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Comment les étudiants et lycéens voient la laïcité ?
Le concept de laïcité est de manière récurrente au centre de nombreuses polémiques. Mais pour les lycéens, comme pour les étudiants, la question religieuse appartient au domaine privé et doit le rester. Un constat inquiétant pour certains qui craignent une mauvaise compréhension de ce principe.
“On peut très bien être pratiquant et respecter les valeurs de la République”. Pour Apolline, étudiante en histoire de l’art à Paris (75), c’est même une évidence. Engagée dans l’association JEC (jeunesse étudiante chrétienne), elle s’interroge souvent sur la manière dont la société perçoit les croyants. “On a toujours l’impression qu’il y a un décalage, que la religion serait incompatible avec la République , et pourtant non, on peut très bien croire et respecter la laïcité.”
En s’engageant à la JEC, elle souhaitait “faire vivre les valeurs chrétiennes”, à travers des actions pour la communauté – récolte de dons de nourriture, parrainage d’enfants au Bénin etc. – et non “convertir les masses !” “Ma religion relève du domaine de ma vie privée. Parler constamment de laïcité crée beaucoup de tensions inutiles qui pourraient être évitées par le dialogue “, estime la jeune femme.
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“Les lycéens n’ont pas de problème avec la laïcité”
En décembre 2021, un sondage Ifop pour la Licra révélait que près de 40% des 1.000 lycéens sondés estimaient que les règles de leur religion étaient plus importantes que les lois de la République et que plus de la moitié avaient déjà vu un enseignement contesté au cours de leur scolarité.
Dans un communiqué, la Vigie de la laïcité, association qui émane des anciens responsables de l’Observatoire de la laïcité, reconnaissait que “les difficultés qui ont trait à la laïcité sont une réalité dans les lycées français” tout en déplorant les “nombreux biais” qui entachaient une enquête menée sur un panel trop peu fourni “pour être fiable d’un point de vue statistique”. Elle demandait davantage de moyens pour l’enseignement et la formation et moins de stigmatisation, portée essentiellement “sur les lycéens musulmans”.
“Les lycéens n’ont pas de problème avec la laïcité”, considère Colin Champion, président du syndicat la Voix lycéenne, qui voudrait qu’il y ait davantage de réflexions “sur ce que veulent dire les valeurs de la République pour les jeunes”.
“Le débat n’est pas permis autour de la laïcité, juge-t-il. Quand on nous en parle, c’est sous forme d’un discours qu’on nous assène et pas d’un échange. ” Il regrette que ces polémiques récurrentes autour de la thématique “empêchent de parler des sujets qui préoccupent réellement les jeunes : la précarité, la justice sociale, le climat”.
Une indifférence face à la question religieuse
Camille est en L1 LEA (langues étrangères appliquées) à l’université de Grenoble (38). Selon elle, au lycée, “il n’a jamais été question de la laïcité. C’était comme déjà acquis”. Et elle se souvient de certaines lycéennes, qui se dévoilaient avant de passer les portes de l’établissement. “À la limite, c’est moins hypocrite à la fac, elles ont le droit de venir comme elles le veulent sans que ça pose de problème. “
Elle observe que les jeunes “sont peut-être plus tolérants, et veulent faire en sorte que tout le monde se sente à l’aise quelles que soient les croyances “. Si la jeune femme se dit athée, elle fréquente des étudiants d’autres confessions, “et c’est très rarement un sujet dont on parle”. Toutefois, elle aurait aimé que dans son cursus scolaire, la question religieuse soit davantage abordée, “car c’est une façon aussi de comprendre les autres”.
Cyril, lui, est catholique pratiquant, et étudiant en M2 de gestion à Besançon (25). Pour lui non plus, la laïcité n’est pas vraiment un sujet de prédilection dans le cadre de ses études. “Avec les autres étudiants, on parle plutôt de nos difficultés, de nos études, que de ce en quoi on croit, explique-t-il. Mais c’est sûr que si je croise un autre croyant, cela crée un certain sentiment de proximité.”
Pour lui, le fait d’être essentiellement “entourés d’athées” ne crée pas un environnement propice à la discussion religieuse , qu’il réserve donc à sa sphère personnelle. “En revanche, cela peut devenir un sujet dans des pratiques quotidiennes qui se voient. Par exemple, si on va manger avec d’autres personnes, on va faire attention à ce qu’ils puissent trouver des choses qui conviennent à leurs pratiques. C’est une question de bien-être, mais cette attention est parfois prise comme une radicalité religieuse .”
Car pour Cyril – comme pour Camille – il est totalement normal de prendre en compte “les sensibilités de chacun”, “et ce n’est pas contre la laïcité”. “Il faut se rendre compte que sur les campus, hormis quelques cas isolés, il règne plutôt un désintérêt, une indifférence à la question religieuse . On ne voit pas la laïcité comme un acquis à protéger. “
Un concept mal compris des jeunes ?
Et c’est ce qui inquiète Iannis Roder, directeur de l’Observatoire de l’éducation de la fondation Jean Jaurès et membre du Conseil des sages de la laïcité. L’enseignant regrette une forme de naïveté face à “l’entrisme religieux” qui vise les établissements scolaires et n’est pas étonné de cet effet générationnel dans la vision de la laïcité, qui reste “mal comprise” par les jeunes et est souvent confondue avec la tolérance. “Nous n’avons pas transmis ni expliqué le concept de laïcité et les enjeux afférents”, regrette-t-il.
La laïcité, si elle permet à tous de pratiquer librement son culte, donne également “la possibilité de s’émanciper” de son milieu d’origine. Or, la loi de 2004, qui interdit le port de signes religieux ostensibles à l’école, “est perçue comme liberticide alors même qu’elle offre cette liberté. Une fois l’école terminée, chacun est libre de pratiquer. La laïcité ne demande pas l’adhésion, elle propose et l’élève dispose”, estime-t-il.
Iannis Roder en appelle à une meilleure formation des enseignants pour expliquer les enjeux de la laïcité . “Dans la discussion avec les élèves, il est possible de faire comprendre que la laïcité ne vise absolument pas à empêcher quiconque de croire, mais fait la promotion de la liberté de tous.”