Pessah à Alger : le dernier jour de la fête (vidéo)
Cela ne s’appelait pas mimouna (1): à la fin du huitième jour de la fête les boulangeries cuisaient du pain frais et les « yaouleds » (enfants arabes) apportaient des colliers composés de petits œillets très odorants et de fleurs d orangers d autres apportaient de petites cagettes pleines de petits poissons frais (petits pageots, petits rougets, sardines etc..) d’autres apportaient du petit-lait et d autres encore de jeunes fèves.
D’autres enfants apportaient des brassées d’épis divers poussant sauvagement.
Le père de famille ou la mère disposait les épis sur le lustre de la salle à manger et sitôt la fête « sortie » on s’empressait de goûter le pain encore chaud acheté dans les boulangeries et on y mettait du beurre dit « arabe » dont on sut après qu il s’agissait de beurre légèrement ranci et mélangé avec du « semen » graisse de gros bétail mélangée au beurre… Le lendemain on se régalait avec un couscous au beurre avec des fèves cuites à la vapeur et certains y ajoutaient des raisins secs ou des dattes coupées en tranches fines et on buvait du petit-lait (certains saupoudraient leur couscous avec du Sucre en poudre) et au dessert on dégustait la « mouna » brioche d’origine espagnole que nos concitoyens catholiques consommaient pour le dimanche de leurs Pâques.
La mouna est une sorte de brioche espagnole présentée comme une demi sphère et avec une incision en croix au sommet et parsemée de sucre en gros grainsPour la mimouna le nom viendrait surtout de la langue arabe qui ferait allusion à l’argent et donc la prospérité la preuve en est dans les « simanim » sont exhibés sur la table de la mimouna : Farine (abondance) dans laquelle sont plantées 5 fèves avec leurs cosses en s’appliquant pour que ce soient des fèves contenant respectivement 1 fèves, 2,3,4 et enfin 5 fèves. Un poisson « frais » (non cuisiné) contre le mauvais oeil 5 pièces d or (ou dorees) puis du beurre des dattes et du miel (symboles de richesse et de bonheur) De la salade verte (renouveau) et un broc de lait (abondance) Des douceurs en abondance (confitures et pâtisseries à base de coco ou d amandes) pour que l’année soit douce Au Maroc où les fruits n’étaient pas abordables car très chers les ménagères avaient coutume de faire des confitures de légumes (tomates aubergines carottes et raisins secs et noix) C’est la raison pour laquelle je ne pense pas qu il y ait un lien commun entre la mouna et la mimouna Chez les Tunisiens les juifs dispersent chez eux de la verdure symbole de renouveau
Ainsi était célébrée à Alger la fin de Pâque.
Caroline Elisheva Rebouh
(1) D’où vient cette appellation du mot Mimouna et cette tradition centenaire d’une des fêtes les plus évocatrices pour les juifs marocains où qu’ils soient : Maroc, Israël, Canada, É.-U., et autres.
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Caroline Elisheva Rebouh le 14.04.2020