Des militaires français de la force Barkhane, au Mali le 11 février 2021. — ERIC DESSONS/JDD/SIPA
Les près de 5.100 militaires de l’opération Barkhane ne sont une nouvelle fois plus certains de rester au Mali, après un deuxième coup d’Etat en neuf mois. Dans un entretien au Journal du dimanche , Emmanuel Macron se montre très clair : les troupes françaises quitteront le pays si le régime à Bamako allait « dans le sens » d’un islamisme radical.
La France soutient militairement le Mali , qui fait face depuis 2012 à une poussée djihadiste partie du nord avant de s’étendre au centre du pays. Mais Paris, comme l’UE, a dénoncé mardi un « coup d’Etat inacceptable » après l’arrestation du président, Bah Ndaw, et du Premier ministre, Moctar Ouane, décidée par l’homme fort du pays, le colonel Assimi Goïta.
« Nous n’avons pas vocation à rester éternellement »
« Au président malien Bah N’Daw, qui était très rigoureux sur l’étanchéité entre le pouvoir et les djihadistes, j’avais dit : “L’islamisme radical au Mali avec nos soldats sur place ? Jamais de la vie !” Il y a aujourd’hui cette tentation au Mali. Mais si cela va dans ce sens, je me retirerais. » Emmanuel Macron affirme également avoir « passé le message » aux dirigeants d’Afrique de l’Ouest qu’il « ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ». Ces dirigeants se réunissent d’ailleurs ce dimanche pour trancher la question épineuse de leur réponse au double putsch des militaires maliens en neuf mois.
Emmanuel Macron rappelle en outre avoir dit, depuis trois ans, « au sein de plusieurs Conseils de défense, que nous devions penser à la sortie ». Au sommet du G5 Sahel à Pau en janvier 2020, « j’ai préparé un chemin de sortie. Je suis resté à la demande des États, parce que je pensais que la sortie était un point de déstabilisation. Mais la question se pose, et nous n’avons pas vocation à rester éternellement là-bas. »
Souhait d’un plan Marshall pour l’Afrique
Concernant le Tchad, où un Conseil militaire de transition (CMT) présidé par l’un des fils d’Idriss Déby, Mahamat, après sa mort brutale en avril, Emmanuel Macron estime que « les choses sont claires ». « Nous venons au secours et en soutien d’un État souverain pour qu’il ne soit pas déstabilisé ou envahi par des groupements rebelles et armés. Mais nous demandons la transition et l’inclusivité politique », assure-t-il.
Emmanuel Macron met aussi en garde contre un échec d’une politique de développement en Afrique. « Je le dis avec lucidité, si on est complices de l’échec de l’Afrique, on aura des comptes à rendre mais on le paiera cher aussi, notamment sur le plan migratoire », estime-t-il. Il réaffirme qu’il faut donc « investir massivement » au sortir de la pandémie de Covid-19 « avec l’équivalent d’un plan Marshall » et que la communauté internationale doit avoir « la générosité de dire qu’on efface une partie de la dette pour aider les Africains à bâtir leur avenir ».
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