En novembre dernier, notre sondage exclusif réalisé avec l’Ifop révélait que les jeunes de 18 à 30 ans se positionnaient « en rupture avec le reste de la population française » sur un certain nombre de sujets clefs : laïcité, rapport au religieux, liberté d’expression… Cette fois-ci, l’institut d’opinion réduit la focale en se concentrant sur les lycéens, dans une étude menée auprès d’un échantillon de 1.006 élèves âgés de 15 à 17 ans réalisé pour le magazine de la Licra, Droit de vivre, publiée ce mercredi 3 mars.
Les résultats de ce sondage, en continuité avec ceux d’il y a trois mois, confirment que « la population scolarisée dans le second cycle du second degré apparaît imprégnée d’une vision très “inclusive” de la laïcité dans laquelle celle-ci est réduite au principe de neutralité de l’État tout en étant associée à une grande tolérance à l’égard des manifestations de religiosité dans l’espace scolaire ». Autre fait saillant relevé par l’Ifop, «ces jeunes, et tout particulièrement les lycéens musulmans et/ou scolarisés dans les zones d’éducation prioritaire (REP), se distinguent aussi par leur hostilité à toute critique susceptible de heurter la susceptibilité des minorités. »
LA LOI DE 2004 SUR LES SIGNES RELIGIEUX À L’ÉCOLE REJETÉE PAR LES LYCÉENS
Une courte majorité de lycéens se déclare favorable au fait d’autoriser le port de signes religieux ostensibles dans les lycées (52%) et même les collèges (50%) publics, une perspective à laquelle s’opposent pourtant trois quarts de l’ensemble des Français. Parmi les facteurs de différenciation entre lycéens, deux se détachent, comme dans l’ensemble du sondage : la religion et le type d’établissement fréquenté. En effet, l’abrogation de la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école est plébiscitée par les lycéens musulmans (88% pour le lycée, 86% pour le collège) et les élèves des lycées classés en éducation prioritaire (REP).
Pour François Kraus, directeur du pôle politique / actualités au département Opinion de l’Ifop, ces résultats ne peuvent que provoquer « des doutes sur la pérennité de la loi de 2004 : son assise politique ne pouvant que s’effriter au fil des années en raison du poids croissant des musulmans en France mais aussi d’une forme d’”américanisation” des mentalités qui fait de l’acceptation des expressions religieuses dans l’espace scolaire un marqueur générationnel ». Cette évolution se traduit par une forte proportion de jeunes (38%, dont 76% chez les musulmans) favorables à l’autorisation du burkini pour les collégiennes et lycéennes, ainsi qu’à l’introduction d’une loi autorisant des horaires réservés aux femmes dans les piscines municipales (37%, dont 80% chez les lycéens musulmans).