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Une résolution « condamnant l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien » a été déposée à l’Assemblée nationale par des membres de la Nupes en juillet 2022. La Licra publie l’adresse envoyée ce lundi 25 juillet à la présidente de l’Assemblée nationale, Madame Yaël Braun-Pivet.
Adresse de la Licra à
Madame Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale,
Mesdames les vice-présidentes,
Monsieur le vice-président,
Mesdames les députées,
Messieurs les députés,
Des parlementaires ont déposé une proposition de résolution qui prétend condamner « l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ».
La Licra y constate une tentative d’instiller au sein de la représentation nationale, et donc au cœur même de notre démocratie, des thèses mensongères qui, en criminalisant un État, ne font qu’exprimer, sous une forme déguisée, un antisémitisme réel.
En tentant de légitimer la haine à l’égard de l’Etat d’Israël, présenté comme une collectivité juive, l’inspiration antisémite de ce texte constitue un véritable danger pour la Nation française.
Cette adresse est destinée à dénoncer et condamner avec force un texte dont l’antisémitisme est caractérisé par :
- les attaques obsessionnelles et exclusivescontre Israël, inspirées depuis de nombreuses années d’un discours issu des mouvements les plus extrémistes et les plus radicalement hostiles à cet État ;
- la confusion intellectuelledont ce texte est imprégné, faisant disparaître toutes nuances historiques, politiques, géopolitiques ou encore juridiques, dans le seul but de présenter Israël comme une collectivité juive fondamentalement criminelle ;
- laméconnaissance profonde de l’histoire qui fait avaliser par les signataires la thèse mensongère d’un « apartheid » israélien, dévoyant la réalité dramatique du régime raciste et persécuteur au pouvoir en République d’Afrique du Sud de 1948 à 1991 ;
- l’usage des expressions « groupe racial» ou « groupe ethnique », qui procèdent d’une essentialisation racialiste de l’appartenance nationale et de fait réhabilite la notion de « race juive » ;
- le déni de citoyennetéaux plus de deux millions de non juifs de l’État d’Israël, religieux ou non, constituant les populations arabes, tcherkesses, turkmènes, abyssiniennes, coptes ou maronites et qui jouissent effectivement, en tant que citoyens, des mêmes droits que les israéliens juifs au sein de cette démocratie parlementaire ;
- la mise au banviolente et absolue de la seule démocratie parlementaire de la région, au risque de compromettre les initiatives de paix dans lesquelles sont engagés de multiples organisations et États, dont la France ;
- l’intention de souffler sur les braises d’un conflit dont on sait les répercussions violentesau sein même de la société française, dans un contexte marqué, depuis plusieurs années, par le terrorisme et la montée spectaculaire des actes et des crimes antisémites ;
- la volonté appuyée de porter atteinte à la cohésion nationaleen divisant les Français et en mettant à mal le principe d’une « République indivisible », inscrit à l’article 1er de la Constitution.
Les représentants de la Nation sont les garants de l’héritage des Lumières et ont à ce titre des responsabilités essentielles.
L’universalisme doit demeurer l’horizon unique d’une chambre parlementaire qui sert l’intérêt général, protège les libertés et crée les conditions de la fraternité, en faisant catégoriquement barrage à l’antisémitisme.
C’est pourquoi nous sollicitons une réponse républicaine pour qu‘en cette institution, la dignité et l’éthique de la parole publique évite un débat déshonorant que d’aucuns souhaiteraient nous imposer.
Au nom de la ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme,
Mario Stasi
Président de la Licra