L’année 2022 marque les 60 ans de l’indépendance de l’Algérie. Deux générations se sont succédé et pourtant, ce qui s’est joué pendant cette période coloniale n’en finit pas de façonner la société et la scène politique française, comme en témoignent certaines initiatives prises par le président Emmanuel Macron et les débats qu’elles ont suscitées des deux côtés de la Méditerranée. La prédominance des thématiques relatives à l’islam et à l’immigration, la mobilisation du gouvernement contre la « décolonisation des savoirs » en disent long aussi sur la pérennité d’un imaginaire hérité de la colonisation en général, et de celle de l’Algérie en particulier.
Trop souvent, la colonisation française en Algérie est réduite à « la guerre d’Algérie » (1954-1962), reléguant au second plan deux siècles d’histoire, tout ce qui a eu lieu depuis la conquête de 1830. C’est le retour le plus vaste possible, faute d’être le plus exhaustif, sur la période allant de 1830 à 1962 que souhaite présenter Orient XXI à travers ce dossier sur l’Algérie, lancé à l’occasion du 60e anniversaire des accords d’Évian, et qui sera nourri au fil des mois qui viennent.
Dans le souci d’avoir un large éventail de contributeurs et de contributrices qui traitent des multiples facettes de cette période, nous faisons appel à des historiens de France, d’Algérie et d’ailleurs, qui remettront en lumière des aspects parfois méconnus de cette histoire coloniale, et tisseront des liens que l’on ne soupçonne pas toujours entre la lutte du peuple algérien et celles d’autres populations à travers la planète.
Il s’agit également de l’histoire de la France, de ses institutions républicaines, de sa police et de son rapport au fait religieux musulman, qu’il convient d’approcher pour mieux comprendre ce qui s’est joué pendant les 132 ans de colonisation, en Algérie comme en France, et qui continue à peser dans la vie politique et intellectuelle.