L’Islam : les sens du mot
Rappelons que tous les noms arabes sont formés à partie d’une racine, généralement de 3 lettres, qui définissent un champ lexical. Les autres éléments de ce champ lexical sont formés à partir de cette racine. Par exemple, la racine كتب (k-t-b) définit le champ lexical de l’écriture : kataba – écrire, kitâb – livre, kâtib – écrivain, maktabah – bibliothèque, mektoub – «c’est écrit», par extension «c’est le destin», etc… La racine سلم (s-l-m) définit le champ lexical de la sécurité, au sens «être sain et sauf». D’ailleurs salima, signifie précisément «être sain et sauf». salamah , a pour sens «le fait d’être sain et sauf». Par exemple, on entend souvent, à l’atterrissage d’un avion, des voyageurs, pas très rassurés, dire «alhamdulillah, wasalna bissalamah» (Grâce à Dieu, nous sommes arrivés sains et saufs !». Par extension, salamah signifie aussi la salubrité, l’absence de défaut, la droiture, l’intégrité. L’étymologie arabe est passionnante, car, de racine en extension, elle raconte une histoire, renferme une sorte de description historique. A l’époque de la prophétie mohammadienne, et avant celle-ci, les peuples du moyen-orient étaient majoritairement nomades ou commerçants, dans un milieu difficile, parfois hostile, et possédaient une structure tribale, féodale. Le principal danger était l’isolement. Le voyageur solitaire était menacé par l’environnement, mais aussi les bandits qui attaquaient les caravanes, etc. La sécurité, c’était le groupe. Appartenir à un clan, se placer sous la protection d’un chef, d’un seigneur, le reconnaître (taslîm) comme tel, lui faire allégeance. En échange, le seigneur apporte sa protection, permet de vivre en paix (salâm). Et le Seigneur des seigneurs est évidemment Dieu, Allah. C’est en s’en remettant à Lui, en se soumettant à Sa volonté, que l’on compte parmi les croyants. Tel est le sens exact du mot «Islam». La notion de «soumission» n’a pas, en arabe, le sens péjoratif qu’elle a acquis en français par exemple, celui d’une aliénation de soi. Et c’est important, car cette confusion est à l’origine d’une incompréhension majeure à propos du sens de l’Islam. Il s’agit de l’acte volontaire du croyant qui «fait confiance» en un Dieu unique, qui «s’en remet à Lui». Lequel, de son côté, apporte au croyant amour, miséricorde et protection (Sallama : protéger ) Cette notion de soumission positive est d’ailleurs celle qu’on retrouve dans les textes hébreux et araméens, antérieurs au Coran. Lequel ne faisant que rappeler, et préciser, les révélations antérieures. On retrouve cette même appellation de «Seigneur» dans les 3 religions monothéistes, pour désigner le Tout-Puissant. Le Pater chrétien contient cette invocation : «Que Ta volonté soit faite…» Ainsi se fait naturellement le rapporte entre «soumission» à Allah et «Paix». Cette notion de paix est d’ailleurs indissociable de l’Islam : les musulmans se saluent en disant «assalâm aleikum» «Que la Paix soit avec vous». Etant bien entendu qu’il s’agit de la paix qu’apporte Allah au croyant qui s’abandonne à lui et observe Ses commandements, sa Loi. On pourrait dire que les notions d’obéissance et de soumissions sont aussi celles que l’on observe à l’égard de ses parents, de ses professeurs, de la Loi. Il n’existe pas de paix et de sécurité possible sans loi et respect de celle-ci.