est devenu fou.
Un fou qui, au regard du poste qu’il occupe, peut à tout moment devenir un Néron algérien. Que ne redouter de lui après qu’il a accepté que la Kabylie soit exclue de la représentation nationale ? Tout et pire. Même s’il n’avait fait que cela, c’est assez pour mériter d’être camisolé et reclus à vie dans un asile pour aliénés mentaux. Maintenant, il signe à tour de bras des ordonnances rendant passible de poursuites judiciaires pour terrorisme toute contestation de ses errements, et la justice n’est plus rendue au nom du peuple, mais d’une minorité allant à l’encontre de la volonté de la majorité du peuple.
Il y a moins d’une semaine, il confiait à la chaîne « Aljazeera » que l’Algérie serait intervenue militairement en Libye si les troupes de Haftar étaient entrées à Tripoli. Je n’y crois pas personnellement. Il devait se rêver en maréchal Rommel, allant à la rencontre du maréchal-ferrant Haftar, oubliant qu’une demi-douzaine d’armées étrangères y bivouaquaient depuis belle lurette (Russes, Ottomans, Emiratis, Qataris, Egyptiens, Européens…), sans parler des milices locales et des mercenaires venus de toute part. A moins qu’il n’entre dans ses intentions de déclencher un de ces jours une guerre mondiale où le rôle le plus glorieux lui échoirait.
S’il se confirme que son empressement à mettre en place l’instance législative répond à un engagement secret (remplacer ou renforcer la force Barkhane au Sahel par des unités de l’ANP), qui attend d’être entériné par les deux-tiers du Parlement, cela reviendrait à dire aux 70% d’Algériens, passant aux yeux de Tebboune pour la minorité, qu’ils n’ont plus qu’à aller fonder ailleurs une autre Algérie. Ne serait-il pas plus simple, plus logique et plus économique que ce soit lui qui aille voir ailleurs ?
Par ses déclarations irresponsables, insensées et d’une stupidité jamais égalée à ce niveau, par son entêtement à continuer d’aller systématiquement à contre-courant du sens commun et de la volonté populaire, Tebboune fait courir au pays des dangers extrêmement graves.
Les pays ne meurent pas comme les hommes. Ils ne disparaissent pas subitement un jour, corps et âme. Ils meurent d’une autre façon, dans le grabuge ou d’une lente dégradation des conditions de vie de leurs habitants, de la dislocation de leur économie, de leur division en partisans et adversaires du pouvoir, de l’assassinat en eux de l’espoir d’une vie moderne…
Que faire, à la fin des fins, pour ramener à la raison un président en exercice devenu fou ? Que reste-t-il au peuple algérien à envisager pour « infléchir les décisions » de dirigeants qu’il n’a pas réussi à « changer » par des voies et moyens pacifiques ? Ecouter la sentence du président Macron ? Il est l’unique soutien international déclaré de ce fou de Tebboune.