Comme l’ont fait deux autres témoins plus tôt dans la journée, ce dernier s’est ensuite adressé à l’accusé. “Soulage toi de la vérité, soulage ton âme. Le mal est fait. Accident, préméditation ? Y a que toi qui sait. Pense aux dommages collatéraux. J’en suis un petit. Je n’ai pas de haine, juste de la peine” , a-t-il lancé.
Nos confrères présents au palais de justice de Chambéry décrivent un moment intense. Face à son ancien ami, Nordahl Lelandais se lève et essuie des larmes. Lelandais répond qu’il a tenté de livrer la vérité mais qu’il ne trouve pas les “bons mots, les bonnes phrases”. Il dit “avoir honte envers la famille d’Arthur”, ainsi qu’envers son ami. Après cet échange, l’accusé se rassoit et conclut: “Merci d’avoir été mon ami. Tu le resteras toujours pour moi”.
À l’issue du témoignage de Nazim, Me Jakubowicz, l’avocat de Nordahl Lelandais est également en larmes, rapporte France Bleu. Il ne pose pas de questions. “J’ai été heureux de vous rencontrer, Monsieur. Je ne veux pas gâcher ce moment. Merci pour ce moment d’humanité qui en avait bien besoin dans cette audience”, a confié l’avocat au chef d’entreprise.
S’ensuit une discussion directe entre les deux hommes : “Ce que tu as raconté c’est ta vérité… ce n’est pas LA vérité “, lance le témoin. “De quelle vérité tu parles, celle de BFM-TV ? “, rétorque Nordahl Lelandais. “Non pas du tout, celle des faits. Pourquoi tu as pris cette personne en stop ? Je sais que tu ne fais pas les choses innocemment “, conclut Julien.
A la barre à présent, Julien, l’ancien meilleur ami de Nordahl Lelandais. Le témoin admet avoir du mal à reconnaître l’homme qu’il a autrefois côtoyé. “Vous êtes déçu ? “, lui demande le président. “Extrêmement, je n’ai pas les mots , indique-t-il. J’ai vraiment une colère qui ne disparaîtra jamais “, ajoute Julien.
“Ce que tu as raconté c’est ta vérité… ce n’est pas LA vérité “
Le président de la cour prend la parole : “Cet événement vous a nécessairement perturbé ? Puisque vous disiez être paniqué le soir des faits. Et 36 heures après vous arrivez à cette soirée comme si de rien n’était .” Aucune réponse de l’accusé. Le président reprend : “Vous avez inventé une blessure à l’arcade sourcilière pour rendre cette bagarre avec Arthur Noyer, crédible ? ” “Oui “, avoue Nordahl Lelandais.
Nouveau témoignage, celui d’Alexandra. Elle était en soirée avec Nordahl Lelandais le lendemain de la disparition d’Arthur Noyer. Selon elle, l’accusé ne présentait aucun signe laissant présager ce qu’il s’était passé quelques heures auparavant. “Je me mets une très grosse carapace “, lui rétorque directement Nordahl Lelandais. “Je t’ai vu quelques heures après, Nordahl. Tu étais normal. Ce n’est plus une carapace là, tu le sais , lui répond Alexandra. Tu ne peux pas dire que c’était un accident ce n’est pas possible “, poursuit-elle.
Nordahl Lelandais : “Je me mets une très grosse carapace “
Elle se souvient qu’Arthur était “très alcoolisé ” mais “lucide ” : “On a rigolé tous les deux, il a tourné la situation à la dérision. ” Bien décidé à rentrer à pied, le caporal lui aurait baisé la main pour lui dire au revoir : “J’ai trouvé ça adorable , commente Véronique. Ça se voyait qu’il était gentil. Il m’a remercié un nombre de fois incalculable “, poursuit-elle. Maître Boulloud lui demande si Arthur avait prévu de rentrer au 13e régiment cette nuit-là : “Oui il me l’a dit “, affirme la témoin.
La boîte de nuit le ‘RDC’ dans laquelle Arthur Noyer a fait la fête juste avant de se faire prendre en stop. • © Céline Durchon/ France TV
Après le témoignage confus rendu “nul” d’un barman de la discothèque chambérienne le ‘RDC’, c’est au tour de Véronique, 29 ans, de s’exprimer devant la cour. Elle est l’une des dernières personnes à avoir longuement discuté avec Arthur Noyer le soir de son meurtre, “une trentaine de minutes ” selon elle. Véronique explique qu’elle sortait de son travail – dans un bar à l’époque – quand elle a croisé le jeune homme. Il venait de se faire voler son portable dans la rue par deux individus qui le lui ont rendu avant que la police n’arrive.
Arthur avait bien prévu de rentrer au 13e régiment cette nuit-là
Le président de la cour l’interroge ensuite sur l’orientation sexuelle de son ami : “Je n’ai jamais ressenti d’attirance de sa part pour un homme “, assure Alexis. Autre ami proche et camarade de chambre d’Arthur à l’armée, Théo confirme : “Il m’a parlé de quelques filles. […] Je n’ai aucun doute sur son orientation sexuelle. Il était hétérosexuel. ”
Présent dans la salle d’audience, un autre ami d’Arthur, également camarade à l’armée, s’avance à la barre. Tout comme Vincent, Alexis parle du chasseur alpin comme quelqu’un de gentil avec tout le monde, toujours prêt à rencontrer de nouvelles personnes. Il confirme qu’ils rentraient souvent soûls, mais toujours “ conscients ” de leur état : “ On pouvait rentrer tout seul. On était joyeux. ” Selon lui, Arthur n’était pas un bagarreur dans l’âme.
Le “carré curial”, lieu de fête chambérien où Arthur Noyer a passé sa dernière soirée avec un ami. • © Céline Durchon/ France TV
Vincent affirme à la cour qu’Arthur n’avait jamais montré de signe d’énervement, même en soirée : “Il était toujours jovial, ça a toujours été comme ça. […] Il n’avait pas l’alcool violent ou agressif. […] C’était quelqu’un d’entier qui aimait rire et profiter de chaque instant .”
“Arthur n’avait pas l’alcool violent “
Premier témoin de ce troisième jour d’audience en visio-conférence : Vincent, 27 ans, ami et ancien collègue militaire d’Arthur Noyer. C’est avec lui que le jeune caporal berruyer a passé sa dernière soirée en boîte de nuit le 11 avril 2017. Le témoin se souvient d’une nuit alcoolisée, à base de bières et de vodka. Il avoue avoir pris de la cocaïne, pas Arthur. Il assure cependant à l’avocate générale qu’ils n’étaient pas ivres et que son ami était lucide : “Il tenait debout, il était un peu éméché mais pas au point de tomber. ” Observation que confirmera un peu plus tard dans le procès Alain, propriétaire du bar dans lequel Arthur s’est rendu ce soir-là : “Il parlait très clairement, il n’était pas ivre mort. Il marchait droit. ”
5 mai, troisième journée d’audience : les amis d’Arthur Noyer et de Nordahl Lelandais à la barre
Le résumé de cette deuxième journée d’audience
On a vu défiler à la barre les ex-compagnes et compagnons de Nordahl Lelandais. Tous dépeignent le portrait quasi unanime d’un homme à la double personnalité, tantôt doux et attentionné, tantôt violent et susceptible, avec un penchant sexuel très prononcé.
Le moment fort de ce deuxième jour a été le témoignage de l’accusé qui a donné sa version des faits sur la nuit du 11 au 12 avril 2017. Emu aux larmes, Nordahl Lelandais s’est directement adressé à Arthur Noyer : “Désolé Arthur. Désolé pour ta famille. Mais je dis la vérité .” Loin de convaincre l’avocat de la famille : “C’est du cinéma “, s’est insurgé maître Boulloud.
Les enquêteurs découvrent que le 25 avril, soit 13 jours après la disparition d’Arthur Noyer, l’ancien maître-chien a cherché sur Internet ‘décomposition d’un corps humain’. Le 18 décembre, les résultats des tests ADN du crâne révèlent qu’il s’agit bien du corps du jeune Berruyer. Commence alors le premier jour de garde à vue de Nordahl Lelandais. Ce n’est qu’en janvier 2018 que sont retrouvés le reste des ossements du caporal, à 300 mètres de là où se situait son crâne.
Le 7 septembre 2017, un promeneur découvre un crâne humain à quelques kilomètres, à Montmélian précisément, quelques semaines après le meurtre en août de la petite Maëlys. Une disparition qui aurait mis les enquêteurs sur la piste Lelandais à cause notamment de sa voiture, une Audi A3 grise, dans laquelle il aurait enlevé la petite fille. La même que celle repérée sur les caméras de surveillance de la police pendant l’observation du trajet d’Arthur Noyer le 11 avril.
Après une suspension de quelques minutes, le procès reprend. Le directeur d’enquête à la section de recherche de la gendarmerie de Chambéry retrace la dernière soirée d’Arthur Noyer. Une soirée tardive et “alcoolisée “, durant laquelle l’homme de 23 ans s’est fait voler son portable en pleine rue par deux individus qui le lui ont finalement rendu. Aperçu seul dans le centre-ville de Chambéry, le caporal a ensuite disparu des caméras de surveillance.
Découverte du crâne d’Arthur Noyer le 7 septembre
L’accusé révèle avoir ensuite décidé de dissimuler le corps non loin de chez Chloé, une de ses ex-compagnes. Un endroit “discret “, idéal pour dissimuler le corps. Il se dit incapable de savoir où il est allé ensuite. En pleurs, Nordahl Lelandais s’adresse directement à Arthur Noyer : “Désolé Arthur. Désolé pour ta famille. Mais je dis la vérité. ” Une déclaration qui n’a pas convaincu l’avocat de la famille : “C’est du cinéma “, s’est insurgé maître Boulloud.
Moment très attendu par les proches d’Arthur Noyer, Nordahl Lelandais livre à présent sa version des faits sur la nuit du 11 au 12 avril 2017. L’accusé assure que c’est le jeune caporal qui ce soir-là, lui a fait signe de s’arrêter. Qu’une fois déposé devant une salle des fêtes, le Berruyer de 23 ans lui aurait mis un coup de poing, pensant qu’il lui avait volé son téléphone. Une bagarre entre les deux hommes aurait ensuite éclaté jusqu’à ce qu’Arthur Noyer tombe en arrière, ne donnant plus aucun signe de vie. “Sur le moment je ne comprends pas ce qu’il se passe, assure Nordahl Lelandais. Je décide de faire un massage cardiaque. Il n’y a toujours aucune réaction “, poursuit-il confus.
“Désolé Arthur “
Autre témoin à la barre, David, ami de longue date de Nordahl Lelandais avec qui les liens se sont peu à peu défaits. Il le décrit comme instable, incapable de garder un travail ou une petite amie : “On l’appelait ‘Belle-vie’ car c’était quelqu’un qui ne bossait pas souvent “, témoigne-t-il. Tout comme les ex compagnes de l’accusé entendues aujourd’hui, David évoque un homme caractériel et impulsif à qui il n’aurait jamais confié ses enfants : “Il n’était pas assez mature pour s’en occuper “, conclut-il.
Quelques minutes plus tard, quand l’avocat de l’accusé le remercie pour son témoignage, Richard rétorque : “Je pense à la famille. J’aurais très bien pu finir comme le caporal Noyer. “
C’est cette fois Richard, avec qui Nordahl Lelandais a eu une aventure sexuelle jusqu’en mars 2017, qui s’avance devant les jurés. Le jeune homme affirme n’avoir jamais ressenti de danger : “En dehors du fait qu’il se droguait à chaque fois, oui il avait l’air lucide “, indique-t-il. A la demande de Cécile et Didier Noyer, maître Boulloud s’adresse directement à Richard : “Vous n’avez rien à voir avec la mort d’Arthur “. Sanglotant, il répond : “Je suis désolé pour vous “.
“J’aurais pu finir comme le caporal Noyer “
Présente “pour Arthur “, Céline, troisième ex-compagne de Nordahl Lelandais, décrit l’accusé comme son “harceleur “. En pleurs à la barre, elle parle d’un homme à la double personnalité, tantôt calme, tantôt extrêmement colérique : “J’ai cru que j’allais mourir “, lâche-t-elle, persuadée que l’accusé a tenté de la tuer. L’avocate générale l’interroge alors sur la consommation de cocaïne de Nordahl Lelandais : “Il avait toujours le nez qui coulait. Il avait une boîte avec une paille et de la cocaïne à côté “, assure Céline.
Quand maître Boulloud, avocat de la famille Noyer, la questionne sur leurs rapports sexuels, la témoin répond : “Ils étaient intenses, il y en avait beaucoup. S’il voulait faire l’amour, on le faisait . […] J’ai découvert avec lui la relation du dominé et du soumis. J’étais la soumise “, précise-t-elle.
Après Chloé, c’est au tour de Vanessa, autre ex-compagne de l’accusé, de s’adresser à la cour. Elle raconte que leur relation a commencé à se dégrader après leur installation ensemble en 2013 : “On avait des grosses disputes qui ont marqué mon fils. Il se cachait sous la table. ” Elle poursuit : “Une fois il m’a serrée tellement fort le bras que j’ai dû aller chez le médecin , relate-t-elle. Je n’ai pas porté plainte, j’avais peur, il menaçait mes proches. ” Une violence qui s’est poursuivi avec leur rupture, “virulente ” selon Vanessa, ponctuée de menaces physiques et verbales.
Un homme aux deux visages
Alors qu’elle n’avait que 17 ans, elle se rend compte que Nordahl Lelandais, âgé à l’époque de 29 ans, est en couple. “Il s’est assez vite emporté, me disant qu’il faisait ce qu’il souhaitait. La conversation a pris fin, il a raccroché, et je n’ai plus eu de nouvelles pendant plusieurs mois “, témoigne-t-elle. Elle décrit l’accusé comme un homme nerveux mais jamais violent avec elle. “Je n’aurais jamais pensé qu’il puisse faire ceci “, déclare Chloé. Utilisée comme alibi par Nordahl Lelandais le soir du meurtre d’Arthur Noyer, elle assure n’avoir rien vu, rien entendu : “Je dormais “, dit-elle.
Début de cette deuxième journée du procès dès 9 heures ce mardi 4 mai. Le parcours de vie de Nordahl Lelandais est encore au coeur des débats. Chloé, ex-compagne de l’accusé, est le premier témoin du jour à s’avancer à la barre. Une relation qui a duré un an, en 2012 : “Ce n’était pas une relation amoureuse mais on se voyait , se souvient Chloé d’une voix hésitante. C’est resté une relation d’ordre sexuel, dans son véhicule. Souvent en soirée dans des coins un peu isolés “, précise la jeune femme.
4 mai, deuxième journée d’audience : la version de Nordahl Lelandais
Le résumé de cette première journée d’audience
Après avoir sommé les jurés de faire abstraction de la médiatisation de l’affaire, l’avocat de la défense maître Alain Jakubowicz a voulu frapper fort dès le début du procès en demandant la nullité d’une expertise psychiatrique datant de 2018. Demande que la cour a finalement accepté.
On retiendra également que Nordahl Lelandais a reconnu “avoir tué Arthur Noyer sans le vouloir “. Il aurait confié à un voisin de cellule en prison que la mort violente du jeune caporal était la conséquence de proposition à caractère sexuel. A la fin de la journée, sa mère lui a demandé de dire toute la vérité. “Bien sûr que je vais le faire maman “, lui a répondu son fils, tout en s’accrochant à sa version d’un accident.
Christiane Lelandais s’adresse ensuite à son fils en le suppliant de dire la vérité. Ebranlé par le portrait géant d’Arthur, porté à bout de bras par la famille Noyer depuis le début du procès, l’accusé se dit prêt à “tout dire “.
Aux questions du président de la cour sur l’impulsivité de Nordahl Lelandais, sa mère répond : “Nordahl caractériel ? Non. Difficile ? Si quelque chose n’allait pas il mettait un coup de poing dans un mur. Mais c’était pas souvent. Coléreux ? Non, c’est tout… “, explique-t-elle.
En cette fin d’après-midi la mère de l’accusé s’avance à la barre, reprenant les mêmes mots que l’enquêtrice de personnalité : “C’était un enfant désiré, doux, normal. L’adolescence n’a pas posé plus de problème que cela. En tant qu’adulte il a vécu sa vie. Je ne l’ai pas vu venir “, déclare Christiane Lelandais, avant d’assurer avoir retrouvé son fils d’avant l’incarcération. Ce à quoi réagit maître Bernard Boulloud, avocat de la famille Noyer : “Ici il y a Cécile et Didier… et eux ils ne retrouveront jamais leur fils. C’est le vôtre qui l’a tué. Vous n’y êtes pour rien madame. “
Dire toute la vérité
Le président de la cour questionne ensuite l’enquêtrice à propos de la relation entre Nordahl Lelandais et ses parents. “Normale ” et “plutôt proche “, notamment avec sa mère, répond l’interrogée. “Tout est correct “, confirme calmement l’accusé, avant d’ajouter quant à ses relations sentimentales et sexuelles : “Tout s’est toujours passé dans le respect .”
Côté vie sentimentale, Nordahl Lelandais a entretenu plusieurs relations à partir de ses 17 ans, lesquelles se sont plutôt terminées en bons termes jusqu’à une “grosse déception ” pour l’homme, avec l’avortement de sa troisième compagne : “Il croyait à toutes ces relations, il voulait être père “, informe l’enquêtrice de personnalité. Sa dernière conjointe l’a décrit comme “très changeant ” mais a précisé auprès de l’enquêtrice que l’accusé n’a jamais été violent avec elle. Quant à son orientation sexuelle, l’investigatrice explique : “Lorsque je l’interroge sur sa bisexualité, Lelandais n’a pas parlé d’une attirance pour les hommes mais d’une simple curiosité. “
Mandatée pour étudier le comportement de l’ancien maître-chien, le témoignage à la barre d’une enquêtrice de personnalité tranche avec celui du président de la cour. Elle évoque une enfance “dénuée de toute difficulté ” ou de toute “violence “. “Sa mère parle d’un enfant calme, débrouillard et obéissant. Tout ce qu’il touchait, il le réussissait “, raconte-t-elle.
Une enfance sans difficulté
Le Berruyer est mort d’une fracture du rachis cervical et d’une atteinte aux voies respiratoires, possiblement dues à l’utilisation d’une pierre par Nordahl Lelandais. Pour sa première prise de parole aujourd’hui, l’accusé déclare : “J’ai donné la mort à Arthur Noyer mais sans vouloir lui donner. J’ai jamais voulu lui donner la mort “.
En ce début d’après-midi, le président de la cour décrit Nordahl Lelandais comme un homme “impulsif ” ayant “une activité sexuelle importante, autant avec des êtres féminins que masculins “. Il rappele par la suite que l’envie d’avoir une relation sexuelle avec Arthur Noyer pourrait expliquer le fait de l’avoir emmené à Saint-Baldoph (Savoie) le 11 avril 2017. Fortement alcoolisé cette nuit-là, le jeune caporal aurait alors été incapable de se défendre.
Un homme impulsif, très actif sexuellement
Après avoir suspendu l’audience le temps de délibérer, la cour accepte finalement la demande de nullité de la défense. L’expertise psychiatrique de 2018 ne sera donc pas prise en compte pour ce procès.
Au tour ensuite de l’avocat de la famille Noyer de s’avancer vers les jurés : “ Arthur, ce qu’il reste au fond de ta tombe doit se retourner avec ce que tu viens d’entendre. […] Il avait le droit de vivre, monsieur Lelandais, et vous l’avez tué “, s’indigne maître Bernard Boulloud. Une déclaration qui pousse Nordahl Lelandais à baisser la tête pour la première fois depuis le début du procès.
Toujours à la barre, maître Jakubowicz demande l’annulation d’un rapport d’expertise psychiatrique de Nordahl Lelandais datant de 2018 : “Ce n’est plus le même homme “, déclare-t-il. L’avocat reproche également à l’un des experts présent aujourd’hui au procès de s’être exprimé sur l’affaire dans l’émission C dans l’air sur France 5 , sans en informer la cour : “Un expert ne peux pas être un expert a la télévision et devant la cour , dénonce-t-il. Monsieur le Président, je ne doute pas que si vous aviez su que cet expert était intervenu dans cette émission, vous ne l’auriez pas désigné. ” A la suite de quoi maître Jakubowicz demande officiellement un pourvoi en cassation .
Demande de pourvoi en cassation
Avocat de l’accusé, maître Alain Jakubowicz s’avance à la barre en ôtant son masque : “Les journalistes ont surabondamment traité cette affaire, on va vous demander de faire abstraction de tout ça. Il ne faut tenir compte que de ce que vous entendez dans ces débats “, adresse-t-il aux jurés, précisant par ailleurs que lui et son client ne porteront pas de masque au moment de prendre la parole. “C’est ce qu’il doit à la famille et à l’opinion publique. Apparaître sans filtre “, ajoute-t-il.
Dès l’entame de la séance, le président de la cour rappelle aux parties civiles et au public que les Assises peuvent être un “lieu violent ” et leur demande donc d’avoir un “comportement digne “. Il s’adresse ensuite à Nordahl Lelandais, relativement détendu au moment de décliner son identité : “Vous allez être jugé comme n’importe quel autre accusé, les jurés et magistrats sauront faire abstraction de la médiatisation “. A noter que six jurés ont été tirés au sort et que l’avocate générale a demandé quatre jurés supplémentaires.
Début de l’audience
Par ailleurs poursuivi pour avoir tué la petite Maëlys de Araujo en août 2017 et pour avoir agressé sexuellement trois de ses petites-cousines la même année, Nordahl Lelandais risque pour son premier procès 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu autour du 12 mai 2021.
Dès 8h ce matin, le public et une foule de journalistes attendaient déjà devant les portes de la cour d’assises de la Savoie (Chambéry). • © Céline Durchon/ France TV
Arrivée de Nordahl Lelandais ce lundi 03 mai à la cour d’assises de la Savoie (Chambéry). • © Philippe Desmazes/ AFP
Un premier procès déterminant
A partir de 10 heures ce matin, la cour d’assises de la Savoie (Chambéry) examine les circonstances du meurtre du jeune Berruyer Arthur Noyer. Sur le banc des accusés : Nordahl Lelandais. Cet ancien maître-chien de 38 ans est accusé d’avoir tué le caporal , âgé de 23 ans à l’époque, après que ce dernier a refusé ses avances. Si Nordahl Lelandais a avoué en mars 2018 être à l’origine du décès du jeune militaire du 13e bataillon de Chasseurs alpins, il a toujours parlé d’un décès accidentel, d’une “bagarre qui a mal tourné “.
“Ils ont une appréhension mais ils sont déterminés. Ils sont là avec beaucoup de force mentale pour affronter Nordahl Lelandais “. Voici les premiers mots de maître Bernard Boulloud pour décrire l’état d’esprit qu’ont Cécile et Didier Noyer ce lundi 3 mai. Pour l’avocat de la famille, ils sont prêts à porter le souvenir de leur fils Arthur, tué un soir d’avril 2017. “Nous allons pouvoir entrer dans une phase active de deuil “, confiait le père à France 3 Centre-Val de Loire le 27 avril dernier.