Végétation calcinée, bétail agonisant et villages assiégés : les feux sèment la désolation en Kabylie, à l’est d’Alger. En 2020 déjà 44 000 hectares de taillis étaient partis en fumée. Si le phénomène s’observe chaque année, celle-ci est particulièrement intense sur fond de réchauffement climatique planétaire. Au moins 69 personnes sont mortes dans le nord du pays, tandis que pompiers, militaires et volontaires tentent désespérément de lutter contre des dizaines de feux, avivés par la chaleur extrême. Mardi soir, le président Abdelmadjid Tebboune a rendu hommage aux soldats du feu.« C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la mort en martyrs de 25 militaires [Le bilan est monté à 28 depuis, N.D.L.R.] après qu’ils aient réussi à secourir plus d’une centaine de citoyens des flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi-Ouzou », a écrit le chef de l’État algérien.
Pendant ce temps, le ministère de l’Intérieur qualifie de « criminelle »l’origine des foyers. « Cinquante départs de feu en même temps, c’est impossible. Ces incendies sont d’origine criminelle » a-t-il affirmé.
LYNCHÉ DANS LA COUR DU COMMISSARIAT
Cette dialectique pourrait cependant répondre à un objectif : « détourner l’attention de la population », indique à Marianne, un observateur avisé de l’Algérie sous couvert d’anonymat. « L’Était fait cela pour camoufler son incapacité à constituer une flotte aérienne anti incendies. À la place, le gouvernement préfère acheter du matériel militaire très onéreux qui, même s’il demeure inutile, permet aux élites corrompues de récupérer de l’argent dans les appels d’offres » reprend-il.
Alors que le gouvernement incite à débusquer les pyromanes, la population de Larbaâ Nath Irathen sur les hauteurs de Tizi-Ouzou, a arrêté un individu qui aurait été surpris en train d’allumer un feu, rapporte le média TSA Algérie ce mercredi. Selon des sources locales, le pyromane présumé a été poursuivi par un groupe de jeunes qui l’a appréhendé et remis à la police. Une foule nombreuse aurait accompagné le fourgon de police jusque dans la cour du commissariat. L’homme s’est alors retrouvé entre les mains d’une foule qui l’a lynché à mort. La complicité de la police n’est pas à exclure. « La propagande du pouvoir chauffe à blanc la population » relève notre observateur.
L’AIDE DE LA FRANCE
Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nombreux témoignages ont été diffusés sur les réseaux sociaux affirmant qu’il était venu de Miliana pour participer aux opérations de lutte contre les incendies. Aurait-il été injustement tué par une foule déchaînée ?
Pendant ce temps, la France a décidé d’aider l’Algérie dans sa lutte contre les flammes. Emmanuel Macron a annoncé mercredi l’envoi de Canadairs sur place dans un message Twitter. Le Maroc a fait de même.
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