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À Bercy, on n’est pas forcément rassuré.
Depuis la rentrée, le chef de l’État (ici lors du sommet UE-Med, en Grèce, le week-end dernier) tente de couvrir tous les secteurs, de l’environnement à la sécurité en passant par le sanitaire ou l’éducation. ANGELOS TZORTZINIS/AFP
Ça y est, l’automne est là. Et plus que les nuages, c’est Emmanuel Macron qui apporte la pluie, une pluie de milliards avec lesquels il inonde le pays. Notre président n’est certes pas officiellement en campagne, mais les annonces, déplacements et discours incessants nous font comprendre qu’elle est tout de même bien engagée. Et avec presque chaque déplacement, on découvre de nouvelles dépenses : 1,5 milliard pour la Cité phocéenne, des centaines de millions d’euros pour la sécurité, le chèque énergie, l’assurance récolte des agriculteurs, etc. Une stratégie qui ne plaît pas franchement à l’opposition qui y voit l’électoralisme du président. Son entourage dément et assure que tout cela entre en continuité parfaite avec le reste du quinquennat. Néanmoins, impossible de ne pas penser que le chef de l’État assure ses arrières en traitant de tous les sujets possibles, pour ne pas être pris de court une fois la vraie campagne lancée, pour ne pas être accusé d’en avoir oublié. La crise sanitaire, le mal-être sécuritaire, l’écologie, les difficultés économiques post-Covid… tout y passe. Et rien n’est trop cher.
À Bercy, on n’est pas forcément rassuré. Après les 100 milliards consacrés à la crise sanitaire, la période pré-électorale annonce toujours plus d’euros qui pourraient déferler sur l’économie française. Les économies, ce n’est pas pour tout de suite. Manon Malhère s’est penchée sur le sujet et vous dévoile la très longue liste de dépenses annoncées ces derniers temps , dont on ne connaîtra vraiment l’ampleur qu’une fois le budget de l’État pour 2022 présenté à l’Assemblée nationale. Si l’on en saura plus demain, il n’y a pas franchement de suspense: on se l’imagine bien, la facture sera salée, autour de 17 milliards d’euros supplémentaires. Une attitude avec laquelle nous devons être prudents, argumente Marie Visot , alors que les Français pourraient avoir tendance à croire que l’État aurait une grosse cagnotte à disposition qui lui permettrait de distribuer des milliards à tout va.
On s’en doute, Éric Woerth est un peu chiffonné: personne ne s’intéresse vraiment à son dada, les finances publiques . Et pourtant, le sujet est essentiel alors que nos dirigeants seraient apparemment en train de se laisser aller à une «euphorie dépensière ». Les dépenses courantes filent, financées par la dette. Et le budget que le gouvernement va présenter cette semaine ne devrait pas déroger à la règle. Si la France a bien su gérer la crise, il serait dommage qu’elle en rate la sortie sur le plan économique. Le sujet est pourtant à l’abandon selon le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale, personne ne prenant vraiment au sérieux l’importance de l’état de nos finances publiques, Emmanuel Macron en premier, mais aussi la majorité dans son ensemble et l’opposition.