Peu de musulmans de France se reconnaissent dans le CFCM, sous influence étrangère. L’organisation est en effet tenue à la fois par les Marocains, les Algériens et les Turcs. Sur le terrain, les imams ne supportent plus toutes ces guéguerres, à l’image de Mohamed Bajrafil, qui a décidé de d’abandonner son imamat de la mosquée d’Ivry, fonction qu’il exerce depuis 21 ans. “Aucune religion n’est aussi mal structurée que l’Islam de France. Donc que l’Etat veuille que les choses changent c’est tout à son honneur. C’est même son devoir. Mais la manière dont il s’y est pris, en construisant un Islam de France sur des bases ethno-religieuses, ça n’a pas de sens.”
L’adhésion des organisations primordiale pour une loi efficace
Tout cela ne veut pas dire que le projet de loi sur les séparatismes est menacé. Sauf coup de théâtre, le texte devrait être adopté. Le vrai problème, ce sera l’adhésion à la loi des organisations représentatives de l’Islam. Si elles ne jouent pas le jeu à fond, la lutte contre l’islamisme restera au niveau du débat intellectuel.
Pour certains, la solution serait de repartir de la base. “Chaque département aura des représentant au niveau national, comme des grands électeurs. Ils se retrouveront au niveau national pour élire un bureau, un représentant national ou un grand imam. A l’image, en quelque sorte, de ce que font nos amis catholiques avec le conseil des évêques de France”, recommande Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne.
Le problème, c’est que ce processus prendrait trop de temps. Et Emmanuel Macron en manque, comme Nicolas Sarkozy, quand il avait créé le CFCM, en 2003. En 17 ans, personne n’a vraiment pris le temps nécessaire pour mettre sur pied une organisation légitime et solide.