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Le sort des Français arrêtés en Syrie apparaît plus complexe.
Des centaines de Français, dont de nombreuses femmes et enfants, membres du groupe Etat islamique sont détenus en Irak et en Syrie. Leur rapatriement fait débat. La question du sort des personnes qui ont rallié les rangs des terroristes islamistes en Irak et en Syrie divise. Celui des femmes, et surtout des enfants, inquiète leurs proches.
Une débâcle loin de signifier la mort de l’idéologie mortifère et obscurantiste du groupe terroriste mais qui, à court terme, pose la question du devenir de ses combattants étrangers, et notamment des centaines de Français qui ont gagné ses rangs. Si certains s’efforcent de rejoindre de nouvelles terres de djihad, d’autres sont capturés. Des cohortes de prisonniers au sein desquels figurent de nombreuses femmes et enfants. Selon le ministère de l’Intérieur, sur les 700 Français adultes encore sur zone, on dénombrerait 300 femmes. Un chiffre auquel il faut ajouter 500 mineurs de moins de 15 ans.
Après la chute de Raqqa, le fief syrien de Daech, une vingtaine de familles ont envoyé un courrier au président de la République pour plaider en faveur du rapatriement des femmes et des enfants en France. « Il n’est pas question de minimiser la responsabilité de nos filles qui se sont laissées manipuler, mais simplement de rappeler à notre mère patrie qu’elle ne doit pas rejeter ses enfants, même égarés », peut-on lire dans cette lettre.
Pour ces proches, l’objectif est double : éviter un procès en Syrie ou en Irak, deux pays où la peine de mort est appliquée, et récupérer les enfants. Juridiquement en tout cas, le conflit syrien n’engageant pas deux Etats, les détenus ne peuvent prétendre au statut de prisonniers de guerre.
Le gouvernement refuse un rapatriement général. « Pour les femmes et les enfants, ce sera du cas par cas ». Ainsi, pour tous les captifs retenus en Irak, la France s’en remet à la pleine souveraineté de Bagdad. « Nous reconnaissons la compétence des tribunaux irakiens », plaide le président de la République. La position de l’exécutif semble tranchée.
Rapatriement des Français de Daech : la question qui divise. Le sort des Français arrêtés en Syrie apparaît plus complexe, compte tenu de la multiplicité des belligérants et de la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Damas. « Si des ressortissants français combattants sont présents sur le territoire syrien et faits prisonniers, un signalement est effectué auprès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) », avait précisé le 30 octobre la ministre des armées, Florence Parly. « No comment, confie-t-on au sein de cette organisation neutre et indépendante. Nous avons entamé des discussions en Syrie, mais la situation est trop compliquée pour que nous donnions des détails à ce stade. »
Le 15 octobre, Florence Parly avait jeté un pavé dans la mare en révélant crûment la position des autorités : « Si des djihadistes périssent dans ces combats (NDLR : à Raqqa), je dirais que c’est tant mieux », avait-elle plaidé sur Europe 1. Quelques jours plus tard, sans nommer la France mais dans une allusion très claire, un des dirigeants du CICR avait reproché le discours « déshumanisé » tenu par certains États à l’égard des combattants étrangers. Dans leur courrier envoyé à l’Elysée, les familles des Français encore sur zone ont volontairement ciblé leur communication sur les femmes et les enfants. « Sur les hommes, on sait que nous sommes totalement inaudibles », admet une mère de famille.
Que faire des enfants égarés du groupe terroriste Etat islamique ? Il est d’autres ruines que celles de Palmyre que l’Etat islamique laissera derrière lui. Celles des jeunes générations, des enfants, ces « innocentes victimes de la guerre ». Le « New York Times » pose la question du retour sur le Vieux Continent des enfants nés de parents européens, ayant rejoint les rangs de Daech. Quelle attitude adopter face à cette jeunesse apatride dont « aucun pays ne reconnaît les certificats de naissance » ? Pour la journaliste Charlotte McDonald-Gibson, les gouvernements des pays européens négligent l’importance de l’intégration des jeunes populations dont les géniteurs ont fait le djihad.
Focalisées sur la « sécurité de l’Etat » à court terme, les autorités font fi du nécessaire accompagnement des enfants traumatisés, de retour en Europe. Le principal enjeu sécuritaire demeure la surveillance des anciens djihadistes, susceptibles de conduire de nouvelles attaques. « Les enfants récupérés sur les champs de bataille ne sont simplement pas une priorité », assure la journaliste.
Pourtant, c’est toute leur éducation qui est à refaire, des mathématiques jusqu’au comportement en société. « Ces enfants ont été témoins de viols, d’actes de torture, de meurtres – et y ont même participé de force », énumère-t-elle. Le quotidien new-yorkais appelle à l’intervention des pouvoirs publics pour garantir le retour à « une vie normale » pour ces enfants. Outre l’école, ils ont besoin d’un suivi psychologique. Cela implique de réels objectifs publics de formation des personnels. Une urgence d’autant plus pressante que les parents, binationaux ou condamnés à des peines de prison, laisseront leur descendance parfois sans autres repères que l’Etat et l’école.