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Trois espions à la Grande Mosquée de Bruxelles ?
Soupçons d’espionnage marocain à la Grande Mosquée du Cinquantenaire
La justice a rendu un avis négatif concernant la reprise des activités de la Grande Mosquée du Cinquantenaire, à Bruxelles. Certains de ses nouveaux dirigeants, qui avaient été désignés pour mettre fin à l’influence de l’Arabie Saoudite, sont soupçonnés d’espionnage pour le compte du Maroc, rapportent vendredi De Morgen et Het Laatste Nieuws.
Rédaction 04-12-20, 06:17 Dernière mise à jour: 09:53 Source: Belga
En avril dernier, la gestion du lieu de culte, financé depuis des décennies par l’Arabie Saoudite, avait été confiée à l’Exécutif des Musulmans. Ce dernier avait mis en place une direction provisoire, dans l’attente du dépôt d’un dossier de reconnaissance.
Le ministre de la Justice souhaite le renouvèlement de tous les organes de l’EMB
Cette demande a été soutenue par la plupart des autorités concernées, mais le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld) a néanmoins rendu un avis négatif, sur base d’éléments de la Sureté de l’Etat. Ces derniers font état d’une emprise marocaine qui aura pris la suite de l’influence saoudienne. De l’espionnage est même évoqué, la Sureté désignant trois collaborateurs de la mosquée, dont un dirigeant, comme membres des services de renseignement marocains.
La procédure de reconnaissance est suspendue et le ministre exige de l’Exécutif des Musulmans qu’il fasse le ménage. L’un des espions présumés y siège également et fait partie de l’association censée mettre en place un trajet de formation pour les imams.
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La Sûreté de l’Etat recale la reconnaissance de la Grande Mosquée de Bruxelles
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La reconnaissance de la grande mosquée de Bruxelles est recalée. – © EMMANUEL DUNAND – AFP
L’Etat Fédéral remet un avis négatif suite à la demande de reconnaissance de la Grande Mosquée du Cinquantenaire, à Bruxelles. C’est ce qu’a appris la RTBF. La demande avait été introduite par l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et l’ASBL « Association de gestion de la Grande Mosquée de Bruxelles » qui a repris lieu culte après la remise des clés par l’Arabie saoudite. C’était en avril 2019.
Influences étrangères
Mais surprise : l’Etat pointe aujourd’hui des failles dans le dossier de reconnaissance. Lesquelles ? Selon nos informations, c’est un rapport cinglant de la Sûreté de l’Etat qui a bloqué le dossier. Ce rapport pointerait des ingérences étrangères au sein de l’ASBL gestionnaire, principalement la proximité de son président Salah Echallaoui (par ailleurs vice-président de l’Exécutif) avec le pouvoir marocain. Un élément relevé par l’émission « Questions à la Une » en 2016.
La Sûreté évoquerait également le manque de diversité au sein des organes de gestion, trop marqués par les deux grandes communautés religieuses historiques de Belgique, marocaine et turque, au travers cette fois du président de l’EMB, Mehmet Üstün. En clair: pas assez ouverts aux fidèles belges convertis ou originaires d’autres pays. Enfin, l’islam mis en avant par le lieu de culte ne serait pas encore en phase avec la société belge.
Contacté, le cabinet du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), en charge des cultes, n’a pas souhaité répondre à nos questions à ce stade.
La reconnaissance officielle d’un lieu de culte par les autorités belges n’est pas une obligation. Mais celle-ci permet plus de transparence. Dans le cadre de la Grande Mosquée du Cinquantenaire, dont les gestionnaires précédents ont été pointés du doigt dans le cadre de la commission parlementaire sur les attentats du 22 mars 2016, quant à la diffusion d’un islam rigoriste et wahhabite, cela aurait constitué un symbole et un exemple pour les mosquées belges réticentes à passer par une officialisation de leurs statuts.
Prise en charge du salaire des imams mais pas que
La reconnaissance permet notamment l’intervention des pouvoirs publics pour combler un déficit financier, une intervention financière dans le cadre de travaux d’entretien, des avantages fiscaux, la prise en charge du salaire des imams (jusqu’à trois représentants par mosquée reconnue).
L’ASBL gérant le lieu de culte doit, en contrepartie, travailler à livre ouvert. Ses statuts sont totalement transparents et la mosquée, dans ce cas-ci, doit obligatoirement mettre en place un comité de gestion qui va élaborer un budget prévisionnel et présenter ses comptes auprès la tutelle régionale. Les sources de financement sont par conséquent davantage contrôlées.
Ce sont les Régions qui octroient la reconnaissance. Mais avant cette étape, la demande fait l’objet d’un avis du Service Public Fédéral Justice, ainsi que de la Sûreté de l’Etat. D’autres services interviennent dans le processus : l’OCAM (qui analyse la menace sur le territoire belge), le Service général du renseignement de la Défense, la Police fédérale, la police locale où se situe la mosquée, l’Office des étrangers, la Cellule de traitement des informations financières (CETIF)…
Un office religieux à la grande mosquée de Bruxelles, avant les mesures Covid. – © LAURIE DIEFFEMBACQ – BELGA
L’ASBL mise sur pied par l’Exécutif des musulmans pour gérer la Grande Mosquée n’a donc pas satisfait aux exigences de ces différentes entités.
En général, là où ça bloque, c’est avec la Sûreté de l’Etat
Il y a quelques jours, au Parlement bruxellois, le député Ecolo Ahmed Mouhssin, avait interrogé le ministre-président régional Rudi Vervoort sur la durée anormalement longue du traitement de la demande. En raison du changement de gouvernement fédéral ? De la crise du Covid ? Pas vraiment, soupçonnait le parlementaire.
« Pour des petites mosquées de quartier, que la Sûreté de l’Etat doive organiser des enquêtes, ça je peux le comprendre« , avait déclaré le 24 novembre le député écologiste en commission des Affaires intérieures. « Mais quand vous collaborez avec l’Exécutif des musulmans, vous savez que la Sûreté de l’Etat fait un screening. Elle connait toutes ces personnes. Je ne comprends pas pourquoi la Sûreté de l’Etat (bloque). Dans le dossier, en général, là où ça bloque, c’est avec la Sûreté de l’Etat. »
« Si elle a des éléments objectifs pour bloquer le dossier, qu’elle les communique. On est prêt à les entendre« , avait ajouté Ahmed Mouhssin.
Une reconnaissance obligatoire
Réponse alors de Rudi Vervoort qui rappelle que l’avis de la Sûreté de l’Etat est « indispensable« : la procédure ne prévoit pas de délai pour que le Fédéral réponde à la demande de reconnaissance. « Nous envoyons des courriers régulièrement« , sans réponse, avait par ailleurs indiqué le socialiste. Sans réponse, avant celle qui nous est parvenue.
On l’a dit : la reconnaissance d’un lieu de culte n’est pas une obligation. Mais pour la Grande Mosquée du Cinquantenaire, les choses sont un peu différentes. Comme l’indique l’arrêté royal fixant les conditions de la concession à l’ASBL gestionnaire, la « non obtention de la reconnaissance de la communauté islamique locale de la Grande Mosquée de Bruxelles« , implique la fin immédiate « et sans préavis » de la convention de concession.
La reconnaissance est aujourd’hui suspendue mais rien n’empêche en théorie l’ASBL de relancer la procédure. Laquelle devra convaincre cette fois la Sûreté de l’Etat.
Selon l’Exécutif des musulmans, la Région de Bruxelles-Capitale compte 21 mosquées reconnues et la Région wallonne 39.