Le prince héritier saoudien, «MBS», poursuit ce mercredi en Turquie une tournée régionale où il signe des milliards de dollars de contrats et d’investissements, en tournant définitivement la page de l’assassinat à Istanbul de l’opposant Jamal Khashoggi.
Au Caire où il a été accueilli en grande fanfare par son allié Abdel Fatah al-Sissi, des contrats d’une valeur totale de 7,3 milliards d’euros ont été signés entre groupes saoudiens et égyptiens. Des accords qui concernent «des infrastructures, des services logistiques, la gestion des ports, l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, les énergies fossiles et renouvelables, la cybersécurité», selon la presse égyptienne. Ils interviennent alors que les échanges commerciaux entre les deux pays ont déjà connu un bond de 62,1% en 2021. Dans un pays frappé par une inflation galopante, d’énormes dépenses publiques dans les infrastructures et une brutale dévaluation, ils constituent une véritable bouffée d’air frais. L’Egypte négocie avec le Fonds monétaire international (FMI) un nouveau prêt alors que le budget du pays d’environ 160 milliards de dollars est grevé par une dette publique qui atteint 90% du PIB.
L’étape jordanienne de MBS devait réparer des relations tendues récemment, en raison d’une lutte interne à la famille royale dont
le roi Abdallah II soupçonne Riyad et d’un différend sur Jérusalem. Mais là encore, une aide financière conséquente dont la Jordanie a cruellement besoin est venue résoudre les malentendus politiques. Près d’un milliard de dollars tombe tous les jours dans les caisses du Royaume ces derniers mois. Grâce aux seules ventes de brut, le pays enregistre l’une des premières croissances économiques du monde, selon le FMI.
On ne pardonne qu’aux riches, pourrait-on dire d’ailleurs de la première visite de MBS en Turquie depuis l’assassinat à Istanbul du journaliste opposant Jamal Khashoggi. Son exécution en octobre 2018 avait marqué une escalade des relations déjà tendues entre les deux pays. Mais Erdogan a enterré la hache du meurtre en clôturant le dossier de la justice turque à la veille de sa visite à Riyad en avril. Le Président turc qui était à l’origine des révélations sur la responsabilité de MBS dans l’affaire Khashoggi, s’emploie à réparer ses relations avec les riches pays du Golfe, dont l’Arabie Saoudite pour obtenir l’accroissement des échanges et des investissements pour son économie chancelante.
La tournée régionale de MBS qui intervient par ailleurs trois semaines avant une visite du président américain Joe Biden en Arabie Saoudite, devrait consacrer la réhabilitation internationale du prince après avoir été largement isolé suite à l’assassinat de Jamal Khashoggi. Elle est l’occasion de montrer le rôle clé du Royaume dans la région.