Vues:
338
Alors que nous avons l’impression de laisser derrière nous (pour combien de temps ?) bien des éléments traumatisants de la pandémie (surcharge hospitalière, mesures de distanciation sociale, couvre-feux, confinements, etc.), nous sommes bien conscients que celle-ci a laissé des séquelles profondes qu’il faudra affronter pour des années, comme l’accélération d’une dégradation du système de santé publique commencée bien en amont. Plus encore, la pandémie a représenté dans certains domaines un tournant. Nous avons changé de monde et savons que nous ne reviendrons pas en arrière. Au premier plan de ce changement : l’usage désormais massif et quotidien du numérique sous toutes ses formes – pour ceux, du moins, qui en ont les moyens. Certes, le mouvement avait commencé depuis deux décennies mais les deux dernières années ont vu sa massification et surtout son application à des domaines jusqu’alors inégalement touchés, comme par exemple, de façon assez emblématique, la vie de nos communautés croyantes.
Au même moment, le fondateur de Facebook annonce la création de Metaverse, un monde entièrement virtuel, en le présentant comme l’avenir incontournable de nos relations sociales. Ce que certains désignaient déjà depuis des années – sans nul doute à raison – comme la « révolution numérique » s’accélère ainsi chaque jour un peu plus. La façon dont nous construisons notre rapport à Dieu en est nécessairement impactée de multiples façons. Rapport au savoir, à l’Écriture, à la parole prêchée en chaire, relations communautaires, vie de prière, modalités du témoignage, rapport au réel, etc. : autant d’éléments constitutifs de notre vie de foi qui se voient bouleversés par le monde numérique, nous appelant à un discernement complexe mais passionnant.
Anne-Sophie Vivier-Muresan, directrice de la publication
Internet est accueilli par beaucoup comme l’occasion unique de démultiplier la portée des paroles de la foi. Grâce au numérique, il paraît possible d’aller au-delà les frontières habituelles pour atteindre des personnes qui n’auraient jamais franchi le seuil d’une mosquée ou d’une église. On sait aussi comment internet a permis de maintenir le lien des communautés mises à mal par la pandémie. D’autres sont plus critiques, voyant dans la nature « virtuelle » des relations établies ou dans la pléthore d’informations souvent contradictoires, un obstacle à la portée du témoignage croyant. Qu’en penser ? Internet est-il au final un lieu favorable ou défavorable à l’énoncé des mots de la foi ? Trois articles nous aident à y réfléchir et à prendre la mesure des enjeux posés par l’investissement d’une parole croyante sur la « toile ».
Isabelle Morel est théologienne, investie dans la formation des catéchètes. Elle nous présente les défis posés par les outils numériques et les conditions de leur usage fécond pour l’évangélisation :
Tarik Abou Nour est imam et théologien. Il a créé il y a plus de 20 ans un site présentant l’école malékite, l’une des 4 écoles juridiques majeures du monde sunnite. Il nous explique les visées et les fruits de cette initiative :
Genèse et rôle du site doctrine-malikite.fr, Dr Tarik Abou Nour
Internet a accompagné l’histoire de la mosquée de Genevilliers dès le début de sa construction. Chaouki Abssi, Mohammed Benali et Ali Heraiz nous présentent brièvement cette histoire :
Internet au service de nos communautés. L’exemple de la mosquée de Genevilliers, Chaouki Abssi, Mohammed Benali et Ali Heraiz