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une crise de la représentation de l’islam de France qui perdure
Rédigé par Hanan Ben Rhouma |
Au Conseil français du culte musulman (CFCM), deux camps s’affrontent âprement depuis plusieurs mois. L’occasion s’est présentée de mesurer l’état de leurs forces respectives dimanche 4 juillet, lors d’une assemblée générale extraordinaire convoquée dans l’objectif, pour Mohammed Moussaoui, de faire adopter de nouveaux statuts visant à modifier le fonctionnement de l’instance qu’il préside. C’était sans compter la mobilisation de ses opposants réunis dans la coordination des fédérations dissidentes du CFCM. Explications.
Réformer de l’intérieur le Conseil français du culte musulman (CFCM) ? Tout un chantier ! Tel était le vœu émis par la présidence de l’instance, dirigée par Mohammed Moussaoui , qui a convoqué en ce sens une assemblée générale extraordinaire dimanche 4 juillet, à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis, lors de laquelle de nouveaux statuts ont été soumis au vote des membres d’une instance plus que jamais divisée, paralysée par une crise sans précédent depuis des mois.
Bien que ses jours soient comptés, le CFCM demeure encore à ce jour le principal interlocuteur des pouvoirs publics en matière d’organisation de l’islam en France. Alors une fois n’est pas coutume, l’ensemble de ses membres, à une personne près (86 sur 87), ont fait acte de présence en se rendant (ou en se faisant représenter pour certains) à une réunion dont l’issue aurait pu signer un changement profond dans le fonctionnement de l’organe. Une mobilisation qui a tourné à l’avantage des quatre fédérations musulmanes, démissionnaires du bureau du CFCM,* regroupées dans la coordination créée en mars dernier , à savoir la Grande Mosquée de Paris, le Rassemblement des musulmans de France (RMF), Musulmans de France (MF) et la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA).
Un système de cooptation « synonyme de l’arbitraire » dénoncé
Par une courte majorité de 45 voix contre 41, les nouveaux statuts ont été rejetés, au grand dam du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), de la Confédération islamique Milli Gorüs (CIMG) et de Foi & Pratique, [non-signataires de la charte des principes sur l’islam de France,urlblank:https://www.saphirnews.com/Depuis-Strasbourg-la-contre-offensive-des-opposants-a-la-charte-de-l-islam-de-France_a27967.html mais aussi, évidemment, de l’Union des mosquées de France (UMF).
L’échec est patent pour Mohammed Moussaoui, qui s’est exprimé lundi 5 juillet pour déplorer à nouveau le système de cooptation du CFCM qui donne aux organisations bénéficiaires « la possibilité de garder une majorité confortable quelle que soit l’issue des élections » . Les fédérations membres de la coordination, qui « ont usé de tous les moyens de pression possibles pour le conserver » , sont « assurée(s) de pouvoir bloquer toute réforme du CFCM, même si ces fédérations n’obtiennent aucun élu » , déplore celui qui déclare avoir voulu « mettre fin à ce système antidémocratique et de donner le pouvoir aux acteurs du terrain » partagés entre les représentants des Conseils régionaux (CRCM) et, surtout, des nouveaux Conseils départementaux du culte musulman (CDCM).
Maintenir la présidence tournante, un enjeu pour la coordination
Dans le projet de réforme du CFCM que Mohammed Moussaoui souhaitait voir adopter, une place était faite à ces structures locales dont la création est « la base de renouvèlement des instances régionales et nationales du culte musulman » selon un document que Saphirnews a pu consulter.
A noter également, si de nouveaux statuts avaient été adoptés, il n’aurait plus été question d’une présidence tournante mais d’un bureau exécutif élu pour quatre ans, qui aurait alors pour conséquence de priver la Grande Mosquée de Paris de la présidence en janvier 2022. Une raison de plus pour cette dernière de mobiliser ses troupes et ses alliés pour empêcher tout changement dans le sens voulu par l’actuel président.
« Face à l’impossibilité de réformer le CFCM de l’intérieur à cause d’un système inique et antidémocratique, les musulmans de France sont dans leur droit de se détourner définitivement du CFCM et songer à une nouvelle organisation de leur culte, plus respectueuse de leur aspiration et de leur intelligence » , conclut alors Mohammed Moussaoui.
Un projet de refondation présenté par la coordination
Démissionner du bureau du CFCM sans pour autant quitter totalement le navire en perdition pour ne pas laisser le champ libre à leurs opposants, c’est le choix opéré par les membres de la coordination, qui plaident aussi pour une refondation de la représentation du culte musulman mais bien différente des propositions de l’UMF.
Dans un document adressé aux membres de l’AG, sans qu’il ne fasse l’objet d’un vote à ce stade, et que Saphirnews a aussi pu consulter, ces fédérations veulent une instance inclusive « à caractère consultatif et non exécutif » et « sans compétition électorale », celle-ci ayant créé « des fortes tensions entre les différentes composantes du culte musulman en France » . « Cette tension s’est installée dans les lieux de culte qui sont devenus des centres de convoitise et le théâtre de concurrences entre les fédérations à tous les niveaux : national, régional et départemental » , lit-on.
La coordination, qui défend l’idée d’« une représentation égalitaire entre les différentes structures membres de l’Instance pour éviter toute logique de prédominance d’une majorité sur une minorité » , se déclare aussi favorable à une instance ouverte à toutes les mosquées… à condition de signer « au préalable » la Charte des principes de l’islam de France. En l’état actuel de la situation, la table serait alors débarrassée de la présence des fédérations turques ainsi que de Foi & Pratique (Tabligh). La crise de la représentation du culte musulman n’est pas prête de prendre fin.
*A l’exception du RMF, qui ne fait pas partie du bureau. Des explications ici.
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