Suite aux nombreuses protestations contre la fermeture inopinée des comptes bancaires de nombreuses mosquées et d’associations musulmanes, désignées comme de « l’apartheid bancaire », le FORIF nous informe d’une rencontre à venir entre une délégation du Forum de l’Islam en France et des représentants de la Fédération bancaire .
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Cette annonce a été faite suite à une une réunion de groupes de travail du Forif consécutive à la colère de nombreuses mosquées qui se sont vues, sans raison apparentes, fermer leurs comptes bancaire. Cette réunion avait également pour objectif de recenser les avancées au sein de cette structure née début février sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et destinée à faire travailler « acteurs de terrain », personnalités et représentants du bureau des cultes au ministère sur plusieurs sujets touchant à la structuration du culte musulman.
Parmi les points « actés » : « une délégation du Forif va rencontrer la FBF », a déclaré à l’AFP Anouar Kbibech, président du Rassemblement des musulmans de France, et ex-président du Conseil français du culte musulman, qui y participait. Ce rendez-vous « va se faire bientôt, très rapidement, l’idéal étant que ce soit avant l’été, car la tension monte dans les lieux de cultes qui se voient fermer leur compte bancaire », a-t-il ajouté.
Début juin, le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) avait dénoncé la fermeture des comptes de dizaines d’institutions musulmanes du département et de leurs « bienfaiteurs », évoquant un « apartheid bancaire » qui dure selon lui depuis plusieurs années. M. Darmanin avait ensuite écrit au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, pour qu’il favorise le « dialogue ». Formulation qui avait étonné nombre de responsables de musulmans qui considèrent que le problème ne relève pas du dialogue mais qu’il s’agit de procéder l’arrêt pur et simple et immédiat d’une forme de discrimination dont les associations musulmanes sont victimes de la part des autorités françaises.
Selon Anouar Kbibech, la réunion à laquelle étaient présents quelque 50 participants – parmi lesquels le bureau des cultes et le conseiller culte de la Première ministre – a proposé le lancement d’« une consultation nationale des imams », afin de « connaître leurs besoins, leurs attentes, leurs propositions par rapport à leur statut et leur formation ».
Devrait également être créé « un conseil national de l’aumônerie musulmane qui aura pour prérogative la nomination des aumôniers nationaux et régionaux » (prisons, armée, hôpitaux).
M. Kibkech annonce également que, comme évoqué en février, « une structure nationale, interlocutrice des pouvoirs publics, sera mise en place sur les actes anti-musulmans », « Elle fera l’état des lieux dans les territoires », précise-t-il.
Est en « préparation » l’édition d’un « guide sur la gestion des finances » à destination des associations cultuelles, qui permettra de clarifier leur statut et leurs activités, conformément à la loi « contre le séparatisme » adoptée en 2021. Enfin, sur le calendrier, la quatrième édition « d’assises départementales » est prévue à l’automne, avec « les acteurs de terrain, autour des préfets », selon l’ex-président du CFCM. Ce qui permettra de préparer une « deuxième rencontre plénière solennelle du Forif au printemps 2023 », a-t-il ajouté. Ce nouveau format de dialogue permettra aux pouvoirs publics de tourner la page du CFCM, qui était depuis 2003 leur interlocuteur privilégié, mais était miné par des luttes intestines.
Reste à savoir si tout cela n’est pas une nouvelle tactique pour endormir, dans un nuage de promesses floues, les acteurs de l’islam de France, afin qu’ils se laissent plus facilement manoeuvrer par un gouvernement qui persiste à considérer les musulmans français comme une population exogène. On souhaite se tromper…