Ancien adhérent de LR (entre 2014 et 2017), Amine Elbahi a fait le choix de rejoindre à nouveau le parti de droite. « Valérie Pécresse est une femme courageuse, j’ai eu envie de la soutenir » justifie-t-il auprès de Marianne. La cause principale de cet engagement demeure la lutte contre l’islamisme : « Certains comme l’extrême droite proposent un choix entre l’Islam et la France (Éric Zemmour avait tenu ses propos en 2016 N.D.L.R). Nous, nous incarnons une autre voie claire, on veut se rattacher à la laïcité et garantir la liberté de culte ».
Certaines failles des soutiens de la candidate ont pourtant été pointées sur les questions de laïcité. Jean-Christophe Lagarde, mis en cause dans le livre d’Eve Sfetzel Les Barbares et la République en fait partie intégrante. Le patron de l’UDI est accusé de clientélisme en Seine-Saint-Denis. Dans cette affaire, le juriste défend une position claire : « Je suis clair, tous les élus qui ont pactisé doivent être rendus démissionnaires par les préfets, il n’y a pas de complaisance avec l’islamisme. Jean-Christophe Lagarde a porté plainte pour diffamation, il est donc innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable. Et si c’est le cas il faudra prendre les décisions qui s’imposent. »
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La candidate des Républicains cristallise néanmoins les critiques de la frange la plus radicale de la droite. Damien Rieu, soutien d’Éric Zemmour, utilise l’expression « islamo droitisime » à l’égard de Valérie Pécresse. « Avec Patrick Karam (Vice-président du Conseil régional
d’Île-de-France N.D.L.R.) elle s’est rapprochée de l’Union des Musulmans du 93. De plus, elle a aussi défendu le voile islamique à l’université » dénonce-t-il.
Des accusations démenties par Patrick Karam dans les colonnes du site d’actualités Atlantico : « A la région Île-de-France, j’ai mis en place le système de formation et d’alerte sur la radicalisation ou sur les atteintes aux valeurs de la République dans le sport. Et j’ai fait appliquer le refus du burkini sur toutes nos îles de loisirs, ce qui nous a valu une plainte du CCIF devant le Défenseur des droits, dont l’adjointe nous a accusés de discrimination et menacés d’une procédure. Mais avec Valérie Pécresse nous n’avons rien cédé. »
MIS EN CAUSE PAR LES SOUTIENS D’ÉRIC ZEMMOUR
Idéalisé, selon ses dires, par l’extrême droite, qui l’a transformé « en idole pendant trois semaines », après la diffusion du reportage, Amine Elbahi semble aujourd’hui cristalliser certaines critiques. « Ils auraient sans doute aimé que je les rejoigne mais on n’est pas sur la même ligne. Je défends la laïcité, ce que je n’ai jamais entendu aux extrêmes » précise-t-il.
Damien Rieu prétend au contraire qu’Elbahi a sollicité Sébastien Chenu pour rejoindre le RN (les deux hommes se connaissent pour avoir milité à l’UMP ensemble). Selon le militant pro-Zemmour, le juriste serait « très instable politiquement ». Le site Fdesouche étaye cette thèse en relayant d’anciens tweets du juriste lors des municipales 2020, où ce dernier apportait son soutien à « Roubaix en commun ». Cette liste est classée à gauche et désignée comme communautariste par le site internet. «Au contraire cette liste était citoyenne, avec des personnalités issues de la droite et du centre comme moi. L’un de nos combats se situait contre l’islamisme donc c’est tout le contraire » défend Amine Elbahi.
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Quant à une éventuelle promiscuité avec l’islamisme, le Roubaisien la balaie d’un revers de main. « J’ai été personnellement blessé par l’islamisme. J’ai dû signaler l’un de mes proches pour radicalisation avant les attentats. Je peux donc parfaitement tenir une ligne républicaine face à l’islamisme. » Une chose est sûre, la future campagne des législatives s’annonce rude pour ce soutien de Pécresse.