En l’espèce, le contexte politique entourant la discussion d’un dispositif juridique d’ensemble dirigé contre les libertés démocratiques, en général, et les musulmans, en particulier, (loi dite de Sécurité globale, projet de loi renforçant le respect des principes de la République, décrets du 2 décembre 2020 élargissant les possibilités de fichage policier, notamment des syndicalistes) explique le tintamarre fait autour de cette affaire. Au surplus, liée culturellement sinon organiquement au gouvernement turc actuel, l’association Millî Göruş a eu l’outrecuidance, pour des motifs religieux et dans un climat de tension diplomatique entre la France et la Turquie, de ne pas signer la charte que le Président de la République, pris d’une ivresse néo-concordataire accrue à l’approche du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, entendait imposer aux composantes du Conseil français du culte musulmans (CFCM), désormais en état de coma avancé.
La polémique jette un écran de fumée sur les vrais problèmes. En premier lieu, avec le soutien de la majeure partie des forces politique, le Gouvernement n’a pas l’intention d’abroger le Statut clérical d’Alsace-Moselle qui y autorise le financement public des cultes, alors qu’il est interdit, là où elle s’applique, par la loi du 9 décembre 1905 concernant la Séparation des Églises et de l’État afin d’assurer la liberté absolue de conscience à chacun. En second lieu, le responsable de Millî Göruş pour la région Grand-Est a raison de dire, qu’appuyé par les média qui lui servent de relais pour mener toutes ses offensives, le Gouvernement s’enferme dans une contradiction insoluble : d’un côté, par le truchement du projet de loi « séparatisme », lorsqu’il sera adopté, il entend contrôler pour les assécher les financements des cultes venus de l’étranger – c’est d’ailleurs en raison de l’insuffisance, en l’espèce, de ceux accordés par Ankara que Millî Göruş s’est tournée