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Comment oublier le merveilleux accueil de l’Algérie ?
Comment ne pas être bouleversés par cette célébration du 8 décembre 2018 unissant nos 19 martyrs aux 200 000 victimes algériennes de la décennie noire ? Comment être porteurs de ce message de fraternité sans frontières ? Ces martyrs sont des témoins d’une Espérance à vivre aujourd’hui.
Le drame traversé par l’Eglise d’Algérie mêlant son sang à un peuple meurtri et qui l’aime a pris des dimensions planétaires. Le signe d’Oran, ce sont les extraordinaires rencontres vécues au long de ces trois journées entre Oran, Tibhirine et Alger. Témoignages tout simples, du coin de la rue, avec des anonymes qui tous ont eu des proches tués ou disparus, sont heureux de trouver en nous des croyants et qui rêvent d’un monde où ensemble nous puissions être, contre les fondamentalismes à l’origine de tant de violence, des artisans de paix et de justice.
Le signe d’Oran, ce sont, parmi d’autres, deux images inoubliables. Celle des mains étroitement liées l’une à l’autre de la soeur de Mgr Claverie et de la mère de Mohamed Bouchiki, qui revivent dans ce lien d’âme à âme, l’amitié de Pierre et Mohamed tués ensemble le 1er août 1996. L’autre image de rêve, c’est aussi celle de Tayeb, le fils de Mohamed, au milieu de la famille de Christian, renouant ainsi une amitié vécue jusqu’au don de sa vie par « l’ami parti devant » le 8 novembre 1959 et retrouvé grâce à Fadila Semai. Le signe d’Oran, ce sont ces retrouvailles à Tibhirine entre le Père Jean-Pierre, dernier survivant des moines et les hommes du village. Etreintes longues et lumineuses : « Nous attendions ce jour depuis 20 ans, nous l’avons revu et il nous a revus ! … »
Puis, moments comme suspendus : Youssef et Samir conduisant avec tant de respect et de tendresse Jean-Pierre sur les tombes et s’arrêtant sur chacune pour redonner vie à chaque frère à travers leurs silences habités et leurs quelques mots et anecdotes échangés.
Cette béatification extraordinaire, célébrée dans l’émotion et la simplicité, nous a donné à voir un signe plein d’A-venir sur les belles pages à écrire entre la France et l’Algérie, par-delà les drames du passé, dans l’esprit de ces amitiés qui sont allées de part et d’autre jusqu’au don de leur vie.
De même cette béatification inédite en terre d‘islam donne un éclairage saisissant sur l’émulation spirituelle vécue dans le respect mutuel entre l’Eglise d’Algérie et le peuple algérien et sur une relation placée si naturellement dans un esprit de service.
Plus globalement, cette béatification de la rencontre donne un message plein d’espoir à tous « les frères en humanité » croyants ou incroyants : quand les murs tombent, les bâtisseurs de paix peuvent construire des ponts.
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