Un policier a été tué par balles dans le centre-ville d’Avignon (Vaucluse), a appris Le Figaro ce mercredi 5 mai, confirmant une information du Dauphiné Libéré . Les faits se sont produits en fin d’après-midi mercredi, dans le secteur de la rue des Teinturiers à Avignon, un «point de deal du centre-ville » de la commune. Un homme soupçonné d’avoir été présent au moment des faits a été interpellé ce jeudi 6 mai dans le cadre de l’enquête, a-t-on appris de source policière. L’homme a été placé en garde à vue au commissariat d’Avignon
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Aux alentours de 18h30, trois équipages d’un groupe départemental d’intervention ont été déployés sur place en raison d’un attroupement sur la voie publique autour de ce point de deal. À leur arrivée sur les lieux, un «lieu très sensible en matière de stup’» selon le délégué syndical Unité SGP-Police Grand Sud Bruno Bartocetti, l’équipage a contrôlé le groupe présent : au cours de cette intervention, un des individus aurait fait feu «à plusieurs reprises» sur le fonctionnaire de police. Les autres policiers présents ont riposté, sans pouvoir interpeller l’auteur des tirs qui a pris la fuite «en trottinette» , selon une source policière. Malgré l’intervention de ses collègues et des sapeurs-pompiers, la victime, un homme de 36 ans pacsé et père de deux enfants, est décédée. Deux hommes, le tireur et un complice, qui ont pris la fuite après la fusillade, sont toujours activement recherchés par les enquêteurs de la police judiciaire chargée de l’enquête sous l’autorité du parquet d’Avignon.
Dans la soirée, des centaines de policiers étaient déployés, lourdement armés, autour des lieux du crime, une petite rue à l’intérieur des remparts de la Cité des Papes, dans le centre-ville. Sur place, un enquêteur de la police scientifique faisait encore des prélèvements peu avant 23h, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Vincent Dath, secrétaire zonal adjoint à Alternative Police / CFDT, confie au Figaro connaître personnellement la victime. «Il était père de deux petites filles… Ce soir, il n’est plus là. Ça fait des années qu’on alerte sur la dangerosité de notre métier. On la voit d’autant plus aujourd’hui ». Le policier tué était membre de la brigade d’intervention de la circonscription interdépartementale de sécurité publique du Vaucluse-Gard.
« La lutte contre les trafics de stupéfiants, partout sur le territoire national, s’apparente à une guerre »
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur
«Mes premières pensées vont à ses proches et à la grande famille de la police nationale, à nouveau endeuillée. Tout est mis en œuvre pour que cet acte odieux ne reste pas impuni», a déclaré le premier ministre, Jean Castex, sur Twitter. «Devant ce terrible drame, nous pensons à sa famille, ses proches et ses collègues. L’ensemble du ministère de l’Intérieur est en deuil », a pour sa part réagi Gérald Darmanin. «La lutte contre les trafics de stupéfiants, partout sur le territoire national, s’apparente à une guerre. Cette guerre, nous la menons grâce à des soldats, (…) les policiers et les gendarmes de France. Aujourd’hui, un de ces soldats est mort en héros» , a ajouté le ministre de l’Intérieur, qui est arrivé sur place vers minuit.
«Rien ne justifie une telle barbarie»
Tout récemment, mi-avril, lors d’une intervention baptisée «coca84 », sept Vauclusiens avaient été interpellés pour trafic de stupéfiants par la brigade de recherche de la gendarmerie d’Avignon. Quelque 37 armes et de nombreuses munitions de divers calibres avaient été récupérées à cette occasion. «Dans le département du Vaucluse depuis le 1er janvier, c’est 83 interpellations pour trafic de stups, c’est plus de 60 opérations contre les points de deal» , a détaillé à Avignon Gérald Darmanin. «Les opérations que nous menons démontrent que dans les saisies des policiers, c’est une augmentation de plus de 30% des armes saisies lors d’interpellations dans le trafic de stupéfiants» , a aussi pointé le ministre.
Survenu une dizaine de jours après l’assassinat djihadiste de Stéphanie Monfermé, une fonctionnaire de police tuée à coups de couteau dans le commissariat de Rambouillet, ce nouveau drame a suscité immédiatement de vives réactions des syndicats de policiers. «Rien ne justifie une telle barbarie» , s’est insurgé le syndicat Synergie Officiers. Alliance Police Nationale a insisté: le syndicat «assure qu’il faut punir par de la prison ferme assortie de mandat de dépôt ceux qui agressent ou tuent des policiers (…), dénonce ce laxisme de la justice qui aménage ou réduit les peines de ces individus qui jouissent d’une impunité sans limite».
«La mère des batailles»
Ce crime intervient aussi alors que l’exécutif a érigé ces derniers mois la sécurité au premier rang de ses priorités, à un an de l’élection présidentielle. Dans un entretien accordé au Figaro , Emmanuel Macron a récemment fait de l’éradication des trafics de stupéfiants «la mère des batailles» – la droite et le RN dénonçant de leur côté l’échec du gouvernement sur le sujet. Dans ce contexte, le meurtre de mercredi a suscité l’indignation dans la classe politique, en particulier à droite et à l’extrême droite. Xavier Bertrand a salué un «héros du quotidien, qui a défendu ses valeurs jusqu’au sacrifice suprême» , appelant à ce que le «criminel (soit) puni avec la plus grande sévérité» . «Je suis en colère et plus que jamais avec notre @PoliceNationale et leurs familles. Il est urgent que l’État les protège» , a aussi réagi mercredi la patronne du Rassemblement national Marine Le Pen. Ce jeudi matin sur CNews, l’eurodéputé Gilbert Collard s’est dit «consterné » par ce crime qui est «la conséquence de tout un processus de détérioration de l’image de l’institution policière ». «De la destruction de l’image à la destruction de l’homme il n’y a qu’un pas et aujourd’hui ce pas a été franchi» , a-t-il ajouté.
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