Vues:
239
17 janvier 2022
L’état calamiteux de la France doit absolument être masqué par le covid. C’est ce à quoi a intérêt Macron, car l’état de la France est au plus mal, et il pourrait empirer avec la hausse des taux qui rendrait la dette de la France insupportable. Le covid ne sera qu’une plaisanterie face à la crise économique qui pointe. Aussi il doit retardé sa candidature au maximum pour éviter de parler de son bilan.
Dette, chômage, impôts, illettrisme… La vérité sur l’état de la France par Agnès Verdier-Molinié.
Agnès Verdier-Molinié, née le 26 décembre 1978 à Talence, est une lobbyiste de droite libérale, essayiste et figure médiatique française.
Dans un essai incisif à paraître le 19 janvier, Agnès Verdier-Molinié dénonce le grand décrochage de la France. Entretien avec la directrice de la Fondation Ifrap et extraits, en avant-première, de son livre Le vrai État de la France.
À force de repousser sans cesse les réformes, de dépenser sans compter et de s’endetter comme jamais, la France est en train de décrocher par rapport aux autres pays de taille comparable, prévient Agnès Verdier-Molinié qui dénonce l’omerta régnant sur l’état véritable de notre pays à l’approche de l’élection présidentielle. Voilà des années que la directrice de la Fondation Ifrap tire la sonnette d’alarme. En vain, même si les politiques en mal d’inspiration sont de plus en plus nombreux à venir consulter ce think tank libéral qui n’a de cesse de mettre en évidence les failles des administrations, les travers des politiques publiques, le poids des impôts qui décourage d’entreprendre, d’investir voire de s’enrichir en France.
Au fil de son diagnostic, Agnès Verdier-Molinié pointe, chiffres à l’appui, d’autres écueils qui sont, pour elle, autant de signes annonciateurs du déclin de la France : le développement de la pauvreté, le sentiment croissant d’insécurité, le nombre toujours plus inquiétant de laissés-pour-compte du système éducatif, l’essor de l’économie parallèle et de la fraude, la perte de contrôle des flux migratoires… Malgré tout, Agnès Verdier-Molinié garde l’espoir, confiante dans l’avenir et les capacités de notre pays. Mais « c’est maintenant qu’il faut faire le job», prévient-elle, soufflant au passage quelques pistes de réformes à celui ou celle qui, dans quelques mois, dirigera la France.
LE FIGARO. – Dans votre livre, vous dressez un portrait sombre de l’état de la France. Ne craignez-vous pas de jouer les cassandres ?
Agnès VERDIER-MOLINIÉ. – Tout indique malheureusement que la France est en train de décrocher des pays cœur de la zone euro. Notre pays est engagé dans une sorte de fuite en avant. Il est devenu celui qui dépense le plus, taxe le plus, emprunte le plus sans pour autant parvenir à faire baisser durablement la pauvreté, le chômage ou encore le sentiment d’insécurité qui mine le quotidien des Français. L’inquiétude monte chez un certain nombre de responsables, notamment parmi les grands patrons. Si nous ne réagissons pas, nous risquons de devenir le maillon faible de l’Europe. Les Français ont le droit de savoir. Ils doivent pouvoir aller voter en connaissance de cause. C’est pour eux que j’ai écrit mon livre, qui se veut un audit réaliste et précis de l’état de la France, mais aussi un appel au sursaut.
Pourtant, tout n’irait pas si mal selon le gouvernement : la croissance est repartie, le chômage a baissé…
Une sorte de brouillard masque la situation économique réelle de notre pays. À entendre certains ministres, la crise serait déjà derrière nous, le pouvoir d’achat n’aurait jamais autant grimpé depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la croissance serait la meilleure de tous les pays d’Europe, le chômage serait maîtrisé et les impôts n’auraient jamais autant baissé. Bref, nous serions sur le point de vivre une reprise digne des Trente Glorieuses ! Il est clair qu’à l’approche de l’élection présidentielle, nous sommes entrés dans la phase de « préparation de la mariée ». La réalité est cependant bien différente. Les presque 7% de croissance en 2021, dont le gouvernement s’enorgueillit, correspondent en partie à de la croissance dopée à la dépense publique, financée à crédit par de la dette. Il ne s’agit pas d’une croissance pérenne fondée sur de l’investissement.
Souvent, on découvre ce qui a été mis sous le tapis après l’élection
Agnès Verdier-Molinié
Et qu’en sera-t-il en 2022 ? Nous ne sommes même pas certains de pouvoir compter sur les 4% de croissance sur lesquels table le gouvernement. La Banque de France ne vient-elle pas de réviser ce chiffre à 3,6% ? Tout cela me fait penser à ce qui s’est passé avec le Conseil d’orientation des retraites, lors de la précédente élection. En juin 2016, on nous assurait qu’il n’y avait plus aucun problème de financement des pensions, que tout était réglé ou presque. Et un an plus tard, en juin 2017, on apprenait que le déficit des retraites se situerait entre 10 et 30 milliards d’euros par an d’ici à 2030 ! Souvent, on découvre ce qui a été mis sous le tapis après l’élection.
Denis Olivennes, qui a lu votre livre, y voit un réquisitoire contre Emmanuel Macron. Est-ce le cas ?
Il se trompe : mon livre ne cherche à accuser personne, ni à trouver un bouc émissaire. C’est un diagnostic fondé sur des faits, des constats, des chiffres. Il se veut le plus objectif possible. Comme je le montre dans le livre, la responsabilité est largement partagée : politiques, gestionnaires publics, syndicats… Toutefois, il faut bien admettre que, durant ce quinquennat, la France ne s’est pas réindustrialisée comme il aurait été urgent de le faire et qu’elle s’est plus endettée que la plupart de ses voisins.
Quant aux impôts, s’ils ont baissé pour certains contribuables et surtout pour les entreprises, cela risque de ne pas durer longtemps. Les dépenses publiques ayant atteint des niveaux stratosphériques, sans réformes de fond, on perpétuera les mêmes erreurs : les financer par du déficit, de la dette et, in fine, une fiscalité plus lourde.
La déception est grande également en ce qui concerne les réformes. Celle des retraites reste à faire, tout comme la cure d’amaigrissement qui nous avait été promise dans la fonction publique. Où sont les 120.000 suppressions de postes annoncées ? Entre 2017 et 2022, les dépenses de personnel du secteur public auront dérivé de plus de 22 milliards !
À la décharge d’Emmanuel Macron, il faut bien reconnaître que la situation n’était pas reluisante lorsqu’il est arrivé à l’Élysée.
C’est vrai, la France était déjà la championne du monde des prélèvements obligatoires et de la dépense publique en 2017. La chute du nombre d’emplois dans l’industrie ne date pas d’hier, mais a commencé dans les années 1980, tout comme celle du nombre d’heures travaillées par les Français. La France traîne un certain nombre de difficultés et de pesanteurs qui se sont accumulées au fil des décennies. Tout a commencé après-guerre, avec l’instauration d’un statut de la fonction publique d’État et l’octroi d’un pouvoir très important aux syndicats. Cela a continué avec la mise en place de la retraite à 60 ans et du statut de la fonction publique territoriale et hospitalière sous François Mitterrand ou encore les 35 heures sous Lionel Jospin…
Comment espérer une prospérité économique dans le pays qui travaille le moins par habitant ?
Agnès Verdier-Molinié
Faut-il s’étonner, après, que la France travaille 7 milliards d’heures par an de moins que la moyenne des pays comparables ? Comment espérer une prospérité économique dans le pays qui travaille le moins par habitant et où l’absentéisme bat tous les records avec en moyenne 25 jours d’absence par an dans le secteur public et 17 dans le privé ?
La crise sanitaire a-t-elle accéléré le décrochage de la France ?
La France est l’un des pays européens qui a le plus stoppé son économie en raison de la pandémie. C’est un choix qui s’est révélé très coûteux. Quand les Allemands faisaient tourner leurs usines, beaucoup, en France, étaient à l’arrêt. En 2020, la création de richesse française a chuté de 7,9% ; c’est beaucoup plus qu’en Allemagne (- 4,6%), aux Pays-Bas (- 3,8%), au Danemark (- 2,1%)… Mais je crois que c’est surtout dans les esprits que les conséquences de ce choix seront les plus lourdes. En optant pour la mise à l’arrêt de l’économie française et une politique d’open bar en matière de dépenses publiques, le gouvernement a profondément contribué à la dévalorisation de la valeur travail. L’idée est désormais solidement ancrée dans les esprits que l’État peut tout payer pour les entreprises ou les salariés en chômage partiel.
Le poids de l’endettement de notre pays est-il préoccupant ?
C’est l’un des sujets les plus inquiétants pour l’avenir. À 2950 milliards d’euros, la dette publique française, qui représente désormais 114% du produit intérieur brut (PIB), atteint un niveau inégalé dans l’histoire de la Ve République. Et nous allons devoir continuer à emprunter dans les années à venir, à hauteur de 1 milliard d’euros par jour, pour faire « rouler » la dette, c’est-à-dire ne pas rembourser le capital emprunté sur les marchés quand sonne l’heure de l’échéance. Notre dette – dont la Chine détient entre 200 et 300 milliards d’euros, ce qui, au passage, nous place dans une embarrassante situation de dépendance ! – va devenir notre croix et celle des générations qui suivront ! Sans compter qu’au premier mouvement sur les taux d’intérêt, la situation va se corser. La France risque de payer cher sa politique du «quoi qu’il en coûte ».
Nous sommes aujourd’hui le premier emprunteur de la zone euro
Agnès Verdier-Molinié
Beaucoup d’autres pays se sont endettés pour faire face à la crise…
Aucun de nos partenaires européens ne se trouve aujourd’hui avec plus de 700 milliards de dette en plus en cinq ans. Nous sommes aujourd’hui le premier emprunteur de la zone euro. Sans l’action de la BCE, qui rachète nos dettes, nous serions dans une situation financière dramatique. Certes, même des pays habitués à une gestion parcimonieuse des deniers publics ont ouvert les vannes pour soutenir leur économie, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas. Mais, outre-Rhin, la dette culmine à 69,2% du PIB. Les Allemands se sont proportionnellement moins endettés que nous face à la pandémie, mais surtout ils étaient moins endettés au départ, avant que la crise sanitaire ne surgisse.
Notre économie aurait été plus forte pour affronter la crise si les réformes promises par Emmanuel Macron avaient été engagées durant les 100 premiers jours qui ont suivi son élection. Or, les premières décisions du président de la République ont consisté à repousser la réforme des retraites, puis à enterrer le rapport CAP 2022 supposé chiffrer les économies à réaliser sur les dépenses publiques. Il n’y avait pas la volonté de remettre au carré les missions de l’État et d’assainir la gestion des finances publiques.
Vous montrez que la France ne parvient pas à lutter contre la pauvreté, l’illettrisme, l’insécurité… Est-ce le signe d’un décrochage ?
Un jeune sur 10 ne lit pas correctement, un sur 20 est illettré. Voilà des chiffres qui étonnent dans un pays qui dépense autant d’argent pour l’éducation de sa jeunesse. C’est bien le signe que quelque chose ne fonctionne pas, ou plus, dans notre système éducatif dont 100.000 jeunes sortent chaque année sans aucun diplôme !
En matière de lutte contre la pauvreté, la situation est là aussi inquiétante: la France compte 27.000 sans-abri et 300.000 sans domicile fixe. Est-ce normal dans un pays où les dépenses sociales représentent 32% de la richesse nationale?
En ce qui concerne l’insécurité, les statistiques montrent clairement une aggravation de la situation, comme si l’État se révélait de plus en plus impuissant face à la montée des crimes et délits, le développement des zones de non-droit et de l’économie grise qui représente l’équivalent de 11% du PIB, mais aussi l’immigration clandestine. La France compterait environ 500.000 illégaux dont un grand nombre travaillent de façon non déclarée, soit sur des emplois classiques, soit sur des jobs précaires issus d’activités illégales. C’est beaucoup plus qu’en Allemagne par exemple, où ils sont environ 354.000 illégaux. Mais comment en serait-il autrement alors que la France ne maîtrise pas ses flux migratoires et qu’elle ne fait pas respecter les décisions de retour aux frontières? Sur 122.839 obligations de quitter le territoire français (OQTF) prononcées en 2019, seulement 18.906 ont été appliquées.
Un sursaut français est-il possible?
J’en suis convaincue, mais c’est maintenant qu’il faut faire le job. Après, il sera trop tard. La France est à la croisée des chemins. Pile, elle continue à décrocher et se laisse encore plus distancer par les Allemands, les Néerlandais, les Suédois, les Danois, ou qui que ce soit d’autre en Europe. Face, elle redresse la barre et retrouve son rang de grande puissance.
Les mesures à adopter sont simples. Elles se résument à trois grands principes. 1) Travailler plus et plus longtemps, notamment en reculant l’âge de la retraite à 67 ans progressivement jusqu’en 2030 et en supprimant les majorations sur les heures supplémentaires jusqu’à 40 heures par semaine. 2) Équilibrer les comptes de la nation, en baissant les dépenses publiques entre 80 et 100 milliards d’euros et les impôts de 60 à 70 milliards à l’horizon 2030. L’effort à faire n’a rien d’impossible: il a été accompli avec succès par certains de nos voisins du nord de l’Europe. Si la France était dans la moyenne de la zone euro, elle dépenserait 262 milliards d’euros de moins par an et taxerait pour 155 milliards de moins les Français et leurs entreprises. 3) Enfin, autre urgence: il faut faire respecter les lois, rétablir la sécurité et maîtriser les flux migratoires.
Comment le futur président devra-t-il s’adresser aux Français pour leur faire accepter ces réformes?
Il ou elle devra leur parler un langage de vérité, faire preuve de pédagogie, leur redonner l’espoir et l’envie de prendre en main leur destin, de reconstruire la France ensemble. Sans écran de fumée et en étant clair sur les défis qui nous attendent. La principale qualité à attendre du futur chef de l’État sera de savoir créer des consensus. Rien ne sert de monter les Français les uns contre les autres.
Extraits
23e rang mondial pour la richesse par habitant
On l’a tous appris à l’école, la France est la 5e ou 6e puissance mondiale. En richesse totale, ce que l’on appelle le produit intérieur brut (PIB). Oui, mais par habitant? C’est une tout autre histoire: 39.030 euros par habitant de richesse nationale en France… loin derrière l’Allemagne qui est à 46.208 euros. La France n’est plus dans le groupe des sept pays riches de l’Europe du Nord qui sont en moyenne à plus de 63.000 euros de richesse par habitant. […] Si l’on ne prend que les 11 pays historiques de la zone euro de 1999 (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal), seuls l’Italie, l’Espagne et le Portugal sont derrière nous. Au niveau mondial, la France décroche aussi par rapport aux grands pays. […] Dans les années 1980, la France était 11e. Elle est maintenant 23e!