La laïcité n’interdit nullement de parler de religions à l’école, mais conduit à les aborder sous l’angle du savoir en se plaçant dans le registre de la connaissance
« Les religions n’ont pas leur place dans l’école. Ce qui n’empêche pas qu’il y ait un enseignement laïque des religions. »
Dans le cadre scolaire, l’expression est presque redondante : « les enseignements sont laïques », comme nous le rappelle la charte de la laïcité (article 12), or la laïcité n’interdit nullement de parler de religions à l’école, mais conduit à les aborder sous l’angle du savoir en se plaçant dans le registre de la connaissance et non dans celui de la transmission de la foi ou du partage d’expérience.
Il faut rappeler les aspects fondamentaux de la loi de 1905 : elle assure la liberté de conscience et garantit la liberté de culte. Une bonne compréhension de ce que suppose la liberté de croire ou de ne pas croire, qui dépasse et englobe la liberté religieuse, permet d’éviter une confusion courante entre laïcité et athéisme. Il est nécessaire de faire connaître la laïcité comme principe et de la mettre en pratique à l’école. L’enseignement laïque des faits religieux en est une application et non une entorse à son principe ; l’approche scientifique n’a pas à s’interdire certains champs du savoir [1]. Cette orientation s’inscrit dans la durée.
Après des débats dans les années 1980, portés notamment par la Ligue de l’enseignement, et plusieurs rapports dont celui de l’historien Philippe Joutard en 1989, des premières mises en œuvre sont apparues dans les programmes d’histoire et de lettres en 1996. Le choix français, confirmé avec le rapport du philosophe Régis Debray en 2002, est en effet d’enseigner les faits religieux en passant par les disciplines scolaires. Le rapport Debray insistait sur la nécessité de les prendre en compte également dans les cours de langues, de sciences sociales, de philosophie (notion de religion) ou les disciplines scientifiques en croisant avec l’histoire des sciences, et désormais avec l’histoire des arts, puis par certains aspects avec l’enseignement moral et civique [2].
Il s’agit alors de passer d’une « laïcité d’incompétence » (au sens juridique, le religieux ne nous concerne pas) à une « laïcité d’intelligence » [3] (il est de notre devoir de le comprendre) en posant une claire distinction entre le religieux comme objet de culte et le religieux comme objet de culture. Les faits religieux apparaissent ainsi contextualisés et mis en perspective comme objets de connaissance.