La plupart le savaient, mais l’aspiration à retrouver une vie normale était trop viscérale, après bientôt un an et demi de confinements à répétition et de précautions à tout va. Même vacciné, il existe une (très) faible probabilité, de tomber malade du Covid-19.
Au Royaume-Uni, 50 vaccinés parmi les 117 morts du variant Delta : est-ce préoccupant?
Pour Milena, se faire vacciner le plus tôt possible était une manière de mettre un point final à ces longs mois de pandémie et toutes les difficultés qu’elle a engendrées. «Je voulais retrouver la vie d’avant, ne plus être à risque, pouvoir voyager cet été, sortir, bref être libre ! », confie au Figaro cette Parisienne de 29 ans qui travaille dans le marketing et la communication. Après avoir reçu ses deux doses de vaccin Pfizer fin juin, la jeune femme profite de la réouverture des discothèques .
Puis vient l’anniversaire de sa petite sœur le week-end dernier dans la maison familiale. «Je n’avais pas de symptôme le jeudi, j’étais un peu fatiguée, c’est tout », raconte-t-elle. Le vendredi, elle perd l’odorat. Sa sœur lui demande d’aller faire un test, ne serait-ce que pour informer les autres invités. Elle s’y refuse, dans un premier temps : «Je ne voulais pas. Si je me suis fait vacciner, c’est pour arrêter les cotons-tiges dans le nez tout le temps ».
Ça a été très rude. Tout un tas de questions me sont revenues. Puis-je encore aller voir mes grands-parents sans me faire tester ? Puis-je sortir en soirée sans inquiétude ? Dois-je encore limiter mes interactions sociales ?
Milena
Quelques heures plus tard, à la pharmacie, contre toute attente, le test antigénique s’avère positif. «J’étais choquée, tout le monde est tombé de sa chaise ». Pour elle qui estimait «avoir fait sa part du contrat », le «sentiment d’injustice est grand ». La nouvelle est difficile à accepter. La jeune femme doit s’isoler, contrainte de s’éloigner de la maison de ses propres parents. Elle enchaîne le week-end avec des symptômes violents : beaucoup de fièvre, et surtout de fatigue : «Ça a été très rude. Tout un tas de questions me sont revenues. Puis-je encore aller voir mes grands-parents sans me faire tester ? Puis-je sortir en soirée sans inquiétude ? Dois-je encore limiter mes interactions sociales ? Et en même temps, je ne me vois pas vivre indéfiniment avec ces contraintes… ».
L’UE atteint son objectif de vacciner 70% des adultes avec au moins une dose
6% des tests positifs
Cette mésaventure, d’autres l’ont vécue également. On le sait, les vaccins anti-Covid ont une bonne efficacité contre le coronavirus. Celle-ci varie en fonction des vaccins proposés, mais les taux de protections restent remarquables. Il existe cependant toujours un risque d’être contaminé, un pourcentage de chance très réduit mais pas inexistant. Selon une étude de la Drees , sur la période du 28 juin au 4 juillet et pour les contaminés symptomatiques, «6 % des nouveaux tests positifs concernent des personnes complètement vaccinées ».
Avec toutes ces campagnes de communication pour la vaccination, aussi légitimes soient-elles, je n’ai rien vu venir.
Nadia
«Avec toutes ces campagnes de communication pour la vaccination, aussi légitimes soient-elles, je n’ai rien vu venir », avoue Nadia, cadre commerciale du nord de la France, elle aussi vaccinée entièrement. Originaire de Biélorussie, la Française de 39 ans passait quelques jours en Turquie avec son mari et son fils de 6 ans, avant de retourner voir sa famille dans son pays natal pour prolonger les vacances.
Mais avant de prendre l’avion, le test – obligatoire pour le vol – se révèle positif. «J’étais complètement surprise, d’autant plus que je n’avais aucun symptôme ». La mère de famille doit s’enfermer dans son hôtel pendant plusieurs jours, avant de pouvoir rejoindre son mari et son fils partis sans elle. La conclusion est la même pour Nadia : «Les incertitudes reviennent, je me dis encore plus que l’on ne maîtrise rien ». La mère de famille estime d’ailleurs être restée très prudente et assure n’avoir jamais relâché les gestes barrières du quotidien.
«Dans quel état aurais-je été sans le vaccin ?»
Prudent, Alexandre l’était resté lui aussi. Même si vacciné avec les deux doses, «pour protéger les proches, et pour que tout ça se termine », le jeune homme de 25 ans garde son masque en soirée, et en boîte également, sur la piste de danse, malgré les remarques et moqueries de ses amis. Mardi dernier, toutefois, le Parisien, contractuel pour plusieurs entreprises de télévision, est en petite forme : «Une crève sans doute ». Mais le mal de tête arrive et la fièvre monte. Aussitôt, il réalise un test anti-Covid… positif. Le jeune homme doit s’isoler. Des contrats sont annulés, et son anniversaire, durant cette semaine, se déroulera sans ses amis.
On ne nous a jamais vendu le vaccin comme efficace à 100%.
Alexandre, 25 ans
«Je l’ai pris avec le sourire, il n’y a pas mort d’homme mais forcément il fallait que ça tombe sur moi, c’est l’ironie du sort », commente Alexandre. «J’étais vacciné, je faisais encore attention donc je ne sais absolument pas comment je l’ai attrapé », s’étonne-t-il, avant de tempérer : «On ne nous a jamais vendu le vaccin comme efficace à 100%, je ne voudrais pas que les antivax puissent en tirer des conclusions farfelues. C’est comme ça, il faut l’accepter ». Le jeune homme n’a pas encore retrouvé le goût et l’odorat mais se pose une question : «Dans quel état aurais-je été sans le vaccin ? »
«Je pense que ça aurait été beaucoup plus pénible », répond Olivier, 55 ans, banquier à Dubaï. Là-bas, seul le vaccin chinois Sinopharm était disponible pour les étrangers au début de l’année. Le Français a reçu très tôt ses deux doses, en janvier, avant d’opter pour une troisième dose de Pfizer. L’expatrié réalise un test PCR pour rentrer en France voir ses parents au milieu du mois de juillet. Le test s’avère positif alors que les premiers signes grippaux apparaissent. Mais pour Olivier, «le fait d’être vacciné a atténué les symptômes ». Et, surtout, la surprise était moins grande. «Je connaissais déjà plusieurs personnes qui ont eu deux doses de vaccins Pfizer ou de vaccins Sinopharm et qui ont attrapé la maladie », confie-t-il.
Des précautions à avoir, même vacciné
Aucun des cas contacts des personnes interrogées par Le Figaro n’a signalé de symptômes pour le moment. L’institut Pasteur avait assuré, le 30 juin dernier, qu’une «personne vaccinée a 12 fois moins de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne non-vaccinée ».
Ces personnes bénéficiant d’un schéma vaccinal complet et qui sont contaminées malgré tout sont amenées à se poser des questions. Le vaccin permet-il d’être moins prudent ? Pas encore, probablement. La Direction générale de la santé a confirmé récemment que les personnes ayant un schéma vaccinal complet depuis au moins sept jours seraient exemptées d’isolement si elles étaient «cas contact». Mais certaines règles persistent néanmoins.
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Si vous êtes pleinement vaccinés et déclarés «cas contact», la DGS précise qu’il vous faut «réaliser un test immédiat et un test à J+7 du dernier contact avec le cas ». Il faudra aussi continuer à «porter un masque dans l’espace public, informer l’entourage et limiter les interactions sociales ».