L’ignominie de trop, le débordement d’imbécillité superlatif et surnuméraire. La vomissure excédentaire qui tue. Et pourtant elle est passée beaucoup trop inaperçue, dans un studio d’Europe 1 , en octobre dernier. Il faudrait que cela se sache un peu plus, à un moment où la gauche connaît des démangeaisons risibles de programme commun impossible, impensable, des pulsions d’unité totalitaire, en mode père Ubu et Yalta des traîne-lattes, à la poursuite de la chimère présidentielle.
Anne Souyris, adjointe d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, chargée de la santé, compare alors en direct et face caméra le traitement des migrants accueillis en France à celui des Juifs exterminés par le régime nazi pendant la guerre.
Elle est donc bien ainsi invétérée, la tendance actuelle de la gauche, qui donne furieusement de la tête dans l’ordure et l’indécence insane à la dernière mode : la comparaison abjecte, l’instrumentalisation immonde, la récupération de la Shoah pour promouvoir tout et n’importe quoi, comme déjà lors de la manif de la honte en novembre 2019, où toute la gauche avait hurlé comme un seul homme « Allahou akbar » derrière l’islamo-frériste conquérant Marwan Muhammad, et s’était extasiée sur la pertinence merveilleuse consistant à coudre des étoiles jaunes sur les anoraks de fillettes voilées.
Voilà donc bien où en est la gauche, même pas celle des fous furieux du NPA, Poutou, Salingue ou Besancenot, non, même pas celle non plus des naufragés de la LFI, suivant à la trace les bouffées délirantes de leur chef ivre de son hubris et de sa morale idéologique de pacotille, non, non : juste le PS, juste le staff d’Anne Hidalgo, avec ses envolées et ses trouvailles enivrantes : l’Europe et la France sont nazies. Fameux.
Voilà l’alpha et l’oméga, l’horizon indépassable à gauche : vous savez, lorsque vous souhaitiez flétrir facilement les ennemis politiques, vous avez aimé la reductio ad hitlerum du célèbre point Godwin ? Vous allez adorer, dès les premières encablures parcourues sur le début du spectre de la gauche dite modérée, la nouveauté conceptuelle chouette, cool, hyper fun – et en fait corrélative du point Godwin : le POINT JUIF, qui permet à la victimisation pleurnicharde, lourde d’inculture révisionniste, d’en rajouter dans la dégoulinade baveuse complètement mythomaniaque, et qui autorise en outre un deux-en-un juteux, puisque le dispositif est astucieusement couplé à une godwinade de principe et non négociable (l’Occident est nazi). C’est carrément lumineux, à la réflexion, attendez, car cela permet aux apprentis sorciers et autres expérimentateurs, l’air de rien, d’allumer les premiers feux de la guerre civile tout en semblant doux, empathiques, affligés, anéantis par la méchanceté navrante du camp d’en face, implicitement déshumanisé en Camp-du-Mal. Détruire la République en allumant négligemment une simple mèche, tout en adoptant la posture outragée du martyr à l’agonie sous la botte des salauds-de-racistes-coloniaux-qui-nous-rejouent-exactement-les-heures-sombres-ça-y-est-ils-sont-de-retour, quoi de plus jouissif en vérité, non ?
Au terme d’un voyage implacable au bout de la hideur, la gauche en putréfaction dépassée semble s’être découvert sa passion triste ultime, à savoir le sado-masochisme : faisandée d’effroyable manière, elle trouve pourtant encore le moyen de vouloir se défigurer à plaisir, s’auto-mutiler à l’envi, avec rage et détermination, et si efficacement que je ne sais honnêtement pas, moi qui suis pourtant issu authentiquement de ses rangs, quand ni si je revoterai pour elle.
À cette gauche totalement perdue, traîtresse à toutes ses causes et toutes ses luttes historiques, ne survivant — lamentablement — qu’en dénaturant son ADN, réduite aujourd’hui à la peu ragoûtante fonction d’asile secourable pour toute une cour des miracles idéologique, toute une faune politique interlope où ne se distinguent que trop fréquemment maintenant nombre de racialistes, de racistes, de ségrégationnistes, de chantres de l’islamisme nationaliste et d’antisémites par destination, je ne dirai finalement que ça : tu as sans doute été belle et noble, mais regarde juste un instant ce que tu es devenue : tu me fais pitié, tu me colles la rage tiens, j’ai envie de vomir en te regardant aujourd’hui.
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Non, assez. Ça suffit comme ça. Le repos que cette gauche mérite ne peut être que celui que l’on souhaite aux cendres.
#AdieuLesCons
© Philippe-Emmanuel Toussaint