Nordahl Lelandais est jugé jusqu’au 12 mai devant les assises de la Savoie pour le meurtre du caporal Arthur Noyer. — M. Williams/AFP
Au troisième jour d’audience, le témoignage d’Alexandra a bien failli le faire vaciller.
Cette ancienne amie de l’accusé qui réfute la thèse de la mort accidentelle, lui a intimé de dire la vérité.
A la cour d’assises de la Savoie
Il aura fallu attendre 17 heures ce mercredi pour que Nordahl Lelandais vacille. Sans toutefois tomber. Ni rendre les armes. Jugé devant la cour d’assises de la Savoie pour le meurtre du caporal Arthur Noyer , l’accusé s’est retrouvé acculé par l’une des anciennes amies, Alexandra.
« Alex » a même une « très bonne mémoire ». Cette faculté a grandement fragilisé la ligne de défense présentée par l’accusé, pour lequel elle ressentait de l’attirance. Oui, elle n’a pas été « insensible » au charme de l’ancien militaire à une époque. Elle le trouvait « prévenant, sympathique » : « C’est affreux à dire, mais c’était un super gars ». A quelques défauts près, souligne-t-elle. Ce besoin de « se mettre en avant », la jalousie qu’il pouvait éprouver « si d’autres hommes lui faisaient de l’ombre ». Mais ce n’est pas ça qui l’a fait changer d’avis. C’est une soirée, celle de la nuit du 12 au 13 avril 2017.
24 heures après le meurtre, «il était comme d’habitude»
La veille, Nordahl Lelandais a tué Arthur Noyer. Un « accident » provoqué à l’issue d’une bagarre sur fond d’ivresse, selon lui. Alexandra ne se doute de rien et propose à son ami de la rejoindre à l’issue d’une soirée d’entreprise. « On s’est retrouvés un peu plus tard dans un autre établissement, raconte la témoin de 44 ans. On a passé un super moment. »
« Il était comme d’habitude, s’étonne-t-elle encore. Il n’y avait aucun signe pouvant indiquer ce qu’il s’était passé. » Pas de traces de coups au visage non plus. Ni de lèvre déchirée par les poings d’Arthur Noyer. « Si j’avais accidentellement tué quelqu’un, comme il le dit, je suis certaine que je n’aurais pas pu aller à une soirée festive le lendemain, appuie-t-elle. On ne passe pas à autre chose quand on a ôté la vie d’une personne. »
«Tu leur dois la vérité»
La témoin ravale ses larmes pour s’adresser alors directement à son ami : « C’est assez compliqué de voir le mal que tu as fait. Tu leur dois la vérité. » Debout Lelandais, mains croisées, peine à parler mais cherche ses yeux. « Ce n’est pas moi qu’il faut regarder », le défie-t-elle. « La vérité, je la donnerai, lâche-t-il d’une voix douloureuse. Mais je ne sais pas quoi dire. » « Alors, dis-leur ce qu’il s’est passé, lui intime-t-elle avec force. Tu le sais au fond de toi. Tes amis le savent. Ce n’était pas un accident, c’est impossible ».
Touché, Lelandais paraît interdit. Voire ébranlé. Mais il ne livre rien. L’amie tente à nouveau : « Tu le sais, on t’aurait aidé. Non pas à dissimuler la vérité mais à l’assumer. » Face à Alexandra, Lelandais se mure alors dans le silence. Dans une dernière salve, « Alex » lui assène le coup de grâce : « Tu avais besoin de lumière, tu avais besoin de briller. Tu as choisi une drôle de façon de le faire »…
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