Cette réalité doit se comprendre dans le contexte du processus d’intégration à la française, à la fois exigeante et ambitieuse : exigeante car il s’agit ni plus ni moins que de changer de culture ; ambitieuse car au bout du chemin, il y a la reconnaissance pleine et entière du nouveau citoyen. Mais, qu’est-ce-que l’intégration, si ce n’est une transition difficile, entre deux cultures, entre deux générations, entre deux histoires ? Transition difficile, faite d’allers et retour, de conflit, d’incompréhensions, au sein de la famille et avec la société. Transition qui explique les quêtes d’identité d’adolescents ignorés par leurs espaces géographiques, culturels et familiaux d’origine.
Cette transition est utilisée par les zélotes de l’islam politique : « Vous n’êtes pas complètement Français ; vous n’êtes plus vraiment marocain, algérien, tunisien ou sénégalais ? Ne craignez rien, vous êtes musulmans. » Et, pourrait-on ajouter, vous avez accès à l’identité universaliste que la France vous promet mais qu’elle ne vous donne pas. Car l’islam est une religion universelle. La oumma, la communauté des croyants est accueillante (la racine du mot est la même que pour le mot mère) et sans limite. Mais l’islam des enfants sera différent de celui des parents : il devra marquer une rupture générationnelle. Pour dire le refus des enfants d’être traité comme l’ont été leurs parents. L’islam des enfants sera plus dur, plus revendicatif, plus particulariste car il voudra être le symbole du refus d’une forme de domination. C’est l’islam décrit plus haut, celui de la tentation séparatiste.